Le Directeur général de la Société des Mines du Sénégal (SOMISEN), Ngagne Demba Touré, affiche une ambition claire de sortir de l’ombre, c’est de rompre avec le rôle de simple gestionnaire des actifs de l’Etat et de positionner la SOMISEN en acteur central et conquérant du secteur minier sénégalais.
Créée pour valoriser les intérêts de l’État dans les sociétés minières, la SOMISEN s’est longtemps cantonnée à une mission d’accompagnement et de représentation, participant aux conseils d’administration et assemblées générales, assurant le suivi des participations de l’État et la récupération de la part de production publique (généralement 10 %). Mais selon son directeur général, cette époque est désormais révolue.
« Nous devons sortir du rôle d’observateur passif. SOMISEN doit aller à la conquête des mines et devenir un acteur opérationnel majeur dans l’exploration, l’exploitation, la transformation et la commercialisation des ressources minérales », affirme M. Touré avec détermination.
Pour concrétiser cette nouvelle orientation, la SOMISEN compte promouvoir le développement de la chaîne de valeur des substances minérales. Dans la droite ligne de la Lettre de politique sectorielle de développement (LPSD), il s’agit de bâtir un secteur minier inclusif, compétitif et durable, capable de contribuer significativement à la souveraineté économique et alimentaire du pays.
Parmi les projets phares, figure la mise en place d’un comptoir d’or et la création d’une raffinerie nationale, dans le but de mieux contrôler la production aurifère, d’alimenter le marché local, de constituer une réserve stratégique et d’assurer la traçabilité de l’or extrait. En parallèle, la valorisation des phosphates en engrais devrait contribuer à la souveraineté alimentaire du Sénégal, tout en générant de nouvelles recettes à travers la transformation locale.
Cette transformation structurelle bénéficie du soutien de la Direction générale des mines et de la géologie, dirigée par M. Ibrahima Gassama, qui annonce un encadrement renforcé du sous-secteur de l’orpaillage. Selon lui, des mesures concrètes seront prises pour récupérer les superficies minières non exploitées ou rendues, qui seront désormais mises à disposition de la SOMISEN et d’acteurs nationaux, dans une logique de valorisation rationnelle et équitable.
« Nous allons ouvrir des couloirs d’orpaillage, recenser les artisans miniers et créer des zones promotionnelles où la SOMISEN et le secteur privé national pourront s’implanter durablement. L’État veut des champions miniers, nous allons les faire émerger », assure M. Gassama.
Une régulation plus stricte de l’orpaillage est également prévue. Des décrets et arrêtés datant de 2016 seront appliqués pour encadrer un secteur qui, selon une étude suisse, aurait vu s’échapper entre 36 et 41 tonnes d’or entre 2013 et 2022, échappant au contrôle et aux recettes de l’État.
Dès septembre prochain, les autorités annoncent l’octroi de nouvelles autorisations aux opérateurs nationaux, appuyés par les bras techniques de l’État, la SOMISEN en tête, ainsi que les institutions financières locales.L’ Objectif est de structurer, moderniser et dynamiser un secteur dont le potentiel reste encore largement sous-exploité.
La vision de Ngagne Demba Touré est limpide. Il est determiné à faire de la SOMISEN un pilier national du développement minier, un levier stratégique de transformation économique et un garant de la souveraineté sur les ressources naturelles du pays.
Yanda Sow