Sénégal- Contenu Local : souveraineté énergétique et soutenabilité économique

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Maintenir Les subventions sur l’énergie pour préserver la compétitivité économique locale ou les supprimer pour alléger les finances publiques, tout en risquant d’augmenter les coûts pour les entreprises et la population, telle est l’équation qu’a tenté de trouver la solution Docteur Khadim Bamba Diagne.

Dans un discours adressé aux partenaires et acteurs des industries extractives, Khadim Bamba Diagne, Secrétaire Permanent du Comité d’Orientation Stratégique du Pétrole et du Gaz (COS PETROGAZ), a mis en lumière le dilemme stratégique auquel le Sénégal est confronté dans sa gestion des ressources pétrolières, gazières et minières

En effet, la pression exercée par certains partenaires financiers internationaux pour réduire les subventions représente un défi de taille pour le Sénégal. Supprimer les subventions aurait certes pour effet de soulager le budget de l’État, mais cela se traduirait également par une hausse des coûts de production pour les entreprises, une baisse de leur compétitivité, une réduction des recettes fiscales et une montée du chômage. Cette décision est d’autant plus délicate que chaque année, environ 300 000 jeunes entrent sur le marché du travail, renforçant la nécessité de maintenir une activité économique dynamique pour répondre à cette demande.

Face à ce choix complexe, le Sénégal a opté pour une approche mesurée en renforçant sa politique de contenu local. Plutôt que d’externaliser ou de céder la gestion de ses ressources, le Sénégal s’attache à bâtir une souveraineté économique qui met au cœur des projets pétroliers et gaziers les compétences locales et les entreprises nationales. Ce choix permet non seulement de valoriser le savoir-faire sénégalais, mais aussi de maximiser les retombées économiques et sociales au bénéfice direct de la population. M. Diagne souligne que la politique de contenu local est un « instrument puissant de souveraineté », garantissant que la prospérité issue des ressources naturelles du pays reste avant tout entre les mains de ses citoyens.

Pour mettre en œuvre cette vision, le Sénégal se donne les moyens d’accompagner ses entreprises et de développer une main-d’œuvre qualifiée à travers des investissements dans la formation et le transfert de compétences. Les autorités misent sur une offre sénégalaise robuste, capable de répondre aux besoins des industries extractives, tout en s’ouvrant aux métiers nouveaux qui émergent dans ce secteur. Le développement de la compétitivité locale passe également par un engagement à élever les standards de qualité aux niveaux internationaux, une démarche indispensable pour une insertion durable sur le marché mondial.

À travers ces choix, le Sénégal cherche à éviter le piège d’une économie extravertie qui profiterait peu aux citoyens et risquerait de dépendre des fluctuations des marchés extérieurs. En privilégiant une économie domestiquée, tournée vers les capacités nationales et fondée sur des valeurs de justice et de transparence, le Sénégal mise sur un développement inclusif qui pourra répondre aux aspirations de sa jeunesse.

Diagne a rappelé l’importance de la justice dans cette politique de contenu local. Il s’agit de garantir l’accès aux opportunités pour tous les Sénégalais, avec une répartition équitable des avantages économiques. Pour soutenir ce modèle, le gouvernement envisage de mettre en place une taxe parafiscale, destinée à financer les initiatives en matière de contenu local. Ce dispositif permettra au Sénégal de consolider les gains de sa politique tout en assurant son autonomie financière.

En optant pour cette approche équilibrée, le Sénégal affirme son choix raisonnable de préserver sa souveraineté tout en soutenant un développement soutenable. Ce modèle pourrait non seulement assurer la prospérité économique du pays, mais également servir de référence pour d’autres nations de la sous-région, confrontées aux mêmes dilemmes.

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