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Afrique-Minéraux de transition : « quand des multinationales créent les conditions du chaos… »

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Dr Pape Fara Diallo, Président de la Coalition Publiez Ce Que Vous Payez Sénégal

Dans certains pays d’Afrique, des multinationales créent les conditions du chaos pour mieux exploiter les minéraux stratégiques. Le Président de la Coalition Publiez Ce Que Vous Pays Sénégal (PCQVP), Dr Pape Fara Diallo, alerte sur la nécessité de travailler avec les Etats pour imposer une « transition énergique juste et équitable », aux pays occidentaux, avec une meilleure gouvernance des minéraux de transition dont regorge l’Afrique. Il tire un bilan positif de la Conférence tenue à Saly.

Vous venez de boucler 48 heures de travaux. Comment évaluez-vous cette 9ème Conférence Afrique de Publiez Ce Que Vous Payez ?

Deux jours d’échanges extrêmement riches en enseignements ! Je pense que la famille Publier Ce Que Vous Payez s’est beaucoup renforcée. Nous avons battu un record de représentation. Nous avions des craintes sur la présence de certains à cause du contexte sociopolitique assez tendu. A l’arrivée, nous avons constaté, pour nous en réjouir, que le comité de pilotage pour l’Afrique n’a jamais réuni autant de participants.  Toutes les zones géographiques du continent ont été représentées, soit plus de 200 délégués.

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La transition énergétique a été au cœur des débats durant toute la conférence. Quelle est la position de la société civile africaine sur ce débat ?

Nous avons voulu lancé ce message fort d’une « transition énergique juste et équitable ». L’Afrique est le continent qui pollue le moins. C’est moins de 3% d’émission de gaz à effet de serre. Si on applique le principe de « pollueurs-payeurs », ce sont les principaux pollueurs qui devraient contribuer le plus, au fonds pour la mitigation des impacts.

Pourtant, beaucoup d’industries extractives sont implantées en Afrique. Et elles sont, par essence, de grosses pollueuses…

L’agenda global sur les changements climatiques ne peut pas ignorer les impacts des industries extractives, notamment le pétrole, le gaz et les mines qui sont des industries très polluantes. Mais l’Afrique matérialise ce qu’on appelle le paradoxe de l’abondance. On a des pays qui sont riches en ressources naturelles avec notamment, l’essentiel des minéraux de transition. Si les pays occidentaux, en général, commencent à mettre l’accent sur le 100% électrique et le zéro carbone, c’est parce qu’ils peuvent compter sur des minéraux de transition qui permettent de fabriquer les batteries extrêmement puissantes.

C’est quoi le rapport ?

Ils viennent pomper les ressources du continent africain pour assurer leur transition et demander à ces pays là de ne plus exploiter leurs ressources stratégiques qui leur permettent de se développer. Nous aussi, nous avons le droit au développement. Ils ont exploité leur charbon, leur pétrole, leur gaz, pour construire leurs pays et assurer leur développement. C’est pourquoi nous avons voulu faire comprendre au monde entier que nous sommes d’accord pour une transition énergique mais il faut qu’elle soit juste et équitable afin que les intérêts des pays africains soient préservés, notamment ceux des communautés impactées.

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Justement, le continent africain regorge de minéraux essentiels à la transition énergétique. Des participants ont prôné la prudence dans l’octroi des contrats d’exploitation. Qu’elle est la position de PCQVP sur le sujet ?

Le constat est clair : il y a une ruée vers l’Afrique parce que plus de 30% des réserves mondiales de ressources minérales se trouvent dans le continent. Parmi ces ressources minérales, il y a les minéraux de transition qui font courir tous les pays développés. Ils ont besoins de l’uranium. C’est ce type de paradoxes que cette conférence Afrique de Publiez Ce Que Vous Payez veut corriger. L’erreur qu’on ne devrait pas commettre, c’est d’avoir des ressources aussi stratégiques que les minerais de transition et continuer à signer les mêmes types de contrats qu’on avait l’habitude de signer avec les multinationales. Elles viennent exploiter les ressources. Les communautés n’en bénéficient pas comme il se doit. D’ailleurs, dans certains pays, ces multinationales créent les conditions du chaos pour exploiter ces ressources qui passent sous le nez de nos états. Pour éviter cela il faut que la société civile africaine puisse mener le plaidoyer en travaillant avec les états. 

Recueillis par Abdou Diouf Junior

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