vendredi, mai 30, 2025
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Burkina Faso : les subtilités du nouveau code minier. 

L’exploitation minière au Burkina est désormais régie par le nouveau code minier adopté le 26 juin 2023 par une large majorité des députés de la Transition. Au nombre des innovations dans ce nouveau code il y a l’instauration de 3 fonds qui permettront, entre autres, de promouvoir le développement local et la préservation de l’environnement. Ces fonds sont répartis comme suit : un fonds minier de développement local, un fonds de réhabilitation, de sécurisation des sites miniers artisanaux et de lutte contre l’usage des produits chimiques prohibés et un fonds de financement de la recherche géologique et minière et de soutien à la formation sur les sciences de la terre.

  • Le fonds de développement local qui est affecté au financement des plans régionaux et communaux de développement sera alimenté par l’Etat et les entreprises minières. La part de l’Etat s’élève à hauteur de 20% des redevances proportionnelles collectées, liées à la valeur des produits extraits et/ou vendus. Quant aux entreprises minières, elles devront reverser 1% de leur chiffre d’affaires mensuel hors taxes ou de la valeur des produits extraits au cours du mois.
  • Le fonds de réhabilitation, de sécurisation des sites miniers artisanaux et de lutte contre l’usage des produits chimiques prohibés devra être alimenté par 25% de la redevance forfaitaire payée par les bénéficiaires d’autorisation d’exploitation artisanale de substances de mine ou de carrière.
  • Le dernier fonds, lui, sera alimenté par 15% des redevances proportionnelles, des taxes superficialités, des droits fixes et des frais de demandes d’agrément, d’achat et de vente d’or collectés. Outre ces aspects, contrairement à l’ancien code où ils bénéficiaient de moins 10 sur l’impôt sur le bénéfice, le nouveau code applique simplement le régime de droit commun à toutes les entreprises.

 La question de l’emploi des jeunes a aussi été prise en compte dans ce code à son article 39. En outre, pour un secteur économique plus fort et compétitif, le nouveau code établit une interconnexion entre les entreprises minières et toutes les autres entreprises du Burkina. Pour la promotion des entreprises locales, un cadre tripartite sera mis en place pour leur permettre de fournir des biens et des services aux entreprises

En somme ce nouveau code prend en compte les différentes préoccupations que nous avons : le respect des droits humains, le développement local et la préservation de l’environnement. Mais, il ne baisse pas pour autant la garde car, a-t-il ajouté, en tant que sentinelle, le réseau va continuer à jouer son rôle de veille pour que l’argent qui sera collecté puisse aller directement aux bénéficiaires et servir à réaliser les plans de développement, tel que prescrit par la loi. Pour le ministre des Mines et de l’énergie, Boubacar Ba, l’adoption de cette loi était aussi le vœu des Partenaires techniques et financiers. « Loin d’être une loi qui fera fuir les investisseurs, c’est plutôt un consensus qui a été trouvé. 

Pour beaucoup de burkinabé le nouveau code minier comme les anciens ne vaudra que par son applicabilité. Faire un diagnostic sans complaisance sur les manquements dans l’application des anciens codes miniers permettra certainement de réussir cette avancée notable dans la gestion des sites miniers.

En rappel depuis 2010, le Burkina Faso est devenu un pays minier majeur en Afrique. La production aurifère connaît particulièrement un accroissement ces cinq dernières années. Entre 2016 et 2019, 10 nouvelles mines sont entrées en activité portant à 17 le nombre total des mines en extraction. Au cours de la même période, 214,4 tonnes d’or ont été produites, avec une progression allant de 38,5 tonnes en 2016 à 52,6 en 2018.

Avec ces productions, l’or est devenu le premier produit d’exportation du Burkina Faso, en remplacement du coton. Selon les informations officielles, le Burkina Faso est classé cinquième pays producteur d’or en Afrique après le Ghana, l’Afrique du Sud, le Soudan du Nord et le Mali.

Les mines ont aussi contribué à améliorer l’état des caisses du Burkina Faso. Durant les cinq dernières années, elles contribuent à 10,85% au PIB. Elles ont également porté à 944 milliards de FCFA les recettes budgétaires, avec une progression allant de 190 milliards en 2016 à 276 milliards en 2019 et à 4 870 milliards de FCFA les recettes d’exportation, avec une progression allant de 974 milliards à 1420 en 2019.

