dimanche, mai 25, 2025
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Saint Louis : Les pêcheurs artisanaux en colère contre BP et Kosmos Energy

La communauté des pêcheurs artisanaux de Saint-Louis a exprimé une vive indignation suite à un communiqué de BP et de ses partenaires, Kosmos Energy, annonçant la signature d’un contrat pour le développement d’un seul récif artificiel au large de Saint-Louis.

La colère des pêcheurs découle de ce qu’ils perçoivent comme une rupture de confiance. Cette annonce constitue, selon les pêcheurs, une violation des engagements antérieurs qui prévoyaient la création de six récifs artificiels pour compenser l’impact écologique des activités gazières dans la région.

En effet, lors des négociations initiales, BP et Kosmos Energy avaient promis la construction de six récifs artificiels afin de réduire les effets néfastes de l’exploitation gazière du projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA) sur l’écosystème marin local. Le communiqué du 11 octobre 2024 annonce cependant un plan réduit, limitant cette intervention à un seul récif.

Les récifs artificiels devaient servir à restaurer les écosystèmes marins gravement endommagés par l’exploitation gazière et à préserver les ressources halieutiques, essentielles à la survie des pêcheurs artisanaux et de leurs familles. Selon la communauté des pêcheurs, cette réduction compromet non seulement l’avenir de la pêche artisanale à Saint-Louis, mais met aussi en péril la subsistance de milliers de familles vivantes de cette activité.

La région de Saint-Louis, déjà fortement touchée par la dégradation des écosystèmes marins, fait face à un danger accru avec l’exploitation du récif naturel Diatara, le plus grand de la région, par les entreprises pétrolières. Les récifs artificiels promettaient de pallier cette destruction et d’assurer un certain équilibre écologique, en servant de refuge pour la faune marine menacée.

« Depuis 2019, la communauté des pêcheurs s’est engagée de bonne foi dans les discussions, espérant des actions concrètes pour protéger nos moyens de subsistance et notre environnement. Aujourd’hui, nous nous sentons trahis », a déclaré M. Sarr, responsable de la commission Environnement et Préservation des Ressources de l’association des pêcheurs artisanaux à la ligne de Saint-Louis.

 

Les pêcheurs de Saint-Louis ne comptent pas rester silencieux face à cette situation. Ils demandent à BP et Kosmos Energy de respecter leurs engagements initiaux en construisant les six récifs artificiels promis. Ils exigent également la mise en place d’un programme de compensation juste pour compenser les pertes de revenus déjà subies par les pêcheurs, ainsi qu’un accès à des alternatives de pêche durables pour assurer la survie de leur communauté.

« Toute autre décision serait perçue comme un mépris total des droits des pêcheurs artisanaux de Saint-Louis et une atteinte grave à la protection de notre écosystème marin », ont-ils averti.

La communauté en appelle aux autorités compétentes pour intervenir et contraindre BP et ses partenaires à honorer leurs engagements. Si aucune action n’est prise, les pêcheurs de Saint-Louis se réservent le droit de prendre les mesures nécessaires pour défendre leurs intérêts et ceux de leur environnement.

Cette déclaration de la communauté des pêcheurs artisanaux de Saint-Louis met en lumière les tensions croissantes entre les entreprises d’exploitation de ressources naturelles et les populations locales. Alors que la région fait face à des défis environnementaux de taille, la pression monte pour que des solutions concrètes et respectueuses des engagements soient mises en œuvre afin de préserver les écosystèmes et les moyens de subsistance des habitants.

Yanda Sow

Mines : La position du syndicat sur l’affaire des 44 agents affiliés au fonds minier

Suite au communiqué du Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines sur la cessation de paiement des 44 agents affiliés au Fonds de Développement Minier, Abdoul Aziz Camara, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des mines et de la géologie, a réagi en appelant au dialogue et à la négociation pour résoudre cette situation délicate.

