mercredi, mai 28, 2025
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Guinée : Corruption et mal gouvernance plombent la transition énergétique

La Guinée essaie de jouer sa partition dans la dynamique d’une transition énergétique juste, équitable et inclusive. Cependant, la société civile considère la corruption et la mal gouvernance comme des obstacles majeurs à dépasser, au préalable.

La République de Guinée dispose de minéraux incontournables dans la transition énergétique. Il s’agit, entre autres, du nickel et de la bauxite qui donne de l’aluminium, essentiel dans l’éolien et le solaire. « Malheureusement, la Guinée fait face à un manque de volonté politique concernant la bonne gouvernance du secteur extractif et la corruption », déplore Amadou Bah, Directeur Exécutif de Action Mine Guinée.

« Nos institutions de lutte contre la corruption sont en déphasage avec les réalités. C’est le cas de l’Agence Nationale de Lutte contre la Corruption et le Ministère des finances ». Il estime qu’il faut « lever l’obstacle institutionnel ». Cette mal gouvernance et la corruption sont les principales entraves à une prise en charge efficace des enjeux de la transition énergétique.

Tout cela est la résultante du « disfonctionnement des institutions en charge du secteur extractif qui ne mesurent pas les enjeux au même titre que la société civile qui se bat pour implanter une gouvernance vertueuse ».

Pour le Directeur Exécutif de Action Mine Guinée, plusieurs réformes envisagées. « Il s’agit, par exemple, de la loi portant sur l’accès à l’information qui est validée mais qui n’est toujours pas appliquée dans notre pays. Les structures désignées ne sont pas mis en place ».

C’est le cas du projet de loi sur la propriété effective. Amadou Bah rappelle que le document est dans les tiroirs depuis 2019 et qu’il n’est toujours pas voté. « Si nous arrivons à lever cet obstacle, nous pourrons amorcer une transition énergétique inclusive, juste et équitable », ajoute le Directeur Exécutif de Action Mine Guinée.

Ndèye Mour Sembène

Mines : Le Groupe Eramet cède Erasteel

La multinationale française annonce avoir finalisé la cession d’Erasteel. Eramet estime vouloir se concentrer sur ses activités minières et métallurgiques.

Eramet a donc cédé à Syntagma Capital, 100% des titres de sa filiale Erasteel qui est acteur majeur dans l’industrie des aciers rapides. L’ensemble des conditions suspensives ont été réalisées, a-t-on appris.

Cette opération marque la finalisation du recentrage d’Eramet sur ses métiers de base, dans la continuité de la cession d’Aubert & Duval survenue en fin avril dernier. Elle permet au Groupe de se consacrer pleinement à son développement dans les métaux critiques de la transition énergétique.

Selon Christel Bories, la Présidente et Directrice Générale du Groupe Eramet, « il était nécessaire d’assurer à Erasteel le meilleur avenir possible ».

Elle dit être convaincue que Syntagma Capital permettra à Erasteel de se développer et de renforcer ses positions de leader mondial sur ses marchés.

« Je souhaite à tous les salariés d’Erasteel un plein épanouissement et une très bonne continuation ».

Mme Bories dira d’Eramet, qu’il est désormais pleinement repositionné sur ses métiers de base, prêt à relever les défis de la nouvelle ère des métaux : « une ère d’aventure, d’opportunités et de croissance, dans laquelle nous ferons de notre Groupe la référence de la mine et de la métallurgie responsables », a ajouté Christel Bories.

Yanda Sow

Ressources minières-Sénégal : CAJUST à Matam pour sensibiliser les communautés

De Kanel à Hamady Ounaré en passant par Ndendory, le Citoyen Actif Pour la Justice Sociale a sensibilisé les populations sur l’exploitation des ressources extractives à travers des sessions de formation

 Dans le cadre de la campagne de l’article 25 de la constitution “Les ressources naturelles appartiennent aux peuples”, une importante délégation dirigée de CAJUST s’est rendue à la gouvernance de Matam, à la préfecture de Kanel, aux mairies de Kanel, Ndendory et de Hamady Ounare, pour mieux faire comprendre aux populations les enjeux réelles de l’exploitations des ressources extractives et le développement économique de leurs localités.  

