À l’approche de la COP30, prévue cette année au Brésil, le Sénégal s’apprête à soumettre sa troisième Contribution déterminée au niveau national (CDN 3.0), un document stratégique censé tracer les grandes lignes de sa politique climatique. À cette occasion, la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) a réuni experts, syndicalistes et représentants de l’État afin de plaider pour une CDN ambitieuse, inclusive et tournée vers les réalités du monde du travail.
« Plus qu’une simple contribution, la CDN doit être le cadre de référence de la politique climatique nationale », a rappelé Modou Guiro, secrétaire général de la CNTS. Selon lui, les transformations attendues dans des secteurs vitaux tels que l’agriculture, l’énergie, le transport ou encore la santé nécessitent une profonde mutation des modèles de production et de consommation. « Employeurs comme employés, au cœur des chaînes de valeur, doivent être associés à cette réflexion », a-t-il insisté.
Convaincu de l’urgence écologique, le mouvement syndical appelle toutefois le gouvernement à concilier action climatique et croissance économique. Pour la CNTS, les attentes des travailleurs se résument en une économie verte, inclusive et génératrice d’emplois décents, en phase avec la vision du plan Sénégal 2050 porté par les nouvelles autorités.
La centrale syndicale exhorte à ce que la transition juste figure explicitement dans la CDN 3.0, avec des mesures concrètes : plans de reconversion professionnelle, formalisation des métiers de l’économie verte, protection sociale renforcée pour les travailleurs et communautés vulnérables, ainsi qu’un mécanisme de suivi transparent et participatif. « Le dialogue social doit rester le leitmotiv de ce processus pour que personne ne soit laissé en rade », a souligné M. Guiro.
De son côté, Madeleine Diouf Sarr, directrice du changement climatique, de la transition écologique et du financement vert, a salué cette démarche inclusive : « C’est une première d’associer l’ensemble des acteurs du monde du travail à la réflexion sur la CDN. Les transformations attendues doivent se construire avec eux, en tenant compte de leurs capacités, de leurs besoins de formation et d’un financement adapté. »
Mme Sarr a rappelé que le Sénégal avait déjà respecté ses engagements dans le cadre de la CDN 2.0, qui visait une réduction de 7 % des émissions de gaz à effet de serre et un accent fort sur l’adaptation. Elle a toutefois insisté sur la nécessité d’un accompagnement international pour relever les nouveaux défis.
En plaçant le monde du travail au cœur de la réflexion climatique, la CNTS espère contribuer à une CDN 3.0 à la fois ambitieuse sur le plan environnemental et réaliste sur le plan social. Un défi de taille, mais qui, selon ses initiateurs, ne pourra être relevé qu’à travers une gouvernance transparente, un dialogue social permanent et une coopération internationale renforcée.
Mais le compte à rebours est lancé : d’ici au 30 octobre, le Sénégal devra déposer sa CDN 3.0, et c’est à cette date que le pays dira au monde quelle part il entend jouer dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Yanda SOW