Dans sa déclaration, M. Camara a rappelé que le syndicat avait pris l’initiative d’alerter les autorités peu après l’annonce de la cessation des activités des agents concernés. « En tant que syndicat, nous étions les premiers à porter le dossier auprès de l’autorité, une semaine après la notification de cessation d’activités. Nous sommes toujours dans la logique de poursuivre le dialogue », a-t-il affirmé.

Pour le leader syndical, la solution à cette crise réside dans le dialogue social plutôt que dans l’affrontement. « Quand une autorité vous ouvre ses portes, pourquoi aller au combat ? » a-t-il souligné, ajoutant que, fort de son expérience dans le monde syndical, il était convaincu que la négociation était l’approche la plus appropriée pour régler le différend lié aux 44 agents. « La meilleure approche pour l’affaire des 44 agents, c’est le dialogue et la négociation », a-t-il insisté.

Des irrégularités parmi les agents du Fonds Minier

Toutefois, M. Camara n’a pas manqué de reconnaître l’existence de certaines irrégularités au sein des effectifs du Fonds de Développement Minier. Il a confirmé qu’il y avait des agents recrutés dans le cadre du Fonds qui n’ont jamais réellement exercé leurs fonctions. « Je peux confirmer qu’il y a des agents recrutés dans le Fonds minier et qui n’ont jamais mis les pieds dans leurs lieux de service », a-t-il révélé.

Le syndicaliste a également tenu à préciser que, tout en défendant les droits des travailleurs, le syndicat ne saurait soutenir des employés qui ne respectent pas leurs engagements professionnels. « En tant que syndicat responsable, je ne suis pas prêt à défendre des agents qui ne travaillent pas », a-t-il déclaré, mettant ainsi l’accent sur la responsabilité syndicale dans la gestion de ce dossier.

Vers une solution par le dialogue

Cette intervention du secrétaire général du syndicat marque une étape importante dans la gestion de cette crise, car elle montre la volonté des représentants des travailleurs de privilégier la concertation avec le ministère. Le dossier des 44 agents, suspendus pour des irrégularités contractuelles, est une question sensible qui nécessite une approche équilibrée, tenant compte à la fois des droits des travailleurs et des exigences légales.

Le ministère, qui a déjà annoncé des mesures correctives et des réformes à venir pour régulariser la situation du Fonds de Développement Minier, pourrait trouver dans cette posture syndicale un appui pour avancer vers une solution concertée. Le dialogue semble donc être la voie privilégiée pour résoudre cette crise et éviter une escalade dans le conflit social qui pourrait fragiliser davantage le secteur minier.

Yanda Sow

 

 

 

Mines : Non-paiement du Fonds Minier – Les graves irrégularités qui entachent la gestion

Dans un récent communiqué, le Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines a tenu à éclaircir la situation liée au non-paiement de 44 agents affiliés au Fonds de Développement Minier, révélant de sérieuses irrégularités et une gestion chaotique au sein de cette institution.

En 2023 et 2024, le ministère a procédé au recrutement de ces agents dans des domaines divers comme l’ingénierie, la statistique et l’environnement. Cependant, ces contrats à durée indéterminée (CDI) ont été rejetés par l’Inspection du Travail en raison de leur illégalité manifeste : le Fonds Minier ne disposant pas de la personnalité morale requise pour engager du personnel permanent. De plus, le Code du Travail sénégalais impose des règles strictes aux secteurs des mines et de la géologie, n’autorisant que des contrats temporaires.

Cette anomalie contractuelle est révélatrice de la gestion opaque et irrégulière qui a prévalu au sein du Fonds. Le Ministère a également révélé que le Fonds Minier fait face à de graves tensions financières, malgré une augmentation significative de ses ressources. Aujourd’hui doté de 818 millions de francs CFA, le Fonds est incapable de couvrir les besoins salariaux annuels qui dépassent largement ce montant, atteignant plus d’un milliard de francs CFA.