En effet, les échanges ont porté sur l’exploitation de ressources minières dans la région ainsi que sur les mécanismes de partage des recettes issues de cette exploitation. Les autorités ont salué l’initiative et le plaidoyer de CAJUST pour l’effectivité des Fonds d’appui et de péréquation et du Fond d’appui au développement local. 

Selon ces dernières, ces fonds pourraient contribuer au développement des collectivités territoriales de la région et améliorer les conditions de vie des communautés. 

Transition « juste et équitable » : Publiez Ce Que Vous Payez Sénégal maintient la pression

La Coalition Publiez Ce Que Vous Pays Sénégal poursuit le plaidoyer pour une transition énergétique qui tient compte des intérêts des Etats africains. Elle doit être progressive pour ne pas compromettre les opportunités de développement économiques, du Sénégal, notamment, dans un contexte de découvertes de pétrole et de gaz.

Le  Dr Pape Fara Diallo et ses camarades de la Coalition Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) ne lâchent pas l’affaire. Ils continuent de prôner, avec insistance, une transition juste, équitable et qui tient compte des enjeux de développement des pays africains et surtout du Sénégal. Le Président de l’organisation de la société civile, spécialisée sur la gouvernance du secteur extractif, a défendu, lors de la  9ème édition de la conférence mondiale de l’ITIE, à Dakar, la notion transition progressive.

Pour lui, il est clair que la transition énergétique est irréversible, « mais le débat qui devrait intéresser les pays en développement tels que le Sénégal, c’est comment tirer le maximum de profits de cette transition énergétique, de manière intelligente pour ne pas compromettre ses chances avec ses découvertes d’énergies fossiles ».

Prenant part à la conférence, Dr Papa Fara Diallo, membre du comité scientifique de l’organisation de la conférence ITIE 2023, a réitéré son plaidoyer pour une transition énergétique qui permettrait à nos pays, « d’abandonner progressivement les énergies fossiles et d’aller vers les énergies plus propres à savoir les énergies renouvelables, c’est ça le véritable enjeu ».

La transition juste équitable doit être maitrisée et progressive pour ne pas porter préjudice à l’économie des pays en développement. En même temps, il faut minimiser les externalités négatives des énergies fossiles sur les populations et sur l’environnement. Pour Dr Pape Fara Diallo, c’est cela le défi.

Yanda Sow

Norme ITIE 2023 : Le seuil de propriété effective ramené à 10%

La nouvelle norme de l’ITIE encourage les pays membres à rabaisser le seuil de la déclaration de la propriété effective à 10% ou moins. Le Sénégal avait déjà pris les devants.

La norme ITIE est évolutive, s’améliore avec des modifications et parfois, avec de nouvelles exigences nées des contributions de toutes les parties prenantes. Au cours de sa 9ème conférence internationale tenue au Sénégal, l’organisation a la présenté la nouvelle norme 2023, avec de nouvelles exigences et la modification de certaines exigences.

En effet, l’exigence 2.5 qui demande aux entreprises du secteur extractif de publier leurs bénéficiaires effectifs, a été intégrée depuis le rapport 2019. L’ITIE avait laissé la latitude aux Etats de fixer un seuil à partir duquel, une personne peut être considérée comme propriétaire d’une entreprise.

Conséquences d’une telle décision, certains Etat ont fixé des seuils tellement élevés qu’il est difficile de voir une seule personne détenir autant d’actions, d’autant qu’elle a la possibilité de les fractionner en plusieurs.

Pour corriger, l’ITIE, à travers cette nouvelle norme, encourage l’abaissement du seuil des déclarations des bénéficiaires effectifs des entreprises pétrolières, gazières et minières pour permettre au public d’avoir une vue plus complète de qui bénéficie des ressources naturelles.

La norme ITIE encourage maintenant les pays à adopter un seuil de propriété inférieur ou égal à 10%. Cela signifie que toute personne détenant directement ou indirectement, au moins ce pourcentage d’action dans une société, sera déclarée comme bénéficiaire effective.

