Sénégal-Transition Énergétique : L’impératif de gérer les émissions de méthane

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NRGI a organisé un atelier de dialogue prospectif pour renforcer le débat public sur la transition énergétique au Sénégal, mettant l’accent sur le rôle crucial de la société civile et les enjeux des émissions de méthane dans le secteur du pétrole et du gaz. Cet événement visait à inciter les décideurs à prendre des mesures salvatrices et à poser les bases d’une transition énergétique juste et respectueuse de l’environnement.

Mme Aïda Diop Ndiaye, Responsable du Programme Sénégal à NRGI, a souligné l’importance d’anticiper la gestion des émissions de méthane et de revoir la politique réglementaire, notamment les décrets d’application du Code de l’environnement, qui ne sont pas encore en place. Des révisions, telles que celles de la Contribution Déterminée Nationale (CDN), doivent également tenir compte des enjeux climatiques et sectoriels.

NRGI a lancé deux nouveaux rapports : l’un sur la stratégie « Gaz-to-Power » et l’autre appelant à des actions urgentes pour améliorer la transparence et la gestion des émissions de méthane. « Les impacts doivent être examinés sur le long terme. Bien que le Sénégal n’ait pas encore de problèmes majeurs avec les émissions dans ses opérations d’hydrocarbures, il est crucial de se préparer à des développements rapides qui pourraient entraîner des conséquences négatives », a-t-elle averti.

Mme Ndiaye a salué les initiatives gouvernementales et les efforts de pays comme le Nigeria, qui fait face à des défis majeurs dans la gestion des émissions de méthane. Elle a souligné que les pratiques de torchage du gaz au Nigeria ont eu des impacts économiques significatifs. « Le Sénégal doit s’inspirer des meilleures pratiques internationales et anticiper des mesures pour renforcer la transparence sur les émissions de méthane et améliorer les systèmes de suivi, tels que les systèmes MRV », a-t-elle ajouté.

De plus, elle a appelé à un engagement renforcé du secteur privé pour faciliter l’accès aux données et aux méthodologies utilisées dans les projets énergétiques. « La société civile et les médias jouent un rôle crucial dans la gouvernance des hydrocarbures. En étant bien informés, ils peuvent influencer les politiques publiques et inciter à des mesures efficaces pour la gestion des émissions », a conclu Mme Ndiaye. « L’objectif est de sensibiliser les communautés et les acteurs de la société civile pour qu’ils comprennent les enjeux de la transition énergétique et des émissions, afin de favoriser le dialogue, trouver des consensus et influencer les décideurs. »

Par ailleurs, Monsieur Yakhya Badiane, environnementaliste à la direction des hydrocarbures au ministère des énergies, du pétrole et des mines, a abordé les questions environnementales liées aux projets pétroliers et gaziers du Sénégal. Il a souligné l’importance de considérer les émissions de gaz à effet de serre et la réduction du méthane dans le contexte du changement climatique.

« Le Sénégal est aujourd’hui un pays pétrolier et bientôt un pays gazier. À partir de ce moment, il est important de se poser un certain nombre de questions relativement aux aspects environnementaux et plus particulièrement sur les émissions de gaz à effet de serre et la réduction du méthane. Naturellement, ce sont des questions qui se posent pour tout pays ayant de tels projets pétroliers et gaziers, d’autant plus que le changement climatique nous exige à être plus regardants sur ces questions-là. »

De plus, M. Badiane a également souligné l’importance de disposer de ressources énergétiques pour répondre aux besoins de base du Sénégal, tout en reconnaissant qu’il est crucial de ne pas utiliser ces ressources de manière éternelle. « Le Sénégal est très enclin à ces questions. C’est pourquoi, en même temps que le Sénégal développe son énergie pétrolière et gazière, le pays est également en train de se plonger dans ce qu’on appelle la transition énergétique. Nous avons signé récemment un partenariat pour une transition énergétique juste (JETP), qui est le 4e du genre au monde. C’est pour vous dire que le Sénégal anticipe déjà sur ces questions. »

Babacar Sarr souligne que les coûts pour remédier aux impacts des événements climatiques dépassent déjà 100 milliards de dollars, un montant que les pays en développement demandent comme financement aux pays développés. Les coûts de prévention n’ont pas encore été quantifiés.

Pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris de limiter la hausse des températures à 1,5 degrés Celsius, les scientifiques recommandent une réduction progressive des émissions, atteignant le net zéro d’ici 2050. La situation mondiale met en danger la survie humaine et l’activité économique.

Au Sénégal, le défi est de concilier l’utilisation du pétrole et du gaz avec les besoins énergétiques et les défis climatiques. Les pays signataires de l’accord de Paris, y compris le Sénégal, ont soumis des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) pour mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation. Ces engagements incluent des énergies renouvelables et la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre.

Toute la population, y compris le secteur privé, les ONG et les collectivités, doit participer activement à la mise en œuvre de ces engagements et viser des objectifs plus ambitieux.

Yanda Sow

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