Ce déséquilibre a été aggravé par une mauvaise gestion budgétaire qui a mené à un déficit de 238 millions de francs CFA. En plus de cette gestion déficiente, des dettes sociales s’accumulent, dépassant 100 millions de francs CFA et dues à l’IPRES (Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal) et à la Caisse de Sécurité Sociale.

Ces irrégularités financières ont forcé les gestionnaires du Fonds à recourir à des sources de financement non autorisées pour essayer de combler le déficit, ce qui constitue une infraction flagrante aux règles budgétaires en vigueur. Ces pratiques mettent non seulement en danger l’intégrité financière du Fonds, mais exposent également ses gestionnaires à des risques juridiques majeurs.

Face à ces dysfonctionnements, le Ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines a annoncé une série de mesures correctives immédiates visant à redresser la situation. Parmi les premières décisions, la suspension des paiements des 44 agents recrutés entre 2023 et 2024, dont les contrats illégaux n’ont pas été validés. Cette mesure vise à stopper l’hémorragie financière tout en clarifiant les responsabilités.

Un audit approfondi a également été lancé pour examiner les recrutements antérieurs, en vue d’identifier les manquements et d’ajuster les profils des employés aux réels besoins du ministère. Ce diagnostic permettra d’optimiser la gestion des ressources humaines, actuellement marquée par une inadéquation entre les profils recrutés et les besoins du secteur.

Le ministère a par ailleurs formulé une demande de rallonge budgétaire auprès du Ministère des Finances, afin de régulariser les paiements salariaux jusqu’à la fin de l’année et rembourser les dettes sociales en suspens. Cette démarche vise à éviter une détérioration plus grave de la situation financière du Fonds.

Vers une réforme du Fonds Minier

Au-delà des mesures immédiates, le ministère a entamé une réforme structurelle du Fonds de Développement Minier. Un projet de décret est en cours d’élaboration pour remplacer l’arrêté de 1981, qui régit actuellement le Fonds. Ce décret vise à doter le Fonds de la personnalité juridique, afin de lui permettre d’agir en tant qu’employeur à part entière et de rendre ses opérations conformes aux règles légales et budgétaires.

En accordant une personnalité juridique au Fonds, le ministère cherche à renforcer la transparence et l’efficience dans la gestion des ressources allouées au secteur minier, tout en régularisant les emplois existants. Cette réforme devrait également permettre d’éviter à l’avenir des situations similaires, en assurant un cadre de gestion plus strict et mieux encadré.

Ces révélations montrent l’ampleur des dysfonctionnements qui ont gangrené la gestion du Fonds de Développement Minier au fil des années. Le Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines s’engage à corriger ces irrégularités, tout en protégeant les droits des travailleurs concernés. Les mesures correctives engagées, couplées à la réforme du cadre juridique, visent à restaurer l’intégrité financière du Fonds et à garantir un fonctionnement plus transparent et conforme aux lois en vigueur

Sénégal- FADL : Le Gouverneur de Thiès exhorte  à l’application de l’article 115 du code minier

Le 17 octobre 2024, un forum de plaidoyer pour l’effectivité du Fonds d’Appui au Développement Local (FADL) a été organisé à Thiès par le collectif de suivi du FADL. Cette rencontre a pour objectif d’inciter les autorités étatiques et les sociétés minières à mettre en œuvre le FADL, afin que les collectivités territoriales puissent bénéficier de ces fonds pour financer leur développement.

L’événement, présidé par le gouverneur de la région de Thiès, Monsieur Massaer Ndao, s’est tenu en collaboration avec le programme USAID/TRACES. M. Ndao a souligné l’importance des enjeux et défis liés au FADL dans la première région minière du Sénégal. Il a rappelé les principes d’équité et de justice sociale énoncés dans l’article 115 du code minier, affirmant que l’installation d’une société dans une communauté engendre des impacts qu’il est impératif de réparer.