Le Sénégal avait déjà anticipé

Les pays doivent demander aux entreprises de divulguer toute personne politiquement exposée (PPE) détenant directement ou indirectement une participation dans une entreprise ; quel que soit le niveau de propriété. Les entreprises sont également encouragées à divulguer leur structure propriétaire afin d’assurer une complète vue d’ensemble des chaines de propriété.

Cette nouvelle recommandation de l’ITIE ne concerne pas le Sénégal. En il faut rappeler que le Sénégal a très tôt senti le danger de placer très haut le seuil. C’est pourquoi le Comité national de l’ITIE en a fait une priorité absolue pour atteindre les objectifs fixés dans la Norme 2019 en son exigence 2. 5 relatives à la divulgation publique.

L’Etat du Sénégal pour sa part a tenu matérialiser cette décision fixant le seuil de propriété des entreprises extractives à 2%. Ainsi des informations concernant les bénéficiaires effectifs des entreprises qui font une demande de licence ou de contrat pétrolier, gazier ou minier, de production ou d’exploration, ou y détiennent une participation directe de l’information devra inclure l’identité des bénéficiaires effectifs, leur degré de participation et les modalités d’exercice de cette participation ou du contrôle desdites entreprises.

Toutefois, il est bien de préciser que malgré toutes ces dispositions prises, force est de constater que la mise en œuvre de cette décision se fait sentir de très timide. Sur un effectif de plus 400 entreprises recensées environ moins de 150 se sont soumises à cette obligation.  

Yanda Sow

Gouvernance de l’extractif : « Pas de débat parasité par la suspicion et les jugements de valeur sans fondement », Amadou Bâ (PM)

Le Premier Ministre du Sénégal appelle les acteurs du secteur extractif à éviter le débat public non informé. Amadou Bâ qui a présidé la cérémonie d’ouverture de la 9ème Conférence Mondiale de l’ITIE, estime que le Sénégal a posé plusieurs actes allant dans le sens du renforcement du cadre juridique, afin de mieux profiter des ressources extractives.

Le débat public sur la gouvernance des industries extractives serait-il pollué au Sénégal ? Le Premier Ministre Amadou Bâ semble préoccupé par une incohérence majeure. Pour lui, il est important que « le débat sur l’exploitation des ressources naturelles reste sain, serein et informé, au lieu d’être parasité par la suspicion et des jugements de valeur sans fondement ».

Pourtant, il considère que l’Etat a pris plusieurs mesures qui ont contribué à renforcer le cadre juridique du secteur. « Le secteur minier, tout comme plus récemment le secteur pétrolier et gazier, dispose désormais de registres accessibles en ligne au public. Les contrats miniers, pétroliers et gaziers sont publiés sur le site Internet de l’ITIE Sénégal, ainsi qu’un aperçu de tous les contrats et de leur statut de publication ».

Il invite l’ITIE à œuvrer davantage pour une juste rémunération des ressources ainsi que leur transformation locale. « Cela doit rester au cœur des préoccupations de l’ITIE si nous voulons qu’elle soit un véritable outil protecteur de tous les intérêts », a dit Amadou Bâ.

« Il faut que l’industrie extractive paie sa juste part d’impôt… »

Selon le Premier Ministre Sénégalais, la faible rémunération des ressources minérales des pays en développement, africains en particulier, combinée aux congés fiscaux abusifs, à l’évasion et à l’optimisation fiscales, privent nos pays d’importantes ressources qui auraient pu largement contribuer au financement de leur développement. « Il faut que l’industrie extractive paie sa juste part d’impôt là où ses bénéfices sont réalisés », a plaidé Amadou Bâ.

L’ancien ministre des fiances s’est félicité de la décision de l’OCDE d’adopter, en octobre 2021, « l’Accord historique sur l’impôt minimum mondial de 15%, marquant une étape significative dans la lutte contre les pratiques fiscales anormales ». 

