Africa Climate Insights (ACI) a lancé officiellement à Dakar une production de connaissances sur les impacts des énergies fossiles et les opportunités d’une transition énergétique juste (JETP).
Alors que le Sénégal entre officiellement dans l’ère pétrolière et gazière avec les projets Sangomar, Grand Tortue Ahmeyim (GTA), Yakaar-Teranga et Ngadiaga, la question de son avenir énergétique se pose avec une urgence nouvelle. Comment exploiter ces ressources sans compromettre les engagements climatiques du pays ni aggraver les inégalités sociales ? C’est à cette équation que tente de répondre Africa Climate Insights (ACI), qui a procédé à Dakar au lancement d’une production de connaissances sur les impacts des énergies fossiles et les opportunités d’une transition énergétique juste (JETP), un outil stratégique destiné à la Plateforme des Acteurs de la Société Civile pour une Transition Énergétique Juste (PACTEJ).
Selon Mme Awa Traoré, Directrice Pays d’ACI, cet outil a été conçu pour « documenter de manière rigoureuse les impacts des énergies fossiles dans un contexte où le Sénégal devient producteur de pétrole et de gaz, mais aussi pour mettre en lumière les opportunités que représentent les énergies renouvelables afin de bâtir une transition juste et équitable ». Elle a insisté sur l’importance de décentraliser la gouvernance énergétique pour qu’elle ne soit plus un concept technocratique réservé à une élite, mais une démarche collective portée par l’ensemble des Sénégalais. « Il faut donner aux collectivités territoriales et aux communautés locales le rôle qui leur revient dans la mise en œuvre de cette transition. Elles doivent être au cœur du processus, car elles en vivent les impacts et en porteront aussi les bénéfices. »
Mme Traoré a également rappelé que le secteur de l’énergie représente aujourd’hui 81 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, une tendance qui exige une réorientation profonde des politiques publiques. Elle estime que « le Sénégal doit choisir entre une dépendance prolongée aux énergies fossiles et une souveraineté énergétique durable fondée sur les renouvelables ». Pour elle, la production de connaissances endogènes constitue une étape essentielle pour que le pays prenne en main son avenir énergétique.
Cette production de connaissances, basée sur des enquêtes de terrain et des entretiens avec les communautés, met en lumière les effets environnementaux et sociaux de l’exploitation pétrolière tout en démontrant le potentiel considérable du solaire, de l’éolien et du biogaz. Ces filières, déjà en plein essor, représentent une véritable alternative économique et écologique avec plus de 245 MW installés dans le solaire et un objectif de 1 100 MW d’ici 2034.
Pour Dr Fatima Diallo, coordinatrice de PACTEJ, ce document constitue « un outil de référence sur les enjeux du renouvelable et de la gouvernance énergétique au Sénégal ». Elle a salué le travail d’ACI, soulignant qu’il permet d’« harmoniser les actions de la société civile et de renforcer le plaidoyer pour une transition plus inclusive et participative ».
Dr Diallo a plaidé pour une décentralisation effective de la gouvernance énergétique, afin que les collectivités territoriales et les communautés soient impliquées dans la planification, la mise en œuvre et le suivi des projets. « Nous voulons que le slogan “ne laisser personne derrière” devienne une réalité. Cela passe par l’écoute des communautés, la transparence des décisions et la protection des droits des femmes, des enfants et des travailleurs. »
Mme Awa Traoré a réaffirmé l’engagement d’ACI à poursuivre ce travail aux côtés de la société civile. « Nous devons faire du Sénégal un modèle africain de transition énergétique juste, où la croissance économique s’allie à la justice sociale et à la durabilité environnementale. » Pour ACI et PACTEJ, cette initiative marque une étape décisive vers un modèle énergétique sénégalais souverain, participatif et centré sur l’humain.
Yanda Sow