dimanche, juin 1, 2025
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Mines-Indice genre : Au Sénégal, les femmes « trinquent » toujours

L’indice genre ou WIM index est évalué. Les résultats font état d’un score de 44/100, suite à des études axées sur différentes dimensions du secteur minier.  Lancée, en 2019 par Women In Mining (WIM) cette étude se veut un outil scientifique pour mesurer l’égalité des hommes et des femmes qui travaillent dans le secteur extractif au Sénégal.

Cette étude a montré que sur une valeur nominative de 100 qui représenterait l’égalité parfaite homme-femme dans le secteur extractif, cette dernière ne représente que 44 d’où le score faible de 44/100.Une situation qui s’explique, selon Mme Aida Diop NDIAYE, par l’absence de dispositions légales allant dans le sens de prendre en charge cette question.

« Aujourd’hui, ni le code pétrolier ni le code gazier, n’ont mis en place des dispositions spécifiques sur le genre. Il n’y a que le code minier de 2016 avec l’article 115 sur l’autonomisation des femmes dans les collectivités et l’article 52 du code de l’électricité qui ont pris en compte cette question de manière relative », déclare la présidente de WIM SENEGAL. 

Plusieurs dimensions ont été prises en compte dans toute la chaine de valeur du secteur minier avec des scores disproportionnées. Il s’agit notamment de la gouvernance dans le secteur extractif ou les femmes sont sous-représentées avec un score médiocre de 34/100, de l’entrepreneuriat des femmes dans le contenu local avec un score faible de 44/100, l’emploi formel 54/100, le secteur de la mine artisanale avec un score faible de 59/100 et en fin femmes des communautés hôtes avec un score médiocre de 37/100.

Ce qui revient à dire, selon Mme Ndiaye que « l’égalité homme-femme dans le secteur extractif est loin d’être parfaite dans le secteur extractif ou les femmes sont largement sous représentées ».

Elle ajoute, « c’est pourquoi cet outil vient à son heure pour être un outil d’scientifique d’aide à la décision pour les autorités politiques mais également un excellent outil de plaidoyer pour les organisations de la société civile pour une meilleure prise en charge de la question du genre dans le secteur extractif ». Interpellée, en tant que la représentation populaire par excellence chargée de voter les lois, l’Assemblée Nationale par la voix de sa 2nde Vice-Présidente promet d’être plus vigilante sur cette question.

« En tant que parlementaire, notre rôle est de s’assurer que les lois prises soient respectées notamment la question du genre qui revêt une importance capitale dans les politiques publiques. C’est pourquoi nous apprécions à sa juste valeur l’arrivée de cet indice qui va nous permettre d’avoir une lecture beaucoup plus précise sur les questions de genre dans le secteur extractif ».

A ce titre, ajoute-t-elle, « le plaidoyer sera porté au niveau du ministère des mines et de la géologie et avec toutes les parties prenantes. Les femmes doivent être outillées financièrement et intellectuellement pour qu’elles puissent arriver à ce stade d’indice.  Les lois doivent être revue et corrigées à l’égard des femmes », dixit l’honorable Mme Aida Sow Diawara ,2éme vice-présidente de l’assemblée nationale.

Fatoumata Bâ

Contribution : La problématique du contrôle des « coûts pétroliers » de Sangomar, (Par Vovo Bombyx)

La question relative aux « coûts pétroliers » est importante dans la gestion des revenus tirés du pétrole brut. Le code pétrolier institué par la loi n°2019 du 1er février 2019 traite des « coûts pétroliers » et de leur recouvrement (récupération).

Le contrat de partage de production (CPP) qui couvre l’exploitation du champ de Sangomar (SNE) et qui est disponible sur le site de l’ITIE, a été signé le 15 juillet 2004. La structure des participants de la Joint Venture (JV) a considérablement évolué depuis 2004. La société Woodside Energy Sénégal, devenue opérateur de la JV, détient à l’heure actuelle la majorité des parts (82%).

Deux sociétés interviennent au titre du « Contractant » : Woodside Energy Sénégal et la société nationale Petrosen. Il faut préciser qu’à la date de signature du contrat de partage de production (2004), l’ancien code pétrolier, institué par la loi n° 98-05 du 8/1/1998, était en vigueur.

Faute de pouvoir accéder aux Avenants du contrat de partage de production (CPP), il peut être retenu que les articles relatifs aux « coûts pétroliers » restent identiques à ceux du contrat initial (14 juillet 2004).

Plusieurs étapes ont précédé la découverte en 2014, du gisement de SNE (Sangomar) par CAIRN (ancien participant et opérateur de la JV) : la recherche-prospection, l’exploration (plusieurs méthodes), l’évaluation et le développement.

A la date du 30/6/2023, le taux de réalisation des travaux sur le site de Sangomar était de 88%. Le « first oil » du champ de Sangomar a connu plusieurs reports ; idem pour le « first gas » du champ de GTA. Les travaux liés aux projets pétroliers et gaziers font l’objet d’une planification rigoureuse et tout retard qui intervient sur une « tâche » du planning a des répercussions sur les autres tâches et sur la fin des travaux et le démarrage effectif de la production.

Lire aussi : http://africapetromine.com/sangomar-le-gouvernement-relache-la-pression-inutile-sur-woodside/

Les reports ont un coût qui sera répercuté sur le coût global du projet. Ces retards, clairement identifiés par l’opérateur, doivent être imputés soit au « contractant » soit au deuxième signataire (représentant de l’Etat) soit aux deux. Dans tous les cas, les coûts associés aux reports ont été présentés et devraient faire l’objet d’une validation officielle.