Le rapport de la CNUCED sur l’investissement dans le monde en 2022, souligne qu’il est important d’apporter l’assistance technique requise aux pays en développement, afin d’appuyer l’exécution du projet BEPS et d’atténuer les risques liés au règlement des différends entre investisseurs et États.

« C’est toute la problématique des contrats complexes que l’ITIE doit prendre en charge et aider à résoudre. Il nous faut, en même temps, travailler davantage pour rompre le cercle vicieux de l’échange inégal qui fait de l’Afrique un réservoir de matières premières exploitées à bas coût, et dont une partie lui est ensuite revendue à des prix exorbitants », fait remarquer le Premier ministre sénégalais.

Yanda Sow

Conférence mondiale ITIE : « Notre grand défi, c’est le maintien du consensus… », Pr Awa Marie Coll Seck

La 9ème Conférence Internationale de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives, est une occasion de renforcer le dialogue multipartite, « face aux défis nouveaux et de répondre aux besoins des acteurs pour le bien-être des citoyens et des communautés ». Pr Awa Marie Coll Seck magnifie ainsi la dynamique qui prévaut au sein de l’organisation. Elle estime que le maintien du consensus est un grand défi pour l’ITIE.

La Présidente du Comité National ITIE (CN-ITIE) du Sénégal considère la Conférence Mondiale comme  « un formidable espace de discussions, d’échanges et d’outils d’aide à la décision ». Le maintien d’un débat public informé, avec la publication régulière d’un volume de données, reste l’âme de l’ITIE, dans un contexte mondial de mutation.

Ce consensus souhaité est d’une importance capitale, notamment dans le cadre des futures relations entre les parties prenantes. La raison est simple : « Dakar sera le point de départ de la nouvelle Norme ITIE 2023, avec des changements intervenus, après de longues discussions parfois houleuses entre gouvernement, entreprises minières et pétrolières et gazières et organisations de la société civile ».

Cette nouvelle Norme ITIE 2023, s’attaque à des thématiques cruciales et sensibles, qui réussissent rarement à obtenir un consensus sur la façon de les prendre en charge. Il s’agit « des priorités nationales et des enjeux liés à la transition énergétique, à la propriété effective et à la lutte contre la corruption ».

C’est pourquoi, estime la Présidente du CN-ITIE, « notre grand défi est de maintenir un consensus, de consolider les acquis obtenus grâce à l’engagement de toutes les parties prenantes, de s’assurer d’une répartition équitable et juste de la rente, et d’une mobilisation des ressources domestiques pour financer le développement des pays ».

Le Pr Awa Marie Coll Seck, dans son discours de bienvenue adressé à ses hôtes, s’est dite confiante quand aux capacités de toutes les parties prenantes à trouver des plages de convergence. « Nous ne pouvons pas rater le train de l’histoire, pour le bien être de nos populations et des générations futures », a-t-elle dit.

Yanda Sow

Afrique-Minéraux de transition : « quand des multinationales créent les conditions du chaos… »

Dans certains pays d’Afrique, des multinationales créent les conditions du chaos pour mieux exploiter les minéraux stratégiques. Le Président de la Coalition Publiez Ce Que Vous Pays Sénégal (PCQVP), Dr Pape Fara Diallo, alerte sur la nécessité de travailler avec les Etats pour imposer une « transition énergique juste et équitable », aux pays occidentaux, avec une meilleure gouvernance des minéraux de transition dont regorge l’Afrique. Il tire un bilan positif de la Conférence tenue à Saly.

Vous venez de boucler 48 heures de travaux. Comment évaluez-vous cette 9ème Conférence Afrique de Publiez Ce Que Vous Payez ?

Deux jours d’échanges extrêmement riches en enseignements ! Je pense que la famille Publier Ce Que Vous Payez s’est beaucoup renforcée. Nous avons battu un record de représentation. Nous avions des craintes sur la présence de certains à cause du contexte sociopolitique assez tendu. A l’arrivée, nous avons constaté, pour nous en réjouir, que le comité de pilotage pour l’Afrique n’a jamais réuni autant de participants.  Toutes les zones géographiques du continent ont été représentées, soit plus de 200 délégués.