Près de 20 milliards sont répartis aux communes dans le cadre du Fonds minier pour le développement local. Cette embellie reste à relativisé au regard de la situation sécuritaire très difficile liée aux attaques terroristes. 

Cherif Coulibaly (Burkina Faso)

Guinée-Fer : Vers la production du gisement de Simandou

Détenteur des blocs 3 et 4 du gisement de fer du Simandou, dans le sud-est de la Guinée, Rio Tinto a signé le 17 août un contrat d’exécution de terrassement d’une valeur de 244 millions de dollars  avec la filiale ouest-africaine de Chinese Overseas Engineering Co, Ltd (COVEC). Le développement du projet ne devrait plus tarder.

Dans la perspective de la construction de la mine de Simandou, le géant minier Rio Tinto multiplie les signatures de contrats avec des sociétés sous-traitantes. C’est une étape cruciale dans le développement du projet. Cette société aura pour tâche de préparer les sites pour la construction de nouvelles infrastructures sur la mine de Simandou. Les équipes de COVEC se concentreront sur les zones industrielles de la mine, la piste d’atterrissage de l’aéroport de Beyla et les camps de construction du chemin de fer reliant la mine de Rio Tinto au futur réseau de la Compagnie du TransGuinéen. Cet accord est l’un des deux contrats de terrassement attribués par Rio Tinto au cours du dernier mois, pour une valeur totale de 544 millions de dollars.

Derrick Hansen, Directeur des achats de Rio Tinto a indiqué que l’attribution de cet important contrat à la société COVEC est le début d’une nouvelle relation commerciale. « Le début des travaux de terrassement marque une étape clé dans le développement du projet, et pour Rio Tinto cela rend encore plus concrets ses engagements. COVEC a fait des progrès considérables depuis le début des travaux à la mi-juin, et les ouvriers sont déjà mobilisés. Pendant la durée du contrat, les travaux de terrassement créeront des emplois et des opportunités de formation, alors que le rythme des travaux s’accélère régulièrement », a-t-il précisé.

Des opportunités réelles pour les communautés

Zach Zang, représentant de COVAC, assure que la société profitera de sa vaste expérience pour que les travaux d’infrastructures de la mine Simandou se déroulent rapidement et en toute sécurité. Il précise que le transfert et l’amélioration des compétences des travailleurs locaux sont également au centre des préoccupations de COVEC tout au long du contrat.

« Nous, nous engageons à recruter 100% de la main d’œuvre non qualifiée auprès des travailleurs guinéens, en particulier les communautés locales, dans un rayon de 80 km et maximiser l’emploi des chauffeurs, d’opérateurs, des travailleurs qualifiés et de gestionnaires en Guinée », a-t-il promis.

« COVAC s’engage à travailler sur les exigences de Rio Tinto  et du Gouvernement guinéen en matière de normes et spécifications techniques de santé et de sécurité, de performances environnementales, communautaires et sociales, de contenu commercial local et de Relations industrielles. COVAC fera de son mieux pour servir Rio Tinto car nous faisons tous partie du projet Simandou », a conclu Zach Zang, le représentant de COVAC.

Avec l’accord du Gouvernement guinéen, Rio Tinto compte débuter la production du minerai de fer en 2025 selon le Directeur des achats.

Mamadou Diallo (Guinée)

Afrique-Climat : L’impératif de financer l’adaptation

Les acteurs de la société civile qui militent en faveur du climat portent le plaidoyer pour que les pays du nord respectent leurs engagements en finançant les pays impactés. Cela permettrait une meilleure prise en charge des questions liées à l’adaptation en Afrique.

La problématique de l’adaptation aux changements climatiques dans le contexte national et international a été au cœur des discussions lors de l’atelier organisé par Action Solidaire Internationale (ASI) et PACJA.

L’adaptation dans le contexte international à travers des instruments internationaux depuis l’accord de Paris et bien avant, permet de voir toutes les évolutions qu’il y a eu et de procéder à une analyse dans le contexte national. L’accord de Paris a fait que tous les pays soient responsables, même si c’est à des niveaux différents.

« Avec la Contribution Déterminée Nationale (CDN), les pays doivent effectivement dégager leurs stratégies sur comment ils vont contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre », a déclaré Mamadou Barry Directeur exécutif de l’ONG Action Solidaire Internationale par ailleurs Président de la plateforme PACJA Sénégal.

