Draw the line : À Dakar, la société civile trace une ligne rouge contre l’injustice climatique

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À quelques semaines de la COP, des organisations de la société civile se sont rassemblées à la Place de la Nation, à Dakar, dans le cadre de la campagne internationale Draw the Line. Leur objectif : dénoncer l’injustice climatique et exiger que la finance verte profite réellement aux communautés en première ligne face au réchauffement climatique.

La campagne Draw the Line littéralement « fixons les limites », s’inscrit dans un réseau international coordonné dans plusieurs pays par le Rezac, qui regroupe une vingtaine d’organisations de la société civile actives sur les questions climatiques. Pour le Sénégal, l’initiative est portée par Alexandre Guber Lette, directeur exécutif de Terranga Lab.

« Fixons les limites par rapport aux conséquences néfastes du réchauffement climatique, par rapport à la finance climatique qui alourdit aujourd’hui le fardeau de la dette des pays africains, mais aussi par rapport à l’injustice climatique », explique-t-il.

À Dakar, le choix de la Place de la Nation n’est pas anodin, c’est un lieu symbolique de rassemblement citoyen, où se sont exprimées les voix des communautés venues des zones agroécologiques les plus touchées par la crise climatique.

Le message des communautés est clair selon Alexandre, elles subissent déjà les conséquences directes du réchauffement climatique sans bénéficier des retombées de la finance internationale. « Il est temps que la finance climatique ruisselle jusqu’aux communautés, et qu’elles sentent concrètement cet apport », plaide Alexandre Guber Lette.

Ces communautés dénoncent aussi une injustice : « Elles paient le prix d’un réchauffement qu’elles n’ont pas causé et pour lequel elles ne sont pas dédommagées », poursuit-il, appelant à une écoute réelle de leurs revendications.

La campagne vise également à interpeller les autorités nationales. « Nos dirigeants ne sont que nos représentants. Ils doivent porter nos voix et bâtir des politiques publiques qui soient climato-sensibles », insiste le coordinateur, rappelant que ce message s’adresse aussi au nouveau ministre de l’Environnement.

Présent à la mobilisation, Modou Fall, président de l’association Sénégal Propre, surnommé “l’homme plastique”, a rappelé l’importance de la lutte contre la pollution plastique. « La loi de 2015 interdisant les plastiques à usage unique est l’une des meilleures au monde, mais elle n’est pas appliquée avec rigueur à cause du lobbying des puissants affairistes », déplore-t-il.

À l’heure où le Sénégal s’apprête à exploiter ses ressources pétrolières et gazières, la question est d’autant plus sensible : les produits plastiques sont directement issus du pétrole. « Avec les Jeux olympiques de la jeunesse qui approchent, les grands fabricants de bouteilles et de plastiques veulent s’imposer comme sponsors. Mais à la fin, toutes ces matières finissent dans les océans et les égouts », alerte Modou Fall.

Cette mobilisation de Dakar s’inscrit dans une dynamique internationale. Elle rappelle l’urgence pour les décideurs politiques et financiers de prendre en compte les revendications des populations les plus vulnérables. Entre justice climatique, protection de la santé publique et respect des lois environnementales, les voix citoyennes tracent une ligne rouge : celle des limites à ne plus franchir face à la crise climatique.

Yanda Sow

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