Le Service Géologique National du Sénégal (SGNS) a présenté hier à Dakar son Plan stratégique de développement 2025-2029, un document majeur censé renforcer la connaissance du sous-sol sénégalais et faire de la donnée géo scientifique un véritable levier de souveraineté économique.
Présidant l’ouverture de l’atelier de partage, le directeur de cabinet du ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, M Mamané Djité, a rappelé l’importance stratégique de cette institution encore méconnue du grand public. « La géologie occupe une part primordiale dans le secteur extractif, moteur essentiel de croissance dans la Vision Sénégal 2050 », a-t-il expliqué, soulignant que l’ambition nationale repose de plus en plus sur l’exploitation optimale des ressources locales.
Dans un contexte de révision annoncée de plusieurs contrats miniers et pétroliers, la maîtrise des données apparaît désormais comme une condition incontournable. M. Djité l’a souligné sans détour : « La souveraineté des données géologiques constitue une exigence forte pour une meilleure négociation des contrats ».
Le SGNS est appelé à devenir le bras technique de l’État dans ce domaine. L’institution devra améliorer la qualité, la précision et la disponibilité des informations géo scientifiques afin de soutenir les processus de négociation, d’évaluation du potentiel minier et de planification territoriale.
Aujourd’hui, le pays fonctionne encore avec des cartes géologiques au 1/200 000, une précision jugée insuffisante pour cerner efficacement les zones de fort potentiel. Le plan stratégique prévoit donc le lancement d’un vaste programme national de cartographie à haute résolution, au 1/50 000, capable de livrer des données fiables pour l’estimation des ressources et des réserves.
Des ambitions fortes : modernisation, partenariats et valorisation du potentiel minier
Selon Mme Rokhaya Samba Diène, directrice du SGNS, le document stratégique repose sur une vision claire « devenir une référence incontournable dans les infrastructures et les informations géo scientifiques ». Pour y parvenir, l’institution mise sur le renforcement de ses moyens techniques, l’amélioration de la communication sur le potentiel minier et une politique active de coopération avec les acteurs nationaux et internationaux.
Elle a insisté sur la nécessité pour le pays de se doter d’infrastructures adaptées : un siège moderne, des laboratoires d’analyses performants, des carothèques pour conserver les échantillons géologiques, ainsi que des équipements dédiés aux sondages et à la prospection. « Ces carottes de forage constituent un patrimoine scientifique national », rappelle-t-elle, soulignant leur rôle dans la recherche, l’innovation et l’attraction des investisseurs.
Le SGNS envisage également de mettre en place une grande plateforme nationale de données géo scientifiques, accessible aux décideurs publics, aux chercheurs, aux entreprises extractives et aux investisseurs.
Un rôle central dans la future politique minière
Le ministère attend du SGNS qu’il devienne un acteur clé de la réforme de la gouvernance minière. M Mamané Djité a rappelé que la stratégie nationale accorde une place privilégiée à la transformation des industries extractives et à la valorisation des minéraux locaux. Cette orientation s’accompagne de plusieurs défis majeurs : réviser certains contrats jugés peu avantageux, moderniser la réglementation minière, mieux protéger les intérêts nationaux et renforcer le contrôle des opérateurs.
Dans cette nouvelle configuration, les données produites par le SGNS doivent permettre à l’État de peser davantage dans les négociations et d’identifier avec précision les zones « promotionnelles », c’est-à-dire les secteurs où la connaissance géologique permettrait de négocier davantage de valeur ou des schémas de partage de production.
Une dynamique collaborative pour un secteur extractif plus compétitif
Pour la directrice du SGNS, le succès de ce plan dépendra de la qualité des partenariats. « Nous ne pouvons pas avancer seuls. La coopération avec les universités, les entreprises minières, les institutions publiques et les investisseurs étrangers sera déterminante », a-t-elle affirmé.
L’objectif est d’attirer des projets de prospection et d’exploitation mieux structurés, plus respectueux des exigences nationales et capables de créer de la valeur ajoutée localement.
Une étape décisive avant validation
Cet atelier de partage constitue une phase essentielle du processus de validation. Le document sera soumis au Conseil d’administration du SGNS avant transmission au ministère de tutelle.
Le Directeur de cabinet du MEPM a souligné un point fondamental notamment la connaissance du sous-sol sénégalais n’est plus seulement un enjeu scientifique, mais une question de souveraineté. Dans un contexte où le Sénégal entend transformer davantage ses ressources, mieux protéger ses intérêts et attirer des investissements de qualité, le SGNS est appelé à jouer un rôle structurant dans la construction d’une économie plus compétitive et plus durable.
Yanda Sow