Il ajoute : « la problématique des changements climatiques repose soit sur l’adaptation, soit sur l’atténuation. Le constat est que, pour la plupart, c’est sur l’atténuation que l’accent est mis alors que pour nous les pays africains, l’adaptation reste l’élément le plus important ».

La rencontre a donc servi de tribune de partage et de réflexion sur les stratégies de plaidoyer pour que les décideurs nationaux et internationaux accordent plus d’attention à la question liée à l’adaptation. Au niveau local, les communautés expérimentent des méthodes d’adaptation qui ont besoin d’être financés.

« Il faut que les financements soient au rendez-vous, d’abord au niveau national, ensuite au niveau international. C’est vrai que si nous plaidons pour que les pays du nord puissent respecter leurs engagements afin que les financements puissent arriver dans les pays impactés, nous demandons, en même temps, à nos autorités, une fois que cet argent est disponible, de financer des actions d’adaptations locales », a ajoute M Barry.

L’Etat, pour sa part, soutient que depuis l’accord de Paris, des avancées importantes sont notées. Il s’agit de la prise en compte de l’adaptation dans les politiques nationales, dans les documents de planification et même dans la budgétisation. « On a priorisé les secteurs les plus vulnérables qui sont dans la Contribution Déterminée Nationale. Il y a 6 secteurs prioritaires du document qu’il faut prendre en charge par rapport aux aléas climatiques et à l’engagement de l’accord de Paris qui demande à une responsabilité différenciée mais partagée. Cela s’explique par le fait que les pays développés émettent beaucoup plus de gaz à effet de serre par rapport à l’Afrique ».

Par ailleurs, pour le financement il est demandé, d’élaborer des plans nationaux d’adaptation qui définissent les stratégies d’adaptation après consultation de tous les acteurs. « Maintenant, il faut mettre en avant les ressources propres et trouver, avec les partenaires au développement, le renforcement des mécanismes dédiés à la finance climatique, à savoir le fonds vert climat, le fonds d’adaptation, entre autres », préconise Amadou Barry.

Yanda Sow

Incendie de stations d’essence : Manifestants et riverains en danger de mort

Le Sénégal traverse une crise sans précédent avec l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko. Des scènes de violences sont notées dans plusieurs zones du pays, notamment à Dakar. Les stations services sont les cibles prioritaires des manifestants qui propagent le feu partout .

Il s’agit là d’actes « extrêmement dangereux » aussi bien pour les protestataires que pour les voisins de ces stations d’essence. Les jeunes en colère utilisent également des produits pétroliers, hautement inflammables pour allumer le feu ou fabriquer des cocktails Molotov. Il s’agit d’un vrai danger public selon l’expert Demba Ndiaye, QHSE, ingénieur chimiste en hydrocarbures.

 Les attaques des stations-services peuvent entraîner des catastrophes. « La manipulation de produits pétroliers par des mains inexpertes expose la population à des dangers », a fait savoir, Demba Ndiaye, également contrôleur de qualité des hydrocarbures et formateur.

Il explique : « les pompes que vous voyez dans les stations service sont reliées à des cuves de super mais aussi de gasoil enfouies dans le sol et si par malheur le feu parvient à atteindre ces cuves, l’explosion est inévitable. De telles explosions peuvent causer des dégâts dans un rayon de 2 à 3 km et une hauteur de 20m ».

C’est pourquoi, il appelle les manifestants à plus de prudence et tient à les sensibiliser sur les dangers qu’ils encourent. « Il ne faut jamais, même en cas de manifestation, essayer de mettre le feu aux stations, au risque de créer une catastrophe dont il sera difficile d’évaluer les dégâts matériels et humains », prévient Demba Ndiaye.

Yanda Sow

Mines-Contenu local : Craintes, contraintes et plaintes des fournisseurs locaux

L’accès au financement reste le problème majeur auquel les fournisseurs locaux sont confrontés. Ils se plaignent du manque d’efficacité de l’accompagnement du Gouvernement et disent ne pas comprendre leur absence du Comité de Suivi du Contenu Local.