Les coûts des différents reports du « first oil » seront reversés aux « coûts pétroliers » et ils viendront en diminution du « profit oil », d’où la nécessité de les identifier clairement et de déterminer les causes et les responsabilités de chaque partie.

Les reports peuvent également être le fait des autres prestataires ; dans ces conditions, ils seront supportés intégralement par le prestataire qui n’aura pas respecté les engagements souscrits contractuellement. Chaque étape conduisant à la mise en production d’un champ de pétrole ou de gaz a un coût.

La découverte du gisement de pétrole de SNE (Sangomar) remonte à 2014. Nous pouvons admettre, conformément aux termes du contrat de partage de production (CPP) que les « coûts pétroliers » associés aux différentes étapes du processus ont été établis à la fin de chaque exercice et validés par les organes mis en place.

Lire aussi : http://africapetromine.com/exploitation-du-petrole-et-du-gaz-letat-dans-ses-derniers-reglages-avant-le-demarrage-des-operations/

Ces « coûts pétroliers » antérieurs seront présentés dès le début de la production de pétrole brut et ils devront être récupérés. Le cumul des « coûts pétroliers » n’est connu que par les structures en charge (Ministère du Pétrole et des Energies, Ministère des Finances et du Budget, ect.).

Les investissements cumulés réalisés par les compagnies pétrolières ne sont connus également que par les structures en charge. Rappelons que ces « coûts pétroliers » et ces investissements sont étroitement liés aux activités de l’amont pétrolier qui restent des activités hautement spécialisées.

Il est étonnant que le contrat de partage de production (CPP) relie la récupération (recouvrement) des « coûts pétroliers » liés aux immobilisations à des principes comptables « généraux »… Les amortissements doivent être contractuellement pratiqués sur une période minimale de cinq ans (voir annexe du CPP). Ils peuvent être de dix ans.

Les biens et équipements de l’activité amont « cristallisent » de la haute technologie. La durée de vie d’un champ pétrolier peut atteindre trente ans. Les pouvoirs publics auraient dû prendre plus tôt la décision de former les experts sénégalais à l’analyse des coûts pétroliers dont la structure n’est jamais simple ; celle-ci inclut aussi bien des activités de recherche-prospection, d’exploration, d’évaluation, de développement et d’exploitation-production.

Lire aussi : http://africapetromine.com/senegal-projet-gazier-gta-le-bateau-fpso-met-le-cap-sur-les-cotes-senegalo-mauritaniennes/

Les parts relatives (structure des coûts pétroliers) propres aux différents maillons de la chaîne pétrolière amont, évoluent différemment. Des fichiers d’immobilisation spécifiques (voir le cas de la SAR au démarrage de ses activités en 1964) auraient dû être créés qui ventileraient les biens et équipements et rendraient plus facile la ventilation des « coûts pétroliers » et éviteraient de « comptabiliser » des éléments qui ne devraient pas figurer dans les « coûts pétroliers ».

Seul l’œil de l’expert est à même de « faire le tri » des coûts et de retenir uniquement les « coûts pétroliers » justifiés. La loi n° 2019-03 du 1er février 2019, relative au code pétrolier définit clairement les « coûts pétroliers » comme étant l’ensemble des « coûts et dépenses » supportés et payés par le contractant, dans le cadre d’un contrat de partage de production selon les règles en usage dans l’industrie pétrolière.

Il faut connaître, par voie de conséquence, les « règles en usage dans l’industrie pétrolière »… En fonction de la profondeur d’eau, des pourcentages ont été fixés pour le recouvrement des « coûts pétroliers ». Dans le contrat de partage de production (CPP) disponible sur le site de l’ITIE et qui couvre le champ de SNE (Sangomar), le pourcentage maximum fixé est de 75%.

Il apparaît ainsi que le recouvrement (récupération) des « coûts pétroliers » est calculé en appliquant le pourcentage de 75% à la valeur de la « Production totale commerciale » annuelle. Le moment venu, se posera la question complexe de la valorisation de la production commerciale (production de pétrole brut) basée sur les prix du pétrole du marché international et sur le taux de change (dollar/FCFA).

Le prix « FOB » qui permettra de valoriser la production (production commerciale) devra tenir compte de la qualité du pétrole brut issu du champ de Sangomar et des corrections de valeur qui seront introduites.

Vovo Bombyx

Contribution-Catastrophes naturelles : comprendre les inondations, tremblements de terre, éruptions volcaniques… (par Mahamadane Diène)

De plus en plus, le monde est frappé par des phénomènes naturels dont la plupart, entre dans l’évolution dynamique du Globe terrestre (inondations, tremblements de terre, éruptions volcaniques etc…) avec leur lot important de dégâts matériels et humains. Ces phénomènes peuvent avoir des causes et des sources variées.

Les phénomènes géologiques, notamment les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, pour ne parler que des plus important et les plus spectaculaires, sont de plus en plus fréquents à travers le monde.

Pour comprendre ces phénomènes, il faudra les placer dans leur contexte géotectonique (environnement de production ou de manifestation). Ils se manifestent généralement dans des endroits particuliers de l’écorce terrestre (lithosphère) notamment à la frontière des plaques tectoniques. Ces dernières sont marquées surtout par des plaques convergentes ou divergentes, donnant respectivement des zones de subduction ou d’obduction et des rides médio-océaniques ou de rifting.

La subduction est le cas où la plaque océanique s’enfonce sous la plaque continentale, entrainant la mise en place des chaînes de Montagne, des zones instables avec des tremblements de terre et d’autre phénomènes géologiques.

Pratiquement tous les tremblements de terre sur Terre sont associés aux limites des plaques tectoniques, et la plupart d’entre eux se produisent dans les zones de subduction. Ces tremblements de terre se produisent lorsque les contraintes exercées à la limite des plaques dépassent la résistance des roches. La résistance des limites de plaques est donc un paramètre important pour comprendre quand les tremblements de terre sont susceptibles de se produire. Le changement de contrainte (chute de contrainte) sur une faille pendant un tremblement de terre peut être déterminé par des techniques sismologiques et géodésiques, mais le niveau réel de contrainte est encore un sujet de débat.

Le Nord de l’Afrique est caractérisé par ce contexte de subduction, notamment du Maroc jusqu’au-delà du Nord de la Tunisie (figure ci-dessous, flèche rouge). Dans ces zones, on assiste à l’enfoncement de la plaque africaine sous la plaque européenne, ayant comme conséquences des phénomènes de tremblement de terre du côté de l’Afrique comme du côté de l’Europe, la fermeture progressive de la mer méditerranéenne. Ces mouvements de subduction vont continuer à se produire, comme il a toujours été le cas, durant toute l’histoire de la terre, suivant une échelle temps géologique et avec ses lots de conséquences.

(Images d’illustration : séisme au Maroc – 2023)

Revenons sur le cas du Sénégal, où nous avons la chance d’avoir notre pays loin des limites des plaques tectoniques. La limite ouest, la plus proche est à plus d’un millier de kilomètres (figure 1, flèche bleue) et est représentée par la Ride Médio Océanique de l’Atlantique.

Concernant les relations Radon/séisme, il faut comprendre par là qu’il n’y a pas de relation directe Radon /séisme. Le Sénégal ne se trouve pas dans un contexte géotectonique favorable aux séismes (voir plus haut). Les failles transformantes qui sont proches du Sénégal (figure 1 ; flèches noires), ne constituent pas de risques majeurs car étant loin des côtes et pas de grande importance. Cependant il faut rappeler que le risque zéro n’existe pas dans la nature, car il y a des paramètres que l’on ne peut pas contrôler.

Nous allons conclure en disant à nos compatriotes sénégalais et sénégalaises que nous sommes dans un environnement géotectonique relativement très stable sur le plan géologique. Par conséquent les discours alarmistes de ces derniers jours depuis le séisme ayant touché le Maroc, n’ont pas leur raison d’être.

Pr Mahamadane DIENE

Géologue structuraliste/Pétrographe

Ecole Nationale Supérieure des Mines et de la Géologie (Ex IST)

UCAD

Sénégal-Formation : L’ENSMG face aux nouveaux enjeux des géosciences

Après 40 années d’existence, l’Institut des Sciences de la Terre (IST) s’est mue en école. Une nouvelle équipe a été installée le 7 août 2023, à la tête de ce qu’il convient d’appeler, désormais, Ecole Nationale Supérieure des Mines et de la Géologie (ENSMG). Dans cet entretien, Mahamadane Diène, le Directeur, revient sur les enjeux de cette mutation, les objectifs et les défis auxquels il va devoir faire face, avec sa nouvelle équipe.

Vous êtes le nouveau directeur de L’ENSMG ex IST. Quels sont vos principaux objectifs dans le court terme ?

L’IST est un institut avec rang de faculté qui appartient à l’Université Cheikh Anta Diop. Depuis sa création en 1980, il a formé plus 400 ingénieurs cadre. Aujourd’hui, nous sommes dans un contexte très particulier avec la confirmation de la vocation minière et pétrolière de notre pays, le développement du domaine de la géotechnique. La formation de nouveaux ingénieurs qualifiés, occupe désormais une place importante dans les orientations stratégiques de développement.

Face à cette situation, les autorités ont jugé nécessaire de restructurer et de transformer l’Institut des Sciences de la Terre en Ecole Supérieure des Mines et de la Géologie. Nous sommes dans une phase de transition. Ce passage nous oblige à avoir des objectifs très précis. D’abord, la mis en place de nouveaux programmes qui seront associés à de nouvelles structurations de l’école.

Il est prévu la construction de nouveaux bâtiments pouvant répondre aux missions assignées et le renforcement du budget de l’école. Nous sommes aussi entrain de voir d’autres sources pour son renforcement. Nous voulons Faire de cette école un label durable et attractif, une école de référence reconnue sur le plan national et international en matière de formation géologique, pétrolière, géotechnique, d’innovation et de recherche, de développement durable, par la qualité des services offerts.

Pour réussir cela, le projet doit tourner autour de 4 points : former des hommes et de femmes hautement qualifiés, fournir des services dans le domaine de la formation et de la recherche en matière de géologie, contribuer à la diversité de l’offre de formation et enfin promouvoir l’insertion des diplômés.

Quels sont les vrais défis auxquels cette école doit faire face ?

Nous allons d’emblée procéder à une analyse des forces, des faiblesses, des opportunités et des menaces de l’école. Le constat est que pour atteindre ces objectifs, il faut que le projet tourne autour de 3 axes à savoir la gouvernance, les enseignements mais aussi la promotion et les partenariats. Pour le premier axe, nous nous fixons comme objectif de renforcer le leadership et la communication interne, d’améliorer le processus et les procédures de gestion, en intégrant les Technologies de l’Information et de la Communication, de renforcer le niveau quantitatif et qualitatif de l’encadrement par la formation continue et enfin, d’améliorer le cadre de vie.

Pour le deuxième axe, nous allons renforcer la qualité des enseignements par la mis en place d’une cellule interne de management qualité et les autres organes d’appui et de conseil, une approche innovante en matière d’ouverture et de dénomination de nouvelles filières attractives et rentables dans le cadre des partenariats. Enfin, pour les axes qui suivent, nous chercherons à disposer d’une accréditation ANAQ, à booster le partenariat international avec les entreprises, les universités et d’autres acteurs, à améliorer les infrastructures, les équipements et aussi les supports de communication.

