Pétrole de Sangomar : « Nuage de méthane » sur Palmarin Ndiahanor

0

Dans le cadre de la Journée internationale des droits humains, Action pour la Justice Environnementale (AJE) avec Natural Resource Governance Institute (NRGI) en collaboration a organisé un forum a palmarin Ndiahanor sur les émissions de méthane et les impacts sur l’environnement

L’organisation de ce forum a permis un échange intense avec les communautés de Palmarin Ndiahanor sur les impacts des émissions de méthane dans le secteur des hydrocarbures pour encourager un engagement communautaire.

Dans un contexte particulier ou le Sénégal est en train de redéfinir sa trajectoire énergétique avec le développement de l’exploitation pétrolière et gazière, notamment sur le champ de Sangomar, il est important pour les organisations de la société civiles de préparer les communautés à mieux défendre leurs intérêts. L’occasion était idéale pour rassembler les acteurs concernés et formuler des recommandations concrètes en matière de réduction des émissions et de protection des communautés affectées.

Adja Ndatté Gaye, chargée de programme à AJE, a ouvert le forum en insistant sur la nécessité d’impliquer les communautés, premières victimes des impacts environnementaux liés à l’exploitation pétrolière. Elle a pointé du doigt plusieurs problématiques majeures, notamment l’érosion côtière, la dégradation des ressources halieutiques et la perte des moyens de subsistance pour les pêcheurs, des phénomènes qui aggravent les vulnérabilités économiques et sociales des populations locales.

« Bien qu’il n’existe pas encore d’études établissant un lien direct entre ces phénomènes et l’exploitation pétrolière de Sangomar, il est impératif de renforcer les capacités des communautés. Celles-ci doivent pouvoir formuler des recommandations claires et s’assurer qu’elles soient prises en compte par les autorités et les entreprises », a déclaré Mme Gaye.

Elle a également insisté sur l’importance du plaidoyer communautaire « Les organisations comme la nôtre ne devraient pas se substituer aux communautés, mais les accompagner pour qu’elles portent elles-mêmes leurs revendications au plus haut niveau. »

Ce plaidoyer vise notamment à obtenir des mécanismes de suivi clairs sur les émissions de méthane et les engagements légaux des entreprises opérant dans le secteur des hydrocarbures.

Mme Aïda Diop, responsable du programme Sénégal de NRGI, a présenté les conclusions du rapport de son organisation sur les émissions de méthane dans le secteur des hydrocarbures. Elle a mis en lumière la dangerosité du méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone en termes de réchauffement climatique.

« Le méthane est 86 fois plus puissant que le CO2. Bien que sa part dans les émissions globales au Sénégal soit relativement faible (3 %), ses impacts environnementaux et économiques exigent une gestion proactive et transparente. Il est urgent d’anticiper les risques liés au torchage, aux fuites et au transport des hydrocarbures », a-t-elle expliqué.

Mme Diop a également souligné les lacunes réglementaires au Sénégal. Le code de l’environnement interdit le torchage de routine, mais autorise des dérogations en cas de « situations exceptionnelles », un concept qui reste flou en l’absence de décrets d’application.

C’est pour Mme Diop dans son réquisitoire a plaidé pour des actions concrètes, notamment l’amélioration de la réglementation afin d clarifier les conditions autorisant le torchage et mettre en place des mécanismes de contrôle stricts.

Entre autres mesures, elle demande l’adoption de chartes de décarbonisation pour Inciter des entreprises comme Petrosen à s’engager dans des initiatives internationales de réduction des émissions.

La transparence des données pour le renforcement de la divulgation d’informations sur les émissions, conformément aux normes de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) et la taxation des émissions pour dissuader les pratiques polluantes et générer des revenus supplémentaires pour financer des actions climatiques.

Abdou Diouf Junior, chef du service de communication et relations publiques au ministère de l’Énergie, a présenté les initiatives en cours pour encadrer l’exploitation pétrolière.

Il a d’abord salué les performances du projet de Sangomar, qui a atteint une production de 14 millions de barils depuis son démarrage en juin et pourrait atteindre 15 millions de barils d’ici fin décembre, dépassant les prévisions initiales.

Par ailleurs, concernant la gestion des émissions de méthane, Abdou a assuré que l’opérateur Woodside réinjecte ce gaz associé pour produire de l’électricité destinée à alimenter ses installations offshores, tout en optimisant l’extraction pétrolière.

« Cette approche permet de réduire considérablement les émissions de méthane, tout en offrant des avantages opérationnels et environnementaux », a-t-il affirmé.

Diouf a également annoncé la création d’un cadre de remontée d’information dans les zones d’exploitation, destiné à renforcer le dialogue entre les communautés et les autorités. « Ce mécanisme vise à identifier et résoudre les problèmes rencontrés par les populations locales, tout en garantissant le respect de leurs droits dans le cadre de l’exploitation des ressources naturelles », a-t-il ajouté.

Ce forum marque une étape importante dans la sensibilisation et l’action contre les émissions de méthane au Sénégal. En rassemblant communautés, experts, industriels et autorités, il ouvre la voie à des solutions inclusives pour protéger l’environnement tout en répondant aux attentes des populations locales.

Les recommandations issues des discussions, notamment sur le suivi des émissions, le renforcement des capacités communautaires et l’amélioration de la transparence, pourraient jouer un rôle clé dans la mise à jour des politiques publiques et des mécanismes de gestion environnementale.

Yanda Sow

 

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici