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Sénégal-MIFERSO: Une gestion chaotique révélée par la Cour des Comptes

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La Société des Mines de Fer du Sénégal Oriental (MIFERSO) est accablée par le rapport de la Cours des Comptes. Entre des missions opaques, des incohérences dans les achats, et des octrois de marchés douteux, cette entreprise semble faire fi de toutes les règles de bonne gouvernance et d’organisation régies par la loi.

Une récente revue des documents a mis en lumière le désengagement de tous les actionnaires, exception faite de la BRGM/SEREM, dont la participation est passée de 23,8% à seulement 1,2%. Cette situation a pour conséquence une charge disproportionnée supportée par la MIFERSO, reposant principalement sur les subventions de l’État.

Entre 2014 et 2018, la MIFERSO a reçu des subventions considérables de l’État sénégalais, s’élevant à 1 164 650 000 de francs CFA. Cependant, ce financement semble être utilisé de façon opaque. Des frais de mission exorbitants pour le ministère des Mines et de la Géologie ont été relevés, totalisant 16 684 400 FCFA pour la seule période de 2017 à 2018. Ces frais ont bénéficié à des personnalités influentes telles que Mme Sophie Gladima et son cabinet, ainsi que M. Abdou Ndéné Sall, sans oublier les techniciens du ministère.

De plus, la MIFERSO a pris en charge des dépenses liées à des frais de mission et de déplacement pour le Ministère de l’Industrie et des Mines, en violation flagrante des directives gouvernementales énoncées dans la circulaire n°0454/PM/SGG/SGA/SP/bkg du 10 mai 2004.

Le rapport pointe également du doigt des manquements graves dans la gestion du parc automobile de la MIFERSO. Un rapprochement entre le fichier des immobilisations et la comptabilité a révélé un écart important sur le compte enregistrant le matériel de transport. Les achats de véhicules entre 2005 et 2016 s’élèvent à 198 180 000 FCFA et ceux du matériel de transport à 93 500 000 FCFA, pour un montant total de 291 680 000 FCFA. L’opacité qui entoure ces achats et la gestion du parc automobile soulève de fortes suspicions de malversations.

En violation des dispositions réglementaires, la MIFERSO a accordé des dons et subventions d’une valeur de 46 967 787 FCFA durant la période sous revue. Parmi ces largesses, un appui financier de 5 000 000 FCFA à Mme Aïssatou Sophie Gladima pour l’organisation des journées des sciences de la terre en mai 2018, et des appuis sociaux internes et externes de 6 000 000 FCFA à l’occasion du Ramadan et de la Tabaski en juin 2016. Ces pratiques illégales ont appauvri la société et fragilisé sa situation financière déjà précaire.

La principale source de revenus de la MIFERSO devrait provenir des produits issus des permis de recherche et des activités d’exploitation minière. Cependant, aucune recette de cette nature n’a été enregistrée sur la période de contrôle. La société semble dépendre presque exclusivement des subventions de l’État, ce qui crée un déséquilibre financier préoccupant, avec des charges d’exploitation qui grèvent ces subventions à des taux alarmants.

Une masse salariale démesurée ?

L’analyse de la masse salariale révèle également une situation critique. Cette dernière représente la part la plus importante de la subvention de l’État, dépassant souvent le montant même de ladite subvention. Cette réalité met en lumière l’insoutenabilité des charges d’exploitation de la MIFERSO.

Finalement, il apparaît que la survie même de la MIFERSO entre 2014 et 2018 est due au reversement par l’État d’une partie des honoraires d’avocats et frais d’arbitrage concernant le contentieux avec Kumba Resources.

Face à cette situation alarmante, il est impératif que des mesures correctives soient rapidement mises en œuvre pour restaurer la transparence, l’intégrité et la viabilité financière de la MIFERSO. L’État se doit d’exiger des comptes clairs et une gestion responsable de cette entité cruciale pour le développement économique du pays.

À suivre…

Yanda Sow

 

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