Le mode de gouvernance et le programme de l’ex IST vont donc changer. Ou alors, vous allez juste les améliorer ?

Le mode de gouvernance va changer. Avec l’ancien directeur, on faisait des assemblées de l’institut. Mais avec cette transformation, on aura un conseil d’administration, la direction et la création de départements. Sur le plan pédagogique, de nouveaux programmes sont en train d’être établis et seront disponibles au mois d’octobre avec les cours préparatoires.

Ces programmes visent à renforcer ceux qui étaient là. Nous avons de nouveaux défis par rapport à la géologie, avec la découverte du pétrole. Donc les programmes seront renforcés et vont en même temps répondre aux attentes liées à ces nouveaux enjeux. Tout est fin prêt. Et vous allez voir un autre visage de cette école. Il y aura aussi l’accès à l’information pour tous.

Le déménagement à Diamniadio est-il toujours d’actualité ?

Malheureusement, non. Vous savez, l’IST appartient à l’université Cheikh Anta Diop et on y restera. D’ailleurs, le Recteur est sur le point de nous octroyer de nouveaux bâtiments administratifs. Donc nous allons rester au sein de l’UCAD. 

Recueillis par Ndèye Mour Sembène

Sénégal – Mines : « Nous allons bousculer le capital étranger », Lamine Diack Diouf 

Lamine Diack Diouf, PDG de la société Mansa Gold Corporation a pour ambition de « bousculer le capital étranger ». Il est le propriétaire de la mine d’or de Kawsara et de Konkoutou Gold Opération. L’ingénieur géologue se définit comme un challenger des multinationales, capable, dans l’avenir, de rendre l’or « plus éclatant » aux yeux des sénégalais. Les réserves de Konkoutou sont estimées à 8 tonnes. Le développement en est à sa phase finale et la production attendue au premier trimestre de 2024. Entre raffinage, transformation de l’or, vente locale, création d’un hub, Lamine Diack Diouf décline les ambitions de sa société et dresse le portrait d’un secteur privé audacieux, soutenu par une administration au service des nationaux. Ce qui explique son engagement politique. Entretien…

Africa Petromine (APM) : Qui êtes-vous pour prétendre bousculer les investissements étrangers sur le secteur aurifère ?

Lamine Diack Diouf (LDD) : Nous sommes un groupe de sociétés qui participent au développement économique du Sénégal depuis des années. Nous n’avons pas pu réussir ce pari pour des raisons évidentes mais le résultat d’un bon management, c’est de réussir de grandes choses avec peu de moyens. Aujourd’hui, il nous faut faire preuve d’imagination, d’intelligence et de volonté pour essayer de bousculer le capital étranger.

APM : Est-ce que c’était facile pour vous, en tant que sénégalais, d’avoir la confiance des autorités et d’obtenir un permis de recherche ?

LDD : Ce n’était pas difficile parce que l’Etat avait déjà mis en place un programme qui permettait de donner des permis à des sociétés minières étrangères et des sociétés minières Sénégalaises. J’ai été l’un des premiers ingénieurs géologues pétroliers du Sénégal et après avoir travaillé pendant 15 ans dans le pétrole notamment à Petrosen, Elf, Tullow Oil, j’ai voulu promouvoir le secteur minier.

Donc j’ai été le premier sénégalais à s’intéresser au secteur minier et je me suis battu à l’époque pour que la boutonnière de Kédougou et tout le territoire minier que le Sénégal avait donné au BRGM, lui soit retiré pour créer plusieurs blocs qu’il donne à plusieurs sociétés minières pour maximiser l’investissement.

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Et comme il y a désormais plusieurs blocs, l’Etat a compris que nous sommes des acteurs et notre expertise et notre engagement ne souffrent d’aucun doute. C’est pour cela que l’Etat nous a donné un permis. Nous nous sommes battus dans l’optique de créer une véritable société minière, de créer une mine, mais aussi avec l’optique de contrôler et de maitriser les ressources minières.

APM : Vous avez découvert 8 tonnes d’or exploitables. Comment comptez-vous financer le développement et l’exploitation ?

LDD : Nous ne pouvons pas bénéficier des financements des banques parce que les banques sénégalaises ne financent pas les mines et notre objectif c’est de ne pas laisser les ressources naturelles au capital étranger. Nous sommes réfractaires au capital étranger et donc il fallait trouver d’autres moyens. C’est ce que je disais au début : « un bon management, c’est de faire de grandes choses avec de petits moyens ».

C’est comme ça que je me suis battu pour créer 4 sociétés de forage. Dans la recherche minière, le forage est la partie la plus importante. Pour preuve, si vous voulez trouver une mine, il faut forer à peu près 50 000 mètres pour un coût global d’environ 5 millions de dollars (3 milliards de FCFA). Ce qui est sûr c’est que vous n’aurez jamais un prêt d’un tel montant pour ça et donc il faut trouver des moyens intermédiaires.

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C’est la raison pour laquelle j’ai acheté des appareils de forage et donc j’ai éliminé le financement des forages et la conséquence c’est que je peux forer des mines sans avoir à louer des appareils de forage et quand j’ai fini de forer je peux les mettre en location. Donc j’ai créé une société de forage sénégalaise qui peut offrir ses services des sociétés minières internationales et avec ces revenus je peux financer mes opérations minières. C’est comme ça que j’ai trouvé le moyen de ne pas aller auprès des banques et quand s’était nécessaire je n’ai pas dépassé 500 millions de FCFA et j’ai ensuite vendu mes biens pour une valeur de 500 millions et avec 1 milliards j’ai acheté mes appareils de forage mais c’est avec les micros finances que j’ai réussi à faire ce montage.