« Même sans l’article 115, il serait logique que les entreprises compensent les perturbations causées aux communautés locales. Cette compensation peut se faire par le biais du FADL. C’est pourquoi toutes les sociétés minières doivent s’engager collectivement à opérationnaliser ce fonds, afin d’atténuer les effets négatifs subis par ces communautés. Des localités comme Mboro, Meouane, Darou Khoudoss, Diogo et Ngoundiane souffrent de ces externalités, et l’accès au FADL est crucial pour leur développement. Je suis convaincu que ce plaidoyer doit être porté à tous les niveaux, afin d’encourager les entreprises étrangères à contribuer à la mise en place de ce fonds, qui soutiendra le développement local », a-t-il déclaré.

Concernant les collectivités locales, le Gouverneur Ndao a appelé à une meilleure organisation pour que ces fonds soient utilisés efficacement pour répondre aux préoccupations des communautés, grâce à une planification claire. « Les collectivités territoriales doivent disposer d’outils de planification qui faciliteront l’injection de ces fonds, garantissant ainsi que les investissements profitent réellement aux populations », a-t-il ajouté.

Mme Mbathion Ngom, coordonnatrice du collectif de suivi du FADL, s’est félicitée de l’implication de toutes les communes concernées et a rappelé les principes fondamentaux de l’article 115 du code minier. « Selon cet article, adopté en 2016, le FADL est une obligation légale. Il stipule que 0,5 % du chiffre d’affaires annuel hors taxes des entreprises minières doit être versé aux collectivités situées dans leurs zones d’intervention pour soutenir leur développement économique », a-t-elle déclaré.

Cependant, d’après une étude scientifique menée par le collectif de suivi, il apparaît qu’aucune des communes concernées n’a encore reçu de versements du FADL, à l’exception de la commune de Ngoundiane, qui a récemment bénéficié de fonds de la part de COGECA, une entreprise active dans sa zone.

Yanda Sow

Sénégal–Energie : ’’ Jiguen Mooy Leer’’ promeut l’employabilité des filles

Le programme « Jiguen Mooy Leer » s’inscrit dans une démarche globale visant à promouvoir l’égalité des genres et à doter les jeunes femmes sénégalaises des compétences nécessaires pour réussir dans des secteurs techniques. À travers cette initiative, MCA Sénégal, en collaboration avec divers acteurs publics et privés, travaille à favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de femmes leaders dans des domaines stratégiques.

Représentant le Ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Cheikh Niane a participé à l’atelier de partage des résultats de la première cohorte du programme « Jigeen moy leer » du Sénégal Power Compact de la Millennium Challenge Corporation (MCC). Il a expliqué que le programme, qui signifie « La Femme est Lumière », a pour objectif d’améliorer l’accès des jeunes femmes aux emplois dans les secteurs énergétiques, en réponse aux difficultés qu’elles rencontrent pour s’insérer sur le marché du travail. Ce programme vise à favoriser leur inclusion dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes, tels que l’énergie, l’ingénierie et les technologies.

Cheikh Niane a rappelé les objectifs à long terme de l’initiative : « Nous cherchons à changer les mentalités et à prouver que les femmes ont toute leur place dans les secteurs techniques et industriels. C’est ainsi que nous pourrons bâtir une économie inclusive et prospère. »

« Jiguen Mooy Leer » a déjà un impact considérable sur la vie de nombreuses jeunes femmes au Sénégal. Grâce aux stages et aux formations qu’il propose, elles acquièrent des compétences pratiques, développent leur confiance en elles et se préparent à entrer sur le marché du travail avec des qualifications solides. Soutenue par le Millennium Challenge Account (MCA) Sénégal, cette initiative est devenue une référence pour les opportunités qu’elle offre aux jeunes femmes sénégalaises.

Lors d’une cérémonie de présentation à Kaolack, plusieurs bénéficiaires de la première cohorte, notamment celles ayant effectué leur stage à la SENELEC, ont témoigné des effets positifs de ce programme sur leur parcours professionnel. L’une d’elles, particulièrement émue, a partagé son expérience en racontant comment cette opportunité avait été pour elle une véritable révélation.