«A Kédougou, nous menons le combat pour la promotion de la fourniture locale et l’accès aux emplois. D’aiilleurs pour atténuer les impacts dans les zones d’extraction, il faut que la priorité reste locale », préconise Idrissa Diallo, Président de la Plateforme des Fournisseurs des Industries Minières (PLAFOMINE).

L’accès aux financements reste un vrai problème pour les fournisseurs locaux. Le gouvernement doit aider les acteurs à trouver la bonne formule. Selon le Président de la PLAFOMINE, « les banques sont concentrées à Dakar et celles qui sont à Kédougou sont excessivement chères. Ce qui constitue un frein au développement des entreprises locales ».

A lire aussi : http://africapetromine.com/kedougou-en-plus-de-la-poussiere-tomboronkoto-inhale-les-lacrymogenes-des-fds/

Idrissa Diallo estime que le Gouvernement est en retard par rapport aux entreprises minières. Il considère qu’il n’y a pas d’efficacité dans la façon de les accompagner. « Notre principal souci c’est notre absence du comité. Donc nous demandons l’arbitrage des sociétés minières qui voient les fournisseurs à l’œuvre. La volonté est bien présente mais il y’a un retard du gouvernement par rapport aux miniers », regrette le Président de la Plateforme des Fournisseurs des Industries Minières.

Il conclue en appelant à plus d’équité en évitant le favoritisme entre les entreprises nationales et les multinationales.

Absence de la PLAFOMINE du CNSCL, Idrissa Diallo dénonce

L’approche inclusive maximise les chances de tous les acteurs locaux, de bénéficier au mieux du contenu local. Idrissa Diallo, Président de la Plateforme des Fournisseurs d’industries minières (PLAFOMINE) demande au Gouvernement d’avoir le sens de l’écoute. Il ne comprend pas que cette organisation ne soit pas représentée au sein du Comité de suivi du contenu local.

« Vous savez, l’Association des Fournisseurs de l’Industrie Minière (ASFIM) nous a devancé dans ce comité alors qu’elle n’a pas de plan d’action. Or, nous sommes nés en 2016 et avons fait un bilan donc nous restons dans l’action. Nous avons effectué des voyages de benchmarking pour profiter de l’expérience des autres », déclare Idrissa Diallo.

En effet, en décembre 2022, la PLAFOMINE s’est rendue au Burkina sur invitation de l’Association sœur. Elle est également allée au Canada et au Ghana. C’est la raison pour laquelle, son Président estime que leur structure est mieux outillée pour apporter une contribution pour le bon fonctionnement du comité. 

Ndèye Mour Sembène

Lexique pétrolier : Le cost-stop (par Dr Ousmane Cissé)

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Le Cost-stop, pour le Contrat de Partage de Production (CPP), se définit comme l’ensemble des dépenses engagées pour le compte du pays producteur, par la société pétrolière, afin de donner une vie économique a un gisement jugé économiquement rentable.

En effet, les coûts pétroliers sont récupérés selon l’ordre des catégories ci-après :

  • coûts pétroliers au titre des travaux d’exploration ;
  • coûts pétroliers au titre des travaux de développement ;
  • coûts pétroliers au titre des travaux de production ;
  • coûts pétroliers au titre des provisions pour la couverture des coûts des travaux d’abandon.

Ces coûts pétroliers sont récupérés chaque année (cost-stop) à un taux qui est négocié entre les deux parties pour être remboursés totalement pendant une période de 5 à 7 ans. Le cost-oil est composé de 80% de Capex (exploration : 30% ; développement : 50%) et d’Opex (20% production).

Le profit-oil de la société pétrolière dans le contrat de partage de production, pour chaque zone de permis, se présente de la façon suivante :

  • si la part de production nette effectivement affectée au remboursement des coûts pétroliers est égale ou supérieur à 50% de cette production nette, la part du profit-oil de l’opérateur est de 50% du profit-oil.
  • si la part de production nette effectivement affectée au remboursement des coûts pétroliers est inférieure à 50% de cette production nette, la part de l’opérateur est de 35% du profit-oil sur la partie de ce profit-oil comprise entre la quantité d’hydrocarbures liquides correspondant au remboursement des coûts pétroliers de 50% de la production nette ; sur la partie restante du profit-oil, le contracteur recevra 50%.

Communication désastreuse, pression inutile sur Woodside : quand le Gouvernement se « noie » dans Sangomar !

« First oil » ! Nouvelle échéance, (prochaine déchéance ?) : 2024 ! On ne verra pas le « baril du mandat ». Nous soutenions, depuis janvier 2022, que le premier baril de pétrole ne pouvait pas être commercialisé en 2023. Que le premier report était justifié, mais que le nouveau délai restait court. Ce n’est « pas sorcier ». Beaucoup le savait. A l’époque, tous les signaux étaient au rouge, mais le Gouvernement a maintenu sa pression (inutile) sur l’opérateur Woodside, en dépit des effets COVID, de la situation économique et de la géopolitique pétrolière. Il n’y a aucune surprise ! Aujourd’hui, l’étau se desserre pour des raisons évidentes. 2024 reste, tout de même, l’année de tous les (im)possibles.

Il n’y a aucune surprise, disais-je, ni pour le Gouvernement, encore moins pour les techniciens et les spécialistes du secteur pétrolier. On a demandé l’impossible à l’opérateur. Des sacrifices énormes, notamment en termes d’investissements, durant une période incertaine, marquée par une crise sanitaire sans précédent et son lot d’impacts économiques, ont été consentis par les partenaires de la joint venture, dont Far Limited. Cette dernière était obligée, le 11 novembre 2020, d’annoncer son retrait des blocs offshores sénégalais Rufisque Offshore, Sangomar Offshore et Sangomar Offshore Profond.

On évoquait des problèmes économiques. Il est clair que la compagnie australienne, assez modeste, ne pouvait pas prendre des risques supplémentaires. Ce n’est même pas dans ses ambitions de se lancer dans la production. Comme beaucoup de multinationales de son poids, qui amassent les capitaux de tiers grâce à la bourse et qui investissent dans la recherche à leurs risques et périls, FAR ne pouvait pas aller plus loin et les autorités devaient le savoir. Elles le savaient. Elles savaient donc qu’il y avait un autre obstacle à franchir dans le futur : la période de la cession des parts de FAR à un nouvel acquéreur extérieur au projet ou issu de la joint venture (Woodside, finalement le 7 juillet 2021 : 13,67% de Sangomar et 15% de RSSD). Un moment d’enchainement de procédures et d’incertitudes à gérer. 

Il faut rappeler que la collaboration FAR-Woodside se détériorait de jour en jour, depuis les premiers accrochages de 2017. Concomitamment, la pandémie affectait sérieusement le secteur des hydrocarbures dès les premiers mois de 2020. Un motif économique donc… Pourtant, la cession des parts de FAR à sa filiale sénégalaise a été approuvée le 2 avril 2020, par le ministre du Pétrole et des Energies d’alors, Mouhammadou Makhtar Cissé, soit juste 8 mois auparavant. Juste 8 mois, pour se rendre compte que la situation n’était pas celle qu’on imaginait, pour une multinationale ! Elle avait donc tout planifié.

Woodside semblait heureuse de se débarrasser d’une « sœur ennemie » qui devenait encombrante et dont le retrait (inévitable), commençait à durer, alors que l’opérateur n’avait vraiment plus de temps à perdre. Mais il fallait rester prudent dans le choix du futur acquéreur des parts mises en vente. La partie sénégalaise avait maintenu la pression sur l’opérateur. Le plus important pour les autorités sénégalaises, c’était de voir les premiers barils en 2023, quelque soit le prix à payer. La pression !

A plusieurs reprises et à de multiples occasions, l’actuel ministre du pétrole et des énergies et beaucoup de ses collaborateurs, ont insisté sur l’échéance. Ce refrain, tout le monde avait fini par le maîtriser : le Sénégal, dans le landerneau des pays pétroliers. Notre pays allait donc intégrer (dès décembre 2023, au plus tard), dans l’imaginaire de ceux qui y croyaient (à la date), les (grands) pays pétroliers. Aucun doute là-dessus (ou plutôt, aucune place pour le doute ou le conditionnel). Même les prévisions budgétaires, basées sur cette future manne financière, étaient surréalistes. Les économistes en ont parlé. La plupart ont voulu rester prudents.