APM : Quand est-ce que vous allez démarrer la production ?

LDD : Nous avons le permis d’exploitation et nous avons déjà fait l’étude de sol. Vous savez nous sommes en train de construire. L’unité de traitement c’est un ensemble d’équipements qui pèsent très lourds. Le broyeur pèse 30 tonnes. Donc avant de poser le broyeur, il faut faire l’étude de sol pour voir si le sol peut supporter ce poids-là. C’est déjà fait avec une société sénégalaise avec de bons résultats.

Maintenant nous sommes en train de faire le plan de l’usine et après ça nous allons faire la plateforme en béton. Nous allons creuser à des profondeurs étudiées, le remplir de bétons, de fer, de ciment pour créer la plateforme pour accueillir les équipements au cas ou il y a des vibrations, que la plateforme puisse les supporter. J’ai déjà acheté l’usine qui coûte environ 2 milliards de FCFA. Dès que cette unité de traitement sera installée, nous allons commencer à exploiter dans les 6 mois à venir (début 2024).

APM : L’or que vous allez exploiter restera t-il au Sénégal ? Comment vous imaginez les transactions ?

LDD : Nous ferons en sorte que l’or reste au Sénégal en finançant les autres secteurs miniers comme le phosphate, le zircon, le gaz entre autres. Nous pouvons construire des turbines à gaz, des raffineries, investir dans le transport. Donc il y a des niches d’investissements qui sont là mais le problème c’est que le marché national à lui seul ne peut pas absorber tout cet or-là. Donc il faut vendre aussi à d’autres acheteurs mais dans un premier temps nous verrons ce que nous pouvons mettre en valeur ici, à travers une raffinerie d’or et une bourse de l’or à Dakar.

APM : Vous parlez de gros investissements…

LDD : Vous savez que Dubaï a un souk de l’or alors qu’il ne produit pas un seul gramme d’or. Donc nous allons créer un souk à Dakar en construisant un grand magasin qui ne vend que de l’or et de cette manière l’or restera au Sénégal et les bijoutiers aussi pourront acheter et revendre notre or et le reste nous seront obligés de le revendre à l’étranger.

APM : Le contexte politique actuel au Sénégal ne vous fait-il pas peur pour votre investissement et l’exploitation de la mine ?

LDD: Vous savez des risques il faut les prendre. Dans la vie qui ne risque rien n’a rien. Je suis un géologue, mais je suis aussi un homme d’affaire et je veux que mon pays avance. Je suis un anti impérialiste comme j’ai l’habitude de le dire et la meilleure manière de combattre l’anti impérialisme, ce n’est pas la rhétorique politique verbale mais le militantisme économique. Il faut s’implanter et s’intégrer dans l’économie pour gagner des parts de marché aussi bien nationaux qu’internationaux parce que ce n’est que de cette manière que nous pourront exister.

En tant que sénégalais, je prie pour qu’on dépasse cette situation pour aller vers le progrès et construire le Sénégal pour nos enfants. C’est la raison pour laquelle j’ai créé un mouvement citoyen universel pour éveiller la conscience des citoyens et les intéresser à la chose publique. Nous ne devons pas laisser la gestion du pays aux politiciens parce que tous les politiciens ne sont pas imbus du sens des responsabilités. Il y a les lobbys affairo-politiques qui sont là pour des intérêts personnels et de groupes.

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C’est cette dynamique qu’il faut casser et faire en sorte que l’Etat travaille pour l’intérêt des populations. Et pour ça il faut que les citoyens s’impliquent. C’est pour cela que nous avons créé le mouvement universel, pour avoir un corps électoral militant citoyen qui pourra voter pour des causes citoyennes et faire en sorte que le pays soit mieux géré.

APM : Des affaires politico-judiciaires ont été à l’origine de beaucoup de dommages causés, notamment, à des investisseurs sénégalais et vous n’avez pas de craintes pour votre projet ?

LDD : Pour les investissements, nous avons tous vu ce qui s’est passé. Des magasins sont pillés, des stations vandalisées, des commerces et même des banques attaqués. La majorité est constituée d’investissements de citoyens sénégalais, hélas. Si maintenant pour des problèmes politiques nos investissements sont visés, alors le combat devrait également s’orienter vers ces pilleurs qui ont la même responsabilité que ceux qui détournent les deniers publics.

Réalisé par

Yanda Sow

Sénégal-drame de Khossonto :  La coalition nationale PCQVP condamne

Les affrontements de Khossonto entre forces de l’ordre et autochtones ont fait 2 morts et plusieurs blessés dans le rang des manifestants. Publiez Ce Que Vous Payez Sénégal « condamne avec la plus grande fermeté cette brutalité meurtrière à l’encontre de manifestants désarmés dont le seul tort a été de défendre leurs droits économiques, sociaux et environnementaux ».

« Cette attitude répressive des autorités est une violation manifeste des droits humains selon le communiqué de PCQVP Sénégal. Ces affrontements ayant aboutit à la mort de deux personnes dans le village de Khossonto, pouvaient être évités si les autorités avaient pris les devants eut égard aux nombreux signaux d’alertes de la Coalition », se désole son Président Dr Pape Fara Diallo.