« Dès que j’ai su que j’étais sélectionnée pour « Jiguen Mooy Leer », j’ai compris l’importance de cette chance. À la SENELEC de Kaolack, j’ai découvert des domaines qui me semblaient auparavant inaccessibles. J’ai acquis des compétences techniques, mais aussi appris à me dépasser et à briser les barrières de genre », a-t-elle déclaré avec émotion. Pour cette stagiaire, ce programme va au-delà d’un simple stage : il représente une véritable occasion de réécrire son avenir. Elle a également souligné l’importance du soutien qu’elle a reçu tout au long de son stage, ainsi que l’accompagnement des équipes de la SENELEC, qui l’ont pleinement intégrée dans un environnement majoritairement masculin.

Oumar Diop, Directeur Général de MCA Sénégal, a également mis en avant l’importance de ce programme : « Il est crucial de permettre aux femmes de s’impliquer dans des secteurs où elles ont été historiquement sous-représentées. L’autonomisation économique passe par la formation et l’accès à des métiers d’avenir. »

« Jiguen Mooy Leer » est une initiative ambitieuse qui, en promouvant l’inclusion et l’égalité des chances, permet aux femmes sénégalaises de s’épanouir dans des secteurs où elles étaient auparavant marginalisées. Les témoignages, comme celui de la stagiaire de SENELEC à Kaolack, montrent à quel point ce programme constitue une opportunité de transformation personnelle et professionnelle.

Yanda Sow

Sénégal-APCC : L’Afrique revendique sa place dans la lutte climatique

À l’occasion de la Conférence des Peuples Africains sur le Climat, les représentants africains ont exprimé leur indignation face à l’inaction mondiale sur le climat et ont exigé une véritable justice écologique. Cet événement, organisé en parallèle de la COP29, a réuni des leaders africains, ONG et activistes climatiques.

L’Afrique, bien qu’elle ne représente que 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, subit des conséquences disproportionnées : sécheresses, inondations, désertification, perte de biodiversité. Ces effets aggravent les inégalités sociales et économiques déjà présentes. Les peuples africains, victimes d’une crise qu’ils n’ont pas provoquée, appellent à une action immédiate.

La déclaration a dénoncé la mainmise des grandes entreprises et de l’industrie extractive sur les décisions climatiques mondiales. Les participants ont critiqué les COP, trop souvent dominées par les intérêts des pays riches et des multinationales, qui proposent des « fausses solutions » telles que la compensation carbone, ignorant les besoins des communautés africaines.

La déclaration a mis en avant les solutions africaines locales, notamment l’agroécologie, la souveraineté alimentaire et la gestion durable des ressources. Les peuples africains exigent une transition juste, qui respecte les droits des communautés et les écosystèmes.

Les peuples africains appellent à une unité continentale pour défendre leurs droits face aux défis climatiques. Ils insistent sur la participation des femmes dans les décisions, car elles sont à la fois les plus touchées par la crise et porteuses de solutions.

Cette déclaration constitue une feuille de route pour l’avenir, exigeant la reconnaissance des droits des peuples africains à un environnement sain, des financements équitables et la fin des pratiques extractives. À l’approche de la COP29, les peuples africains sont unis pour exiger des actions concrètes et une justice climatique réelle.

Dans son allocution, Ababacar Gueye a souligné la gravité de la situation climatique en Afrique, rappelant que bien que le continent ne soit pas le principal responsable des émissions de gaz à effet de serre, il en subit de plein fouet les conséquences. « L’Afrique fait partie des continents qui subissent le plus de conséquences néfastes du réchauffement climatique, alors même qu’elle n’est pas le plus grand pollueur », a-t-il déclaré.

Lors de et conférence des peuples africains sur la justice climatique à Saly, Ababacar Gueye, représentant le préfet de Mbour, a rappelé l’engagement du Sénégal dans la lutte contre le réchauffement climatique, soutenant activement les ONG locales dans leurs efforts pour la protection de l’environnement et l’aide aux populations vulnérables.