Le pire management des attentes et des risques

On ne jure pas pour l’incertitude. Pourtant, c’est le jeu dangereux auquel le Gouvernement s’est prêté dans sa communication sur les attentes. Les autorités sénégalaises ont trop insisté sur 2023. Il devrait y avoir de la place pour le conditionnel. Il ne faut, ni être trop euphorique au point de créer les mirages d’un pays sorti de l’ornière, tout de suite, ni trop pingre en « vérités factuelles », afin de maintenir un climat de confiance et des attentes raisonnables.

Les plateaux de la RTS et le studio de Sud Fm, les séminaires, les ateliers, ont été des moments privilégiés pour « vendre » aux sénégalais un pays émergent, dès les premiers jours de 2024.

Le Gouvernement ne donnait aucune autre alternative à l’opérateur Woodside. C’était à prendre, ou à prendre. Les spécialistes avaient émis des réserves sur les délais, dès 2022. Ils avaient vu venir. Beaucoup étaient devenus sceptiques, à raison, puisque le secteur pétrolier est conditionné, à la fois par des facteurs externes et internes qui échappent généralement au contrôle de l’opérateur (technicien) et du décideur (politicien).

Le Gouvernement le savait. Mais depuis 2021, à la suite du premier report des délais du « first oil » et du « first gas», l’intention était devenue claire : exercer une forte pression sur les opérateurs pour que les productions démarrent avant la fin du mandat présidentiel. On devait, par tous les moyens, voir le « first oil » et le « first gas », avant 2024.

La communication sur cette question, ne prenait guère en compte les énormes risques, pourtant connus, même des profanes, qui entourent cette activité. L’industrie est un vrai château de sable. Elle craint la tempête et déteste les orages (instabilité politico-sociale et manque de transparence). C’est pourquoi, il est important de rester prudent et de prier pour que le temps reste clément, tout en évitant « la météo et les calculs politiciens ».

Voilà pourquoi le conditionnel est un temps charmant. Il offre toujours une issue de secours et une bouche d’incendie à qui sait l’employer au « temps juste ». Qui sait ? L’industrie n’aime pas le feu, même s’il en produit (au propre, comme au figuré). Il faut juste savoir gérer la flamme.

Abdou Diouf Junior

Kédougou : En plus de la poussière, Tomboronkoto inhale des lacrymogènes

Des affrontements ont éclaté ce vendredi dans le village de Tomborokoto. La compagnie Petowal Mining Company (PMC) exploite une mine d’or, non loin de là, dans la zone de Mako, village voisin. Tout est parti d’une opération de sondage menée par les géologues de la compagnie.

Les populations se sont interposées en interdisant les activités. Les techniciens de la mines sont revenus à la charge sous escorte de la gendarmerie. Les villageois ont riposté en jetant des pierres aux FDS qui ont, à leur tour, tiré des grenades lacrymogènes.

Les échauffourés ont occasionné des dégâts matériels dont une dizaine de cases parties en fumée. La gendarmerie a mis la main sur une vingtaine de personnes.

Il faut rappeler qu’une partie du village de Tomboronkoto, chef lieu de la commune éponyme, se trouve dans le périmètre de PMC. Il sera, d’ailleurs, procédé à la délocalisation des concessions concernées. La route nationale devrait, elle aussi, être coupée.

Fili Cissokho (Kédougou)

GTA : Le 3FPT veut outiller les acteurs de saint louis

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Dans le cadre de son programme sectoriel, le 3FPT a organisé un atelier à saint louis pour mieux sensibiliser et outiller les acteurs. C’est pour leur permettre de saisir les opportunités qu’offre l’exploitation du pétrole et du gaz.

La première étape consiste à identifier des métiers du secteur et les besoins en compétences pour les adapter aux offres de formations du Fonds de Financement de la Formation Professionnelle et Technique (3FPT). Il s’agira, ensuite de connaître les besoins du secteur et de mobiliser toutes les ressources nécessaires pour le développement du capital humain.

« Pour nous, il était important de réunir l’ensemble des acteurs pour voir, à travers une démarche holistique, comment on peut accompagner des entreprises pour qu’elles soient plus performantes et plus compétitives afin de participer à l’employabilité des jeunes et pourquoi pas être des créateurs d’emplois elles-mêmes », a déclaré Mme Sophie Diallo, Directrice générale de 3FPT.

A travers cette approche holistique, le 3FPT veut recentrer ses financements pour plus d’efficacité. « Nous voulons des financements plus utiles. Nous sommes en train de faire l’étude d’impact des bénéficiaires de nos formations. Il y’a des secteurs porteurs déjà identifiés à travers le PSE et en ce qui concerne le secteur extractif de manière générale, nous avons déjà été à Kédougou, dans le cadre de l’exploitation des mines. Mais quand on parle de pétrole et de gaz, il est nécessaire de venir à Saint-Louis pour cet atelier sectoriel afin de faire le focus sur ces ressources », a ajouté Sophie Diallo.

Il s’agit d’un secteur nouveau au Sénégal. Le besoin de formation des acteurs est très élevé. Des établissements de formation ont pris part à l’atelier pour profiter de formations nouvelles qui n’existent pas dans  les curricula des parcours classiques du 3FPT.

Le secteur du pétrole et du gaz exigent des standards internationaux. Il y a tout un écosystème qu’il faut construire. Il existe plusieurs opportunités dans les secteurs connexes comme l’agriculture, la pêche et beaucoup d’autres activités à labéliser pour saisir toutes ces opportunités. « C’est pourquoi nous voulons un plan d’action à résultat rapide d’autant plus qu’on nous parle du « first oil » et du « first gas » en début d’année 2024. Pour cela il nous faut l’ensemble des compétences pour capter toutes ces opportunités », a dit la Directrice Générale du 3FPT.

Elle ajoute : « nous voulons être aux côtés des acteurs et avec les autorités locales pour aider à une meilleure sensibilisation pour voir ensemble comment avoir ce plan d’action sur le court terme mais également des résultats sur le moyen et le long terme », conclue Sophie Diallo.

Yanda Sow

Konkoutou Hill :  8 tonnes d’or exploitables par la compagnie sénégalaise SENGOLD

Les réserves ou ressources économiquement exploitables à Konkoutou s’élèvent à 289 000 onces sur les 373 000. Il s’agit d’à peu près 8 tonnes d’or qui peuvent être récupérées par la société sénégalaise SENGOLD.

Le projet d’exploitation aurifère de Hill est développé par l’entreprise sénégalaise SENGOLD, détenue, à 100%, par des sénégalais. C’est une première dans le secteur minier où l’on est habitué à voir de grandes multinationales exploiter de l’or.

« Dénoncer quand il y’a des irrégularités c’est bien, mais cela ne suffit pas. Il faut agir et poser des actes concrets. C’est ce que nous avons fait, en mettant en place une société dont 100% du capital et de l’actionnariat sont détenu par des sénégalais ». C’est ce qu’a déclaré M. Lamine Diack Diouf, le promoteur du projet minier de Konkoutou, dans la région de Kédougou.

Il ajoute : « à la différence de ce que nous constatons avec les grandes compagnies minières étrangères, nous allons faire en sorte qu’une bonne partie de cet or reste au Sénégal pour pouvoir créer de la richesse mais aussi créer de la valeur ajoutée à cette activité ».

Des teneurs très élevés et des études qui se poursuivent montrent qu’il est possible de récupérer l’or à 98% dans la roche oxydée et à 95% dans la roche fraiche.

Selon l’ingénieur Géologue Moussa Diba, « une exploitation à ciel ouvert, une exploitation à mis sous terraine et une exploitation en profondeurs sont possibles, selon les intersections aurifères observées, comparativement aux autres mines de la région et celles de la sous-région ouest africaine. On se rend compte qu’à Konkoutou, nous avons des intersections exceptionnelles et les teneurs dans la mine  sont très élevées ».

Pour le moment, il y a 373 000 en ressource onces d’or soit l’équivalent de 11 tonnes. Il y a des possibilités d’évolution au regard de la structure de la mine, avec des extensions latérales et des extensions en profondeur.

« Selon l’analyse financière du projet, avec un capital d’investissement d’environ 64 millions de dollars et une production totale de 281 787 onces, on peut avoir un chiffre d’affaires de 507,2 millions de dollars et avoir un bénéfice net de 270,1 millions de dollars » a déclaré Moussa Diba.

La production moyenne d’or est estimée à 25 600 onces équivalents à 800 kg d’or chaque année, pour les 25 prochaines années. Il s’agit donc de 8 tonnes de réserves qu’on peut exploiter. Le développement du projet est en cours et les productions sont attendues au cours de l’année 2024.

Yanda Sow