« Malgré nos alertes répétitives sur le caractère illégitime et impopulaire de l’arrêté préfectoral dans le département de Saraya (région de Kédougou) relatif au recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée pour le compte des entreprises minières opérant dans la zone, les Autorités étatiques du Sénégal n’avaient prêté aucune attention aux réserves motivées des populations locales sur la décision du Préfet », a déclaré Pape Fara

Il ajoute « Nous rappelons que la gestion des opportunités sociales offertes par les compagnies minières ne saurait revenir aux Autorités administratives alors que les communautés bénéficiaires disposent de mécanismes locaux acceptés de tous dans la gestion de leurs relations avec les compagnies minières ». 

Rien que la semaine dernière avant les manifestations, sentant les signes avant-coureurs d’une probable confrontation, l’antenne régionale de Kédougou de PCQVP avait informé le Préfet de sa volonté d’initier une médiation avec les acteurs communautaires (chefs de villages, organisations de jeunes et de femmes) et les maires des localités concernées qui avaient déjà exprimé leur disponibilité à en croire M. Diallo.

« Malheureusement, le Préfet a persisté dans sa logique autoritaire et a formellement déconseillé aux collègues de l’antenne régionale PCQVP d’initier la médiation, arguant que la situation était sous contrôle. Une telle médiation aurait pu désamorcer la conflictualité latente relativement à l’arrêté préfectoral et éventuellement prévenir les évènements malheureux observés aujourd’hui », estime le Président de la Coalition nationale PCQVP.

Toutefois la coalition la Coalition PCQVP se félicite de la tenue du Comité régional de développement (CRD) spécial conduit par le Ministre de l’Intérieur et le Ministre des Mines et de la Géologie, tout en espérant que cela ouvrira un dialogue fécond pour une sortie de crise.

Poursuivant dans cet élan de dégel et de décrispation de la tentions dans cette zone PCQVP a formuler différentes recommandation notamment la libération de toutes les personnes arrêtées en marge de ces manifestations pour apaiser les tensions, procéder à l’ouverture d’une enquête libre et transparente pour élucider les circonstances de décès des deux manifestants et apporter les sanctions requises aux personnes incriminées.  L’Autorité administrative (le Préfet) doit veiller à la prise en charge médicale correcte de l’ensemble des blessés et limiter son rôle à la supervision des Commissions de recrutement sans y occuper une responsabilité de direction.

Yanda Sow

Guinée-Mines : Les autorités exigent le rapatriement des recettes minières

A la mi-août 2023,  Moussa Magassouba, ministre des Mines et de la Géologie de la Guinée, a demandé  aux sociétés minières opérant sur le territoire guinéen de rapatrier 50% des recettes d’exportation. C’est une exigence du code minier en ces articles 184 et 185 que les sociétés minières rapatrient leurs recettes afin de dynamiser l’économie du pays. Cette mesure est entrée en vigueur depuis le 1er septembre 2023.  

Dans l’émission « appels sur actualités » de RFI, le mercredi 6 septembre 2023, Karamo Kaba, gouverneur de la BCRG (Banque Centrale de la République de Guinée) s’est exprimé sur le motif de cette décision. Il a rappelé que le gouvernement n’a demandé qu’au moins 50% des recettes soient rapatriées alors que la loi  prévoit 100%. Et que cela n’a rien de nouveau, ce n’est que l’application de la loi.

« La terre part de la Guinée et ne reviendra plus jamais. Lorsqu’elle doit revenir, elle revient sous forme d’aluminium, d’acier, bref  de produit fini. Aujourd’hui, il n’y a pas de prix fixe de la bauxite. Le prix moyen est de 25 dollars la tonne. Ce qui est déjà beaucoup. Il faut comprendre que ça correspond à 25 cannettes de Coca Cola. Donc, si on continue comme ça, nous allons perpétuer la malédiction  des ressources naturelles. D’où la volonté du colonel Mamadi Doumbouya de demander aux entreprises exportatrices de rapatrier une partie seulement de leurs recettes d’exportation afin de diversifier notre économie », soutient le Gouverneur de la BCRG.

Pour M. Kaba, l’économie guinéenne  n’est pas que minière, « même si on parle de la Guinée comme étant un géant minier. C’est vrai que la Guinée a  de la bauxite, de l’or, du fer, mais il faut avoir en tête que la Guinée a un potentiel agricole énorme ».

Il a rappelé qu’en 1957, la Guinée était considérer comme le grenier de l’Afrique de l’ouest. Comment le rapatriement des recettes de fera ? Karmo Kaba répond que toute entreprise minière par extension, « toute entreprise exportatrice aura l’obligation de procéder à des  déclarations d’exportations  au niveau des services compétents la DDE (Déclaration Descriptive D’exportation), DDI (Déclaration Descriptive D’importation et le guichet unique de commerce extérieur ».

Ensuite ces sociétés auront un délai de 90 jours pour rapatrier la valeur d’au moins 50% des devises des produits exportés via leurs comptes bancaires. « Les banques primaires qui sont la tutelle de la Banque Centrale de la République de Guinée doivent s’assurer de l’effectivité de ces rapatriements en devise et surtout informer la BCRG via un système de reporting ».

Création d’une commission de recouvrement

Il ajoute : « au niveau de la BCRG nous avons mis une commission de recouvrement de sommes à rapatrier. Nous allons piquer une pénalité à quiconque  qui n’aura pas effectué son travail et libre à elle de répercuter sur le client si elle  le veut ».

Le gouverneur de la BCRG a expliqué que l’importance de ce rapatriement des devises c’est que cela permettra la stabilité macro-économique. Dans la mesure où les devises rapatriées vont aider à stabiliser la balance de paiement et par extension la monnaie nationale contribuant ainsi à maintenir la stabilité macroéconomique  et à éloigner la crise financière.

