Réunis en Tanzanie, les syndicats africains des secteurs de l’énergie, des mines, de l’agriculture, des transports et des services publics ont adopté une déclaration commune intitulée « Nouvelle énergie pour l’Afrique ». Ce texte marque une étape majeure : pour la première fois, le mouvement syndical du continent propose une position unifiée à l’intention du Groupe africain de négociateurs, qui représentera l’Afrique lors de la COP30 prévue en décembre à Belém, au Brésil.
L’Afrique, rappellent les syndicats, ne contribue qu’à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais elle en subit de plein fouet les conséquences. Sécheresses, inondations et insécurité alimentaire accentuent les vulnérabilités sociales et économiques. « Notre continent ne peut être une double victime, frappée par une crise climatique qu’il n’a pas causée et enfermée dans un système énergétique dominé par les logiques de profit privé », a affirmé Akhator Joel Odigie, secrétaire général de la CSI-Afrique.
La déclaration dénonce les résultats jugés insuffisants des précédentes conférences sur le climat, où les promesses financières des pays développés sont restées très en deçà des besoins africains, estimés à plus de 250 milliards de dollars par an d’ici 2030. Elle appelle à rompre avec un modèle basé sur la privatisation et l’endettement, qui entretient la pauvreté énergétique alors que près de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité.
Les syndicats insistent sur la nécessité de reprendre le contrôle public et démocratique des infrastructures énergétiques afin de garantir un accès universel. Ils réclament également une coopération Sud-Sud renforcée et une industrialisation locale des technologies renouvelables et des ressources minières stratégiques, afin que les richesses du continent profitent d’abord à ses populations.
Au-delà des enjeux climatiques, les organisations syndicales lient cette lutte à la justice sociale et à la solidarité internationale. Elles se sont notamment exprimées en soutien à la Palestine, dénonçant la destruction des infrastructures énergétiques et hydrauliques à Gaza, considérée comme une violation grave des droits humains.
Cette déclaration constitue une feuille de route pour la COP30. Le mouvement syndical entend peser sur les négociations internationales en poussant l’Union africaine et le Groupe africain de négociateurs à défendre une position ferme en faveur d’une transition énergétique juste, financée de manière équitable et orientée vers le bien public.
Yanda Sow