Les participants à la Conférence des Peuples Africains sur le Changement Climatique ont effectué une randonnée pédestre dans les artères de Saly pour passer un message fort à la population. Cette initiative visait à sensibiliser les citoyens sur l’importance de s’approprier le combat contre le changement climatique et à les encourager à s’engager activement dans cette lutte essentielle.

Cette déclaration marque un tournant pour l’Afrique, qui refuse désormais de rester passive et exige une place centrale dans les discussions mondiales sur le climat.

Yanda Sow

Contre COP-Sénégal : Conference des peuples africains pour dénoncer la COP et l’industrie extractive

Plusieurs pays africains se sont réunis au Sénégal à l’occasion de la 4e édition de la Conférence des Peuples Africains (APCC) qui se tiend au Sénégal du 7 au 10 Octobre, un rassemblement essentiel pour dénoncer ce que beaucoup appellent la « COP des présidents » et l’industrie extractive, qui ne servent que les intérêts des élites et des grandes entreprises, au détriment des communautés locales.

Organisée par Lumière Synergie pour le Développement (LSD) et Africa Climate Justice Groupe, cette conférence se veut une véritable « Contre-COP », où les voix des peuples africains sont enfin entendues.

L’APCC est un espace pour que les communautés africaines, les premières victimes des crises climatiques, puissent discuter de l’impact réel des décisions prises lors des COP officielles, lesquelles sont souvent perçues comme étant déconnectées des réalités locales. Nahounou Daleba, membre des Jeunes Volontaires pour l’Environnement en Côte d’Ivoire, l’a souligné lors de son intervention : « Nous sommes ici pour dénoncer une COP qui n’écoute que les présidents et les grandes entreprises. Les communautés, elles, sont en première ligne face aux effets dévastateurs du changement climatique, et leurs voix sont systématiquement ignorées. »

Les participants ont dénoncé l’industrie extractive, qui, sous couvert de développement, exploite les ressources naturelles africaines sans apporter de bénéfices tangibles aux populations locales. Aly Sagne, un leader clé du mouvement pour la justice climatique, a déclaré : « Ces projets menés par les grandes entreprises internationales ignorent totalement les droits des communautés. Ils ne servent qu’à enrichir l’industrie extractive, tout en dévastant l’environnement et en aggravant la pauvreté dans nos régions. Nous devons lutter contre cette exploitation et exiger que les droits des communautés soient respectés. »

En plus des critiques envers l’industrie extractive, les peuples africains réunis à cette « Contre-COP » ont discuté de l’impact concret du changement climatique sur leurs vies. L’érosion côtière, la désertification et les inondations sont des problèmes majeurs qui affectent plusieurs régions du continent. Des villages entiers disparaissent à cause de la montée des eaux, tandis que l’avancée du désert menace les terres agricoles, précipitant la crise alimentaire.

Nahounou Daleba a parlé de l’urgence climatique que vivent les populations africaines. « Nous perdons nos terres agricoles à cause de l’érosion côtière, et nos parents ne reconnaissent plus les saisons. La désertification progresse, et cela affecte directement nos moyens de subsistance, » a-t-il expliqué. Des régions comme Bargny, au Sénégal, voient leurs villages menacés par l’avancée de la mer, avec des maisons et des cultures qui disparaissent, détruisant des communautés entières.

Les inondations, qui se multiplient en raison des pluies imprévisibles, aggravent également les crises humanitaires en Afrique. Ces événements extrêmes sont liés à la dégradation environnementale, mais aussi à des décisions politiques qui, comme l’a rappelé Aly Sagne, « privilégient toujours l’industrie extractive au lieu d’investir dans des solutions durables et résilientes. » Il a ajouté : « Les États doivent cesser de soutenir ces industries qui détruisent nos ressources et amplifier la crise climatique. »

Une Plateforme pour les Peuples : Propositions pour une Justice Climatique
La Conférence des Peuples Africains est bien plus qu’une simple dénonciation des injustices. Elle est un espace où les communautés africaines proposent des solutions durables pour faire face aux crises écologiques.