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La transition énergétique a été au cœur des débats durant toute la conférence. Quelle est la position de la société civile africaine sur ce débat ?

Nous avons voulu lancé ce message fort d’une « transition énergique juste et équitable ». L’Afrique est le continent qui pollue le moins. C’est moins de 3% d’émission de gaz à effet de serre. Si on applique le principe de « pollueurs-payeurs », ce sont les principaux pollueurs qui devraient contribuer le plus, au fonds pour la mitigation des impacts.

Pourtant, beaucoup d’industries extractives sont implantées en Afrique. Et elles sont, par essence, de grosses pollueuses…

L’agenda global sur les changements climatiques ne peut pas ignorer les impacts des industries extractives, notamment le pétrole, le gaz et les mines qui sont des industries très polluantes. Mais l’Afrique matérialise ce qu’on appelle le paradoxe de l’abondance. On a des pays qui sont riches en ressources naturelles avec notamment, l’essentiel des minéraux de transition. Si les pays occidentaux, en général, commencent à mettre l’accent sur le 100% électrique et le zéro carbone, c’est parce qu’ils peuvent compter sur des minéraux de transition qui permettent de fabriquer les batteries extrêmement puissantes.

C’est quoi le rapport ?

Ils viennent pomper les ressources du continent africain pour assurer leur transition et demander à ces pays là de ne plus exploiter leurs ressources stratégiques qui leur permettent de se développer. Nous aussi, nous avons le droit au développement. Ils ont exploité leur charbon, leur pétrole, leur gaz, pour construire leurs pays et assurer leur développement. C’est pourquoi nous avons voulu faire comprendre au monde entier que nous sommes d’accord pour une transition énergique mais il faut qu’elle soit juste et équitable afin que les intérêts des pays africains soient préservés, notamment ceux des communautés impactées.

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Justement, le continent africain regorge de minéraux essentiels à la transition énergétique. Des participants ont prôné la prudence dans l’octroi des contrats d’exploitation. Qu’elle est la position de PCQVP sur le sujet ?

Le constat est clair : il y a une ruée vers l’Afrique parce que plus de 30% des réserves mondiales de ressources minérales se trouvent dans le continent. Parmi ces ressources minérales, il y a les minéraux de transition qui font courir tous les pays développés. Ils ont besoins de l’uranium. C’est ce type de paradoxes que cette conférence Afrique de Publiez Ce Que Vous Payez veut corriger. L’erreur qu’on ne devrait pas commettre, c’est d’avoir des ressources aussi stratégiques que les minerais de transition et continuer à signer les mêmes types de contrats qu’on avait l’habitude de signer avec les multinationales. Elles viennent exploiter les ressources. Les communautés n’en bénéficient pas comme il se doit. D’ailleurs, dans certains pays, ces multinationales créent les conditions du chaos pour exploiter ces ressources qui passent sous le nez de nos états. Pour éviter cela il faut que la société civile africaine puisse mener le plaidoyer en travaillant avec les états. 

Recueillis par Abdou Diouf Junior

Transition énergétique : Le vent ne tourne pas en faveur des femmes africaines

Les organisations féminines africaines, actives dans la gouvernance des ressources naturelles, ne semblent pas convaincues de l’impact positif de la transition énergétique sur leurs camarades. Plusieurs manquements susceptibles de constituer des entraves à l’épanouissement des femmes ont été relevés durant la deuxième journée de la conférence Afrique de Publiez Ce Que Vous Payer (PCQVP).

Du Sénégal au Mozambique, en passant par la Guinée ou encore le Burkina, les prémices d’un échec d’une transition juste ont été partagés. Les différentes délégations d’organisations féminines du secteur extractif ont fait état de manquements qui pourraient plomber le combat pour un accès équitable aux ressources en énergie, en faveur des femmes. De façon générale, Women In Mining (WIM) Sénégal considère que les femmes employées dans les industries extractives, subissent des traitements qui ne favorisent pas leur épanouissement.