« L’objectif visé est de réduire la pauvreté parce que nous avons un taux de pauvreté élevé alors que nous avons les mines et plein de potentiel. En permettant une meilleure diversification de l’économie, ces recettes d’importations vont stimuler la création d’emplois dans le secteur du tourisme, dans l’agriculture », à ajouté M. Kaba.

Cela devrait améliorer le niveau de vie de la population et enfin le fait d’avoir beaucoup de devises à la banque centrale va aider à l’appréciation du franc guinéen. « Ce qui va constituer une sorte de bouclier anti-inflation pour la population guinéenne, ce qui sera bon pour le pouvoir d’achat », a conclu le gouverneur de la banque centrale.  Rappelons que la production des mines représente 90% de l’exportation de la Guinée.

Mamadou Diallo (Guinée)

Sénégal-Electricité : Senelec « baisse la tension » du WOYOFAL et précise

L’information relayée ces derniers temps selon laquelle les compteurs woyofal sont devenus plus chers est un secret de polichinelle. Cependant la société Nationale d’électricité dément et apporte des précisions sur le mode de facturation, objet de cette controverse.

La Senelec a mis en place les compteurs prépayés Woyofal « pour permettre à ses clients de maitriser leurs consommations en énergie » et par ricochet «  de réduire le coût de l’électricité ». Sauf que ces derniers temps les consommateurs ont une perception totalement différente. En effet l’augmentation du prix de l’électricité est décrié par beaucoup de consommateurs et clients Woyofal.

Pour la Senelec, il s’agit plutôt d’un manque de compréhension du système de tarification du woyofal qui est la résultante du décret du 30 Décembre 2022, fixant les nouvelles tarifications basées sur différentes tranches par le régulateur. « Déjà ce qu’il faut relever c’est que la Senelec n’a pas la possibilité à elle seule d’augmenter ni de réduire le prix de l’électricité. Il y a un organe dédié à cette prérogative et qui se trouve être la Commission de Régulation du Secteur de l’Energie (CRSE) », a d’emblée souligné Mme Tabara Ndoye Bâ, Directrice Principale Commerciale.

C’est donc le comité qui fixe les prix de l’électricité avant de transmettre la décision à la Senelec qui l’implémente. « Par conséquent, la tarification que nous appliquons aujourd’hui est celle fixée par décret 30 décembre 2022-54 et applicable depuis janvier 2023 contrairement à ce qui se dit », a-t-elle ajouté.

Mode de tarification

Le Woyofal est aujourd’hui utilisé par 70% de la clientèle de la Senelec. Donc il est important pour la société que toute équivoque soit levée au grand bénéfice du consommateur. C’est pourquoi dans sa présentation, Mme Ba Nafissatou DIOP apporte des précisions sur la tarification des différentes tranches de la clientèle aussi bien domestique que professionnelle. « Pour les clients à usage domestique la première tranche se limite à 150kwh, la deuxième tranche à 25Okwh et au-delà de 250Kwh, on est sur la troisième », a expliqué Mme Ba.

Toutefois,  précise la chef de service prépayé, « il est important pour le client, pour une maitrise de sa consommation mensuelle, de faire en sorte de ne pas sortir de la tanche dans laquelle il est classé. Autrement dit recharger juste ce dont on a besoin pour la consommation du mois parce que la tarification est mensuelle et non bimestriel ».

Cet atelier de mise à niveau est organisé par la Senelec avec la presse, pour sensibiliser les journalistes et les clients sur une meilleure compréhension du mode de tarification et de fonctionnement du compteur prépayé Woyofal.

Yanda Sow

Sénégal- FADL : Les miniers ne veulent pas mettre l’argent dans les caisses de l’Etat

Sénégal- FADL : Les miniers ne veulent pas mettre l’argent dans les caisses de l’Etat

Les entreprises minières sont prêtes à se soumettre à l’obligation de verser le fonds d’appui au développement local (FADL) aux collectivités locales conformément à l’article 115 du code minier. Toutefois la chambre des mines représentant les entreprises minières ne veut pas que le fonds soit versé au trésor public.

Depuis sa création en vertu du code minier de 2016, le fonds d’appui au développement local (FADL) n’est pas encore effectif. Du côté de l’Etat, des décisions ont été prises pour que les entreprises puissent libérer ce fonds conformément à l’article 115 du code minier. A ce titre, un avenant modèle soumis aux entreprises minières sur comment prélever les 0,5% du Chiffre d’affaire hors taxes  pour les verser au niveau du trésor régional dans lequel dépendait la commune qui doit bénéficier de ce fonds.

Cette décision prise par le ministère des Mines n’agrée guère les miniers pour qui ce mécanisme ne garantit pas une utilisation optimale des ressources attribuées aux communes pour leur développement économique. C’est pourquoi, les entreprises ont manifesté leurs réserves par rapport à ce mécanisme et c’est l’une des explications des retards constatés dans l’effectivité de ce fonds auprès de collectivités territoriales.

Alioune Sarr secrétaire général de la chambre des mines est sans ambages « Nous en tant que sociétés minières, nous ne sommes pas d’accord avec cette décision du ministre qui voudrait que l’argent soit versé au trésor public. Nous sommes en train de discuter pour réfuter cette mesure qu’ils pensent être un obstacle qui pourrait empêcher un bon suivi des fonds. Nous allons adresser une lettre au ministre de tutelle pour lui faire savoir notre désaccord par rapport à cette décision »

Par ailleurs, pour éviter que les fonds ne soient détournés de leurs objectifs, le secrétaire général de la chambre des mines, propose de s’inspirer de la démarche de Petowal Mining Company (PMC) qui même si elle n’a pas effectué les versements au titre du FADL, a néanmoins financé beaucoup de projets de développement dans cette zone grâce à des comités de suivi mises en place à Mako.