Aly Sagne a mis en avant la nécessité de s’éloigner des énergies fossiles comme le charbon, souvent imposées aux pays africains, pour favoriser des alternatives locales, telles que l’agroécologie. « Nous devons retourner à des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. L’agroécologie paysanne est capable de nourrir non seulement l’Afrique, mais le monde entier, » a-t-il affirmé.
Nahounou Daleba a également souligné l’importance de repenser notre modèle de consommation. « L’extractivisme ne profite pas aux Africains. Nous devons revoir notre manière de consommer, privilégier des pratiques durables et stopper la course à l’exploitation de nos ressources, » a-t-il insisté.

Cette 4e édition de l’APCC a réaffirmé l’importance de l’engagement collectif pour la justice climatique en Afrique. Les peuples africains, qui subissent de plein fouet les effets du changement climatique, appellent à une justice qui place leurs voix au centre des décisions mondiales. « Nous ne voulons plus être les victimes silencieuses de politiques qui nous ignorent. Nous avons des solutions à proposer, et nous sommes prêts à nous battre pour que nos droits soient respectés, » a conclu Nahounou Daleba.

En rassemblant plusieurs pays africains au Sénégal, cette conférence marque un tournant dans la lutte pour la justice climatique. Elle met en lumière la nécessité d’inclure les peuples dans les processus décisionnels et de lutter contre une COP qui défend les intérêts de l’industrie extractive et des élites, au détriment de ceux qui souffrent le plus de la crise climatique

Yanda Sow

Sénégal-Gouvernance de l’extractif : La société civile appelle à une co-construction avec l’État

Le dialogue entre la société civile et le gouvernement, initié en juillet dernier sous le nom de ‘’Diisso nguir tabax euleuk’’, s’est poursuivi ce vendredi avec une rencontre entre les acteurs non étatiques et le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop. Cette réunion avait pour objectif de s’assurer que les préoccupations de la société civile soient intégrées dans le prochain référentiel des politiques publiques, qui doit être présenté sous peu.

Dr. Malick Diop, président de la plateforme des Acteurs Non Étatiques, a souligné l’importance de cette rencontre. « Cette rencontre entre dans la suite logique de ‘’Diisso nguir tabax euleuk’’, un dialogue que nous avons commencé en juillet. Nous avons reçu aujourd’hui le ministre pour que les préoccupations de la société civile soient prises en compte dans le prochain référentiel des politiques publiques. La société civile appelle à une co-construction pour que ce document reflète les recommandations formulées par les communautés que nous soutenons », a-t-il déclaré.

Le thème central de cette rencontre, « l’exploitation optimale des ressources naturelles », vise à aligner l’exploitation des richesses naturelles avec les intérêts des communautés locales, souvent touchées par les externalités négatives de l’extraction. « Comment les ressources naturelles peuvent-elles bénéficier à ces communautés, qui, bien souvent, subissent les conséquences néfastes de cette exploitation ? », se demande le Dr. Diop, mettant en avant les enjeux pour les populations locales.

Les doléances de la société civile

Lors de cette rencontre, plusieurs représentants de la société civile ont pris la parole pour interpeller le ministre sur diverses problématiques liées au secteur extractif et à la transition énergétique. Parmi les questions soulevées figurent l’absence de versement des Fonds d’appui au développement local et de péréquation, prévus par le Code minier, soulevée par Dr. Pape Fara Diallo, Président de la Coalition « Publiez ce que vous payez ».

Dr. Fatima Diallo, du CRADESC, a abordé le financement de la transition énergétique juste (JETP) et la place du contenu local dans ce processus. De son côté, Mme Aïda Diop, présidente de Women in Mining, a mis l’accent sur la nécessité de l’iclusion des femmes dans le processus de la transition énergétique mais aussi de toutes les couches vulnerables.