Aida Diop Ndiaye, la Présidente de WIM Sénégal parle de licenciements abusifs et de difficultés d’insertion liées à leur condition féminine. Pour elle, les femmes entrepreneures n’ont pas accès aux financements, aux informations sur les marchés, etc.  Celles vivant dans les zones d’exploitation sont également lésées. Ces dernières perdent, non seulement leurs moyens de subsistance, mais ne profitent pas, non plus, des indemnisations et compensations. Le prétexte, selon elle, c’est  que l’accès à la terre est réservé aux hommes.

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Toutes ces difficultés sont notées dans les autres pays africains. Les panélistes l’ont prouvé avec des exemples, même si les conséquences diffèrent d’un pays à l’autre. Pour madame Lucie Kabré, Présidente de l’Association des Femmes du Secteur Minier au Burkina (AFEMIB), la problématique du renforcement des capacités est à prendre en compte pour leur autonomisation. D’ailleurs, AFEMIB a formé 500 femmes dans 5 communes impactées au Burkina.

En Guinée, la problématique de l’accès aux fonds a été soulignée. Fatima Mimbire, Présidente de PCQVP Mozambique et du Comité de pilotage pour l’Afrique de PCQVP, estime qu’il est important de combattre les violations des droits des femmes dans le secteur extractif. Pour elle et ses camarades qui ont pris la parole lors de cette session réservée à la « gouvernance féministes des ressources naturelles pour une transition juste », développer et renforcer le leadership des femmes est crucial pour garantir une transition « réellement juste ».

Abdou Diouf Junior  

Transition énergétique : l’Afrique face à l’équation de l’équité

L’Afrique, le continent le moins polluant, ne devrait pas subir les affres de la transition écologique. Ce processus irréversible devrait tenir compte de « l’équité dans les décisions ». Les acteurs, venus de plusieurs pays d’Afrique, défendent cette position à Saly (Sénégal).

Les participants à la huitième édition de la conférence Afrique de la Coalition Publiez Ce Que Vous Payez » (PCQVP) sont unanimes : il faut plus d’équité dans la prise en charge de la lancinante question de la transition écologique. Elle est au menu de la Conférence Afrique de ce réseau d’organisations de la société civile, actives dans la gouvernance des ressources naturelles.

Les conférenciers ont tour à tour montré patte blanche face à cette dynamique indispensable. Ils ont tout de même attiré l’attention sur la nécessité de prendre en compte le statut de continent modèle dont jouit l’Afrique face au « péril carbone ».

Ce rendez-vous qui réunit à Saly Portudal, au Sénégal, des sommités de la gouvernance des industries extractives, venues de plusieurs pays du continent, a démarré ce jeudi 8 juin 2023, pour prendre fin le 10 du même mois.

Il ressort de la première journée, que l’Afrique doit être mieux considérée, car étant le continent le moins polluant au monde. C’est la quintessence de l’intervention du Dr Pape Fara Diallo, Président de la coalition sénégalaise de « Publiez Ce Que Vous Payez ». Ce dernier pense, tout comme l’ensemble des intervenants, que « la transition énergétique est un processus inexorable mais qu’on doit maîtriser en tenant compte de la position de l’Afrique ».

La conférence de l’Afrique vient donc précéder celle mondiale. Ce réseau qui regroupe 54 pays dans le monde, intervient sur le triptyque « transparence, redevabilité et bonne gouvernance ». La zone Afrique ne veut pas être le maillon faible de cette chaine de lutte pour l’équité dans la gouvernance et la redistribution équitable des profits générés par l’activité extractive. Elle s’évertue, depuis sa création en 2002, à Durban en Afrique du Sud, à lutter une meilleure gouvernance du secteur extractif.

.La conférence mondiale se tiendra donc sous la férule de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), dirigée par Eva Marie Coll Seck, avec en toile de fond, une large réflexion sur la transition énergétique qui sonne le passage des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) plus polluants, aux moins polluants comme le cobalt, le lithium, l’énergie solaire entre autres. La première a été riche en partage entre acteurs venus de plusieurs pays africains francophones comme anglophones.

Khassim Seck (Correspondant à Mbour)