Malgré l’existence de son dispositif législatif, le constat est que le FADL n’est toujours pas opérationnel. Dr Pape Fara Diallo, président de la coalition Payez Ce Que Vous publiez ( PCQVP Afrique) pousse la réflexion plus loin en du Benchmarking dans les autres pays de la région permettrait de tirer meilleur profit des expériences réussies dans la gestion du FADL.

« Le comité national de suivi du FADL qui est institué par le ministre à travers l’arrêté de 2023 est un dispositif qui ne marche pas à mon avis. On ne peut pas prendre un fonds censé impulser le développement local à travers un mécanisme national » a déclaré Dr Pape Fara.

Dans d’autres pays comme la Guinée et la Cote d’Ivoire on a mis en place des comités locaux à. Ce qu’on appelle selon Dr Pape Fara, les comités de développement minier composés des autorités administratives locales, les collectivités territoriales qui sont dans la localité, il y’a la société civile, il y’a les représentants des compagnies, les représentantes des femmes, des jeunes, des chefs coutumiers traditionnels et le fonds est versé au 31 mars de chaque année. La gestion de ces comités est faite de manière collégiale quitte à ce que l’entreprise demande après des contrôles à mi-parcours et en fin d’exercice. 

« C’est pourquoi je propose qu’on fasse un peu de benchmarking dans ces pays-là, on comprendra que l’approche nationale n’est pas la solution et qu’il faudra aller vers cette approche locale » a conclu Pape Fara Diallo.

Yanda SOW

Sénégal-Transition : Saisir les opportunités des hydrocarbures et consolider les acquis du mix énergétique.

En passe de rejoindre le cercle restreint des pays producteurs de pétrole et de gaz dans le monde, le Sénégal s’inscrit dans une dynamique de profiter largement des revenus tirés de cette exploitation d’hydrocarbures pour impulser son développement économique tout en consolidant ses performances dans la transition énergétique.

L’exploitation du pétrole et du gaz aux larges des côtes du Sénégal ne serait pas sans conséquence sur le développement économique du pays. Cependant, les projections de croissance à la suite des découvertes de pétrole et de gaz peuvent s’amenuiser face aux exigences de la transition en cours vers des énergies renouvelables. Ce qui signifie une baisse probable des prix du pétrole à long terme et des perspectives de développements économiques.

C’est pourquoi l’Etat tout en s’inscrivant dans cette dynamique d’aller vers cette transition énergétique, compte par ailleurs saisir les opportunités que lui offre ces découvertes en hydrocarbures d’impacter sur la vie économique et social des sénégalais.

La présidente de l’Initiative pour la Transparence dans l’Industrie Extractive (ITIE) estime que la transition énergétique est une excellente chose mais ne doit pas priver à l’Afrique ses chances de développement économiques. « Il serait important de laisser à l’Afrique l’opportunité de se développer tout en étant exigeant qu’il y ait une transition vers les énergies propres. Cette démarche devrait prendre en compte un aspect important de cette transition, c’est-à-dire qu’il ne soit pas comme ce qu’on a vu ces 2 dernières années en demandant systématiquement d’arrêter les énergies fossiles, et mettre fin au financement de ces énergies fossiles. Ce qui constitue un grave préjudice pour les pays africains » a-t-elle déclaré

Elle ajoute « Pendant ce temps il faut aussi qu’on utilise nos hydrocarbures pour pouvoir apporter des revenus supplémentaires dans notre pays et participer à son développement économique. C’est pourquoi il est important d’avoir une bonne utilisation des revenus des hydrocarbures. D’autant plus qu’on sait que ce n’est pas une ressource qui sera là pour 100 ans mais tout au plus 20 ans 25 ans. Donc on ne peut pas hypothéquer tout notre développement et dire que ce ne sera possible que grâce aux hydrocarbures parce que cela relèverait de l’utopie »

Une Transition énergétique équitable  

En revanche l’Afrique n’a pas dit non à la transition énergétique et Il y’a beaucoup d’exemples qui peuvent être cités citer à titre d’exemple ou des efforts considérables sont en train d’être faits sur la question de la transition énergétique. C’est le cas pour des pays comme l’Angola ou le gouvernement travaille sur les énergies renouvelables tout en mettant l’accent sur la transparence sur les revenus. C’est le cas également pour la Mauritanie à coté de nous aussi qui a donné l’exemple de l’hydrogène vert et cela m’a beaucoup marqué.

Toutefois il est important que cette transition soit équitable parce qu’il est incompréhensible de considérer que les pays développés ont pollué le monde pour se développer et qu’aujourd’hui cette opportunité soit refusée aux pays africains qui ne représentent que 3% de la pollution mondiale.

« S’agissant du Sénégal bien qu’on veuille faire plus parce qu’on a des projets de faire 50% de notre mix énergie d’ici 2025. On s’était dit qu’il était important de commencer avec ce mix énergétique et on en est à 30% au Sénégal tout en utilisant les revenus qui seront issus de l’exploitation du pétrole et du gaz pour bâtir notre développement économique »

Toutefois précise Mme Awa Marie Colle Seck « Dieu nous a donné du soleil et on devrait encore faire plus que ça et développer nous-même ces outils parce qu’on ne peut pas nous dire aller vers les énergies propres et que ce sont les mêmes grandes puissances qui vont nous vendre ces produits. Il faudrait que nous aussi qu’on puisse fabriquer ces produits que nous utilisons pour la transition énergétique »

Yanda SOW