Sénégal-Gaz : PETROSEN se positionne pour développer Yakaar-Teranga

0

PETROSEN, bras armé de l’État dans le secteur pétrolier et gazier, amorce un tournant historique. Son directeur général, Alioune Guèye, a affirmé avec force l’ambition du Sénégal de reprendre la main sur ses ressources naturelles. Et cette fois, la participation populaire est au cœur de la stratégie.

Le projet gazier Yakaar-Teranga, longtemps resté en attente de décision finale d’investissement (FID) avec le retrait de bp du projet, entre dans une nouvelle phase. Son coût est estimé à 2400 000 000 000 FCFA (2 400 milliards), soit environ 4 milliards de dollars. Mais pour Alioune Guèye, ce défi est à la hauteur de l’enjeu car “Yakaar-Teranga est notre avenir énergétique. Il représente l’opportunité de bâtir une souveraineté réelle, en maîtrisant toute la chaîne de valeur du gaz.”

Plutôt que de s’en remettre exclusivement aux partenaires internationaux, PETROSEN fait le pari de la mobilisation nationale. “Nous voulons que les Sénégalais participent directement au financement de ce projet. Qu’ils deviennent co-actionnaires de leur propre richesse. C’est ainsi que nous poserons les fondations d’un modèle de développement inclusif et souverain”, martèle le DG de PETROSEN.

Ce pari repose sur une dynamique déjà observée : le succès récent de l’opération du Trésor qui a levé 400 milliards de FCFA auprès des épargnants sénégalais montre l’appétit croissant des citoyens pour des investissements productifs et patriotiques. “Ce que l’État a réussi pour financer son budget, PETROSEN veut le réussir pour financer un projet stratégique. La richesse de notre sous-sol doit être transformée en richesse partagée”, insiste M. Guèye.

Jusqu’ici, le Sénégal ne détenait que des participations minoritaires dans ses projets majeurs, souvent à hauteur de 10 %. Cela a eu pour conséquence une faible captation des revenus. “Un projet comme Sangomar a généré 1,8 milliard de dollars en un an. Le Sénégal n’en a perçu que 400 millions. Ce déséquilibre n’est plus acceptable”, déclare Alioune Guèye.

Avec Yakaar-Teranga, l’objectif est clair PETROSEN veut devenir opérateur à part entière, en s’appuyant sur l’expérience acquise dans les projets GTA et Sangomar, pour conduire elle-même ses projets et contrôler les bénéfices générés.

Au-delà de Yakaar-Teranga, PETROSEN déploie une stratégie complète. Une enveloppe de 8 milliards FCFA a été prévue pour relancer l’exploration onshore, à la recherche de nouveaux gisements. Dans le même temps, le Réseau Gazier du Sénégal (RGS) va structurer la distribution du gaz vers les centrales, tandis que PETROSEN TS assurera la commercialisation, et la SAR, le raffinage.

“Nous construisons une filière intégrée, 100 % sénégalaise, capable de transformer nos ressources sur place et de créer des milliers d’emplois”, affirme le DG.

Talla Guèye, Directeur général de PETROSEN Exploration & Production, affiche une ambition claire à savoir faire du Sénégal un acteur majeur dans l’exploration et la production d’hydrocarbures. Fort de son expérience internationale dans plusieurs bassins pétroliers du monde, il croit fermement que le projet Yakaar-Teranga représente la meilleure décision stratégique jamais prise par l’État du Sénégal dans ce secteur.

“Avec un investissement limité, nous avons déjà réalisé cinq découvertes de pétrole et cinq de gaz. Imaginez ce que nous pourrions accomplir avec des moyens accrus et une participation nationale forte.”

Selon lui, l’activité est divisée en trois phases : exploration, développement et production-commercialisation. Sur le volet exploration, le Sénégal a foré 200 puits depuis 1960 un chiffre encore modeste comparé à d’autres pays. Mais les résultats sont prometteurs : des découvertes majeures comme Sangomar, GTA et Yakaar-Teranga ont été faites entre 2014 et 2017, en plus de champs plus anciens comme Gadiaga ou ceux de Casamance.

“Le message que je veux faire passer est simple : avec peu, nous avons trouvé beaucoup. Imaginez avec davantage.”

Talla Guèye rappelle que les anciennes formules de contrats limitaient la participation sénégalaise à 10 ou 18 %, comme dans le cas de Sangomar. Une approche dépassée selon lui. “Il faut maintenant qu’on fasse notre propre exploration. Nous savons le faire. Et ce que nous ne savons pas, nous irons le chercher, partout où cela se trouve.”

Appel à l’épargne sénégalaise

Le DG estime que les champs comme Yakaar-Teranga ou SNE doivent rester la propriété du Sénégal. Contrairement aux mégaprojets contrôlés par des opérateurs étrangers, ces ressources peuvent être développées avec une pleine souveraineté. Et surtout, grâce à un financement innovant la participation directe des Sénégalais, pour couvrir un besoin de financement estimé à 2 400 milliards FCFA.

Yakaar-Teranga peut être le début d’une nouvelle ère. Un projet qui appartiendra au peuple sénégalais, financé par les Sénégalais, pour les Sénégalais.”

Contenu local et transfert de compétences : “notre vraie richesse”

Pour Talla Guèye, le contenu local est la clé du développement durable du secteur. Il rappelle que capter 10 % de contenu local sur un projet peut rapporter davantage à l’économie nationale que la seule part des revenus pétroliers. “Le vrai dividende, c’est l’emploi, la compétence, la sous-traitance locale.”

Expertise Locale confirmée

Il cite l’exemple du champ Gadiaga Sadiaratou, développé principalement par des Sénégalais : “Quand la volonté y est, nous savons faire. Le plus important, c’est de savoir ce que nous savons faire et ce que nous devons apprendre.”

L’objectif de PETROSEN est clair. C’est se positionner désormais sur les projets pétroliers du Sénégal non pas en tant que simple gestionnaire du portefeuille de l’Etat et de ses participations dans les différents projets, mais de jouer pleinement sa mission d’entreprise pétrolière chargée de trouver et de développer des projets pétroliers et gaziers au Sénégal. Pour réussir cette mission qui demande des moyens colossaux, Petrosen compte sur la mobilisation financière domestique. Ce qui ouvre des perspectives importantes pour les investisseurs sénégalais.

Yanda Sow

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici