M NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie, a livré un plaidoyer vibrant en faveur d’une vision africaine souveraine du pétrole, du gaz et de l’énergie ce matin au CICAD à l’occasion de la ceremonie d’ouverture du MSGBC. Pour lui, Dakar est aujourd’hui plus qu’un hub énergétique, c’est “un lieu d’histoire, où naissent les espoirs, où les projets se concrétisent”.
Le Sénégal, a-t-il souligné, incarne l’élan énergétique d’une région qui, en dix-huit mois, a basculé dans une nouvelle ère avec l’entrée en production de Sangomar, l’avancée du projet GTA et la confirmation du champ Yakkar-Teranga. “Ces succès montrent que lorsque nous nous rassemblons, lorsque nous travaillons ensemble, tout devient possible en Afrique”, a-t-il insisté.
Dans le bassin MSGBC, l’exploration s’accélère. La Guinée-Bissau attire de nouveaux investisseurs grâce à une dynamique relancée, appuyée par des analyses sismiques récentes. En Gambie, les autorités assurent que les annonces majeures “arrivent”, tandis que de grands projets structurants continuent de mobiliser d’importants capitaux.
Pour NJ Ayuk, cette dynamique ne doit pas faiblir : “Nous devons continuer, continuer encore. L’exploration doit se poursuivre, car elle est le moteur de notre prospérité énergétique.”
L’un de ses messages forts a été de déconstruire l’idée d’une compétition intra-africaine pour les investissements. “Le Sénégal ne rivalise pas avec la Mauritanie, ni la Guinée-Bissau avec la Gambie ou la Guinée-Conakry. Nous ne sommes pas en compétition entre nous”, a-t-il martelé.
La vraie bataille, selon lui, se joue face aux grandes puissances productrices comme le Guyana ou le Qatar.
Pour faire du MSGBC “la meilleure destination mondiale pour l’investissement”, Ayuk appelle à une stratégie collective fondée sur la stabilité, l’intégration et l’ouverture envers les investisseurs étrangers. “Les investissements sont indispensables : ce sont eux qui permettront à notre région de prospérer grâce à l’énergie.”
Mais attirer les investisseurs ne suffit pas. L’essentiel, a rappelé Ayuk, repose sur la capacité des pays de la région à faire bénéficier leurs populations de cette manne énergétique.
“Il n’est plus acceptable que les femmes soient les dernières recrutées et les premières écartées dans une industrie à laquelle elles contribuent tant”, a-t-il dénoncé.
Il a appelé à un effort concerté pour leur recrutement, leur promotion et leur installation à des postes de responsabilité. Même exigence pour la jeunesse, qui doit être préparée, formée et accompagnée pour occuper les emplois créés par l’expansion du secteur.
“L’intégration sans préparation n’est que frustration”, a-t-il prévenu, invitant les gouvernements à renforcer les institutions de formation et les entreprises à jouer pleinement leur rôle dans le développement des compétences.
Transition énergétique : dénonciation d’un “deux poids, deux mesures”
NJ Ayuk a fustigé “l’hypocrisie” des institutions internationales et de certains acteurs occidentaux qui, au nom de la transition énergétique, entravent le financement des projets gaziers africains tout en continuant de développer leurs propres ressources. C’est, selon lui, une injustice flagrante à l’encontre d’un continent où 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité, 900 millions dépendent de systèmes de cuisson dangereux, un million de décès par an sont liés à la pollution domestique.
“Si ce n’est pas là la mission humanitaire de notre époque, alors que faisons-nous ici ?”, a-t-il lancé, défendant le gaz naturel comme énergie essentielle pour une transition juste et pragmatique. Il est allé plus loin, affirmant considérer le gaz sénégalais comme une “énergie propre”, parlant même de “gaz naturel vert”.
NJ Ayuk a conclu sur un ton volontaire, presque galvanisant. “Nous ne pouvons pas ralentir. Nous ne pouvons pas nous arrêter”, a-t-il averti. Il a repris un slogan devenu populaire dans les milieux pro-énergie qui est “Drill, baby, drill” avant de le compléter par un clin d’œil assumé :“Gas, baby, gas.”
Pour lui, c’est en continuant à explorer, à produire et à investir que la région s’imposera comme un leader énergétique mondial. “Allez dans le monde et rendez-nous tous fiers, car l’histoire de notre continent vous appartient. Notre moment est arrivé. MSGBC, votre moment est arrivé.”
Yanda Sow
