La coalition Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) Sénégal a organisé, les 27 et 28 décembre 2024, un atelier de réflexion et de sensibilisation à Thiès. Cet événement, axé sur l’intégration du genre dans la gouvernance des industries extractives conformément à la politique international genre PCQVP, visait à renforcer les capacités des acteurs locaux et à proposer des solutions concrètes face aux inégalités subies par les femmes dans ce secteur clé.
Présidé par M. Alioune, adjoint au maire de Thiès, l’atelier a marqué un pas significatif vers une meilleure reconnaissance des droits des femmes dans le secteur minier. Lors de la cérémonie d’ouverture, M. Alioune a souligné l’importance de l’implication des femmes dans la croissance économique et sociale « Les femmes, par la volonté de Dieu, ont toujours occupé des places importantes dans la société. C’est pourquoi je pense qu’il est primordial de comprendre qu’il ne peut y avoir de développement sans l’implication des femmes ou la prise en charge des réelles difficultés des femmes. Ce sont elles qui sont à l’origine de tout développement grâce à leur engagement, leur détermination, mais aussi leur sérieux. C’est pourquoi, en tant qu’autorités administratives, nous réitérons notre engagement par rapport à des initiatives similaires au grand profit de nos citoyens. »
Cet atelier, financé par le Secrétariat international de la coalition international PCQVP, s’inscrit dans une démarche mondiale visant à intégrer les questions de genre dans les normes de transparence des industries extractives. Selon Dr Papa Fara Diallo, président de PCQVP Sénégal, les travaux s’appuient sur des initiatives lancées depuis 2021 pour influencer la norme ITIE et intégrer des préoccupations féminines dans la gouvernance du secteur minier.
« Nous avons mené des recherches pour évaluer la représentation des femmes dans les instances décisionnelles du secteur extractif. Ces travaux ont conduit à un plaidoyer en faveur d’une gouvernance plus équitable et d’une meilleure prise en compte des droits des femmes », a expliqué Dr Diallo.
L’atelier a également mis en lumière le guide « Extraire l’égalité », élaboré avec ONU Femmes. Ce document fournit aux organisations féminines des outils concrets pour interpeller les autorités et les entreprises sur la prise en compte des droits des femmes dans les activités extractives.
Thiès, qui abrite deux ressources minières stratégiques notamment le phosphate et le zircon , a été choisie pour cet atelier en raison des impacts négatifs des industries extractives sur les communautés locales. Les femmes, qui dominent les secteurs agricoles et maraîchers, sont particulièrement touchées par les pollutions chimiques qui entraînent des pertes de terres et de revenus.
Dr Diallo a rappelé que ces effets s’étendent également à la santé publique : « Les femmes subissent davantage de complications sanitaires, comme des maladies respiratoires, et leurs enfants sont particulièrement vulnérables. Ces inégalités renforcent la nécessité d’une action urgente pour corriger ces injustices. »
Mme Rokhaya Seye, institutrice et représentante du Forum Civil, a renforcé cette analyse en partageant des données frappantes : « Sur plus de 8 900 personnes employées dans le secteur minier, seules 740 sont des femmes, soit à peine 8 %. Cette disparité est inacceptable. Il est de notre devoir de nous mobiliser pour changer cette réalité et être des relais dans nos communautés. »
Au-delà du constat, l’atelier a permis de travailler sur un plan d’action concret. Les participants se sont engagés à renforcer la mobilisation autour des opportunités offertes par le contenu local et à atténuer les impacts négatifs des activités extractives.
« Nous voulons que les femmes soient mieux équipées pour défendre leurs droits et interpeller les entreprises et les autorités. Cet atelier est une étape importante vers une gouvernance plus inclusive et transparente », a conclu Dr Diallo.
Venu représenter les autorités locales, M. Alioune a réaffirmé le soutien de la municipalité à des initiatives similaires, soulignant que le développement durable ne saurait se réaliser sans une prise en compte sérieuse des préoccupations des femmes.
Avec cet atelier, PCQVP Sénégal montre qu’il est possible de combiner transparence, équité et mobilisation communautaire pour faire évoluer la gouvernance du secteur extractif au profit de tous. L’engagement des participants ouvre la voie à des résultats concrets qui pourraient transformer la réalité des femmes dans les régions minières du Sénégal.
Yanda Sow