Dans le cadre de l’atelier organisé par Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) à Thiès, un focus group dirigé par l’expert environnementaliste M. Lamine Diagne a exploré les impacts du changement climatique sur les femmes. Cet échange participatif a rassemblé des femmes de divers secteurs, des organisations locales et des communautés pour identifier les défis spécifiques auxquels elles font face et proposer des solutions adaptées.
Selon M. Diagne, cet atelier visait à comprendre comment les femmes, particulièrement en milieu rural, sont affectées par les dérèglements climatiques dans leurs activités quotidiennes et économiques. Les témoignages ont révélé que les femmes sont conscientes des effets du changement climatique et développent des mécanismes de résilience basés sur leurs savoirs traditionnels. Cependant, leur vulnérabilité sociale et économique exacerbe les impacts, réduisant leurs capacités à s’adapter.
Les participantes ont mis en avant des difficultés majeures telles que la salinisation des sols, l’érosion côtière et les inondations, qui affectent gravement les cultures et les revenus des ménages. Elles ont également souligné leur surcharge de travail domestique, notamment la collecte du bois de chauffe, qui amplifie leur exposition aux chocs climatiques. Dans des villages comme Keur Moussé, l’absence d’alternatives énergétiques les contraint à une dépendance accrue au bois, tandis que leurs homologues urbaines peuvent parfois bénéficier d’équipements modernes pour atténuer les effets climatiques.
Les secteurs agricoles et de transformation, où les femmes jouent un rôle clé, sont particulièrement touchés par les changements climatiques. Les fluctuations de prix, le manque d’accès aux financements et la rareté des informations climatiques compliquent la planification de leurs activités. Une participante transformatrice de poisson a expliqué que la diminution des ressources halieutiques, couplée à l’absence de soutien financier, menace la viabilité de son activité.
Les discussions ont débouché sur plusieurs recommandations, pratiques et stratégiques, pour réduire les impacts climatiques et renforcer la résilience des femmes.
Les participantes ont insisté sur l’importance de développer l’accès aux énergies renouvelables, en mettant en place des infrastructures solaires et des équipements modernes pour réduire la dépendance au bois de chauffe. Cela contribuerait à limiter les impacts environnementaux tout en améliorant la qualité de vie des femmes rurales.
Elles ont également proposé l’élargissement des assurances agricoles afin de protéger les agricultrices contre les pertes financières causées par les aléas climatiques. Ces assurances devraient être adaptées aux réalités économiques des femmes et accessibles dans les zones rurales.
Une sensibilisation accrue des communautés a également été identifiée comme une priorité. Les participantes ont souligné la nécessité de campagnes d’éducation sur les impacts climatiques, impliquant hommes, femmes et enfants. Ces initiatives doivent promouvoir une répartition équitable des responsabilités domestiques et encourager une gestion collective des ressources naturelles.
Un autre axe majeur des recommandations porte sur l’amélioration de l’accès aux financements. Les participantes ont appelé à des fonds spécifiquement alloués aux femmes agricultrices et transformatrices, pour leur permettre d’investir dans des pratiques agricoles durables et de diversifier leurs activités. Elles ont également insisté sur la nécessité d’un meilleur accès aux informations climatologiques pour anticiper les perturbations et adapter leurs stratégies économiques.
Enfin, les femmes ont demandé la mise en place de programmes éducatifs pour déconstruire les pesanteurs socioculturelles. Ces programmes devraient promouvoir l’égalité des genres dans tous les aspects de la vie sociale et économique, en facilitant l’accès des femmes à des métiers et des ressources traditionnellement réservés aux hommes.
Cet atelier a mis en évidence une forte mobilisation des femmes pour faire face aux défis climatiques. Elles ont unanimement reconnu l’existence du changement climatique et son impact sur leur quotidien. Convaincues de la nécessité d’une action collective, elles ont exprimé leur détermination à porter ces recommandations auprès des autorités locales et nationales.
Lamine Diagne a conclu en affirmant que ces propositions constituent une base solide pour un plan d’action à partager avec l’État et les partenaires. Il a insisté sur l’importance d’une collaboration collective pour garantir la mise en œuvre effective de ces recommandations. Thiès apparaît ainsi comme un exemple inspirant de mobilisation locale pour atténuer les impacts du changement climatique sur les femmes et renforcer leur résilience.
Yanda Sow