Le ministre Birame Souleye Diop a assuré une écoute attentive à toutes ces préoccupations, tout en relativisant certaines critiques, notamment sur les impacts négatifs de l’exploitation des ressources naturelles. « À côté des externalités négatives, il y a aussi des retombées positives qu’il ne faut pas occulter », a-t-il rappelé. Il a invité à une analyse plus nuancée de la situation, en s’appuyant sur un modèle SWOT (forces, faiblesses, opportunités et menaces), afin de peser les avantages et inconvénients de l’exploitation des ressources naturelles.

La question de la dette liée au JETP

Concernant les craintes soulevées au sujet de la dette publique qui pourrait être aggravée par le financement du JETP, le ministre a souligné l’urgence de répondre aux besoins énergétiques du pays, qui devraient passer de 1 400 MW à 2 100 MW d’ici 2025. « Pour un tel investissement, il est quasi impossible de se reposer uniquement sur nos ressources internes ou sur l’investissement du secteur privé national », a-t-il expliqué.

Sur les fonds destinés aux collectivités territoriales, le ministre a promis de prendre toutes les mesures nécessaires pour que ces fonds soient effectivement versés, comme prévu par la loi.

Un engagement pour la prise en compte des recommandations

 Le ministre Birame Souleye Diop a salué cette initiative de dialogue, qui permet de rapprocher les points de vue entre les autorités et la société civile. Il a également rassuré les participants sur l’inclusion de leurs recommandations dans le prochain référentiel des politiques publiques. « Vous êtes dans le wagon qui présentera ce référentiel, donc il n’y a aucune inquiétude à avoir », a-t-il affirmé, assurant que les préoccupations soulevées seront prises en compte.

Cette rencontre constitue une étape importante vers une collaboration plus étroite entre le gouvernement et la société civile, dans l’objectif de garantir que les politiques publiques futures reflètent véritablement les intérêts et les besoins des populations sénégalaises.

Yanda Sow

Renégociation des contrats au Sénégal : Quelle communication pour un processus transparent ?

Le Sénégal s’engage actuellement dans une phase cruciale de renégociation de ses contrats pétroliers, gaziers et miniers. Selon Abdoulaye Ba, chargé de projet à NRGI, « la transparence apparaît comme un enjeu essentiel » dans ce contexte. Les objectifs et les termes de ces renégociations n’étant pas encore dévoilés, « une communication claire et proactive est indispensable pour préserver un climat d’investissement favorable et maintenir la confiance des partenaires étrangers ». Il ne s’agit pas seulement de rassurer les investisseurs, mais aussi « d’informer les citoyens », dont les attentes en matière d’amélioration de leurs conditions de vie sont grandes.

Les Sénégalais espèrent que ces renégociations se traduiront par des avancées tangibles sur le plan économique et social. Ils attendent du gouvernement qu’il démontre comment ce processus bénéficiera au pays, notamment en matière de « financement des infrastructures, de création d’emplois, et de promotion du développement durable ». Pour éviter toute méfiance et renforcer la légitimité de cette démarche, Abdoulaye Ba souligne qu’ »il est impératif que la communication soit transparente, cohérente et accessible ».

Équilibrer intérêts nationaux et confiance des investisseurs

Le Sénégal doit habilement concilier la défense de ses intérêts nationaux avec la nécessité de maintenir la confiance des investisseurs. « Une communication ouverte et transparente permettrait de dissiper tout doute d’incertitude ou de favoritisme », explique Abdoulaye Ba, ajoutant que ces incertitudes pourraient nuire à l’attractivité du pays auprès des investisseurs étrangers.

Des pays comme la Guinée et la République Démocratique du Congo ont démontré « l’importance d’une telle transparence » en publiant des informations détaillées sur le cadre et les étapes de renégociation de leurs contrats, créant ainsi un climat de confiance. Le Sénégal pourrait s’inspirer de ces pratiques pour anticiper les préoccupations des investisseurs tout en renforçant l’adhésion de ses citoyens aux réformes en cours.

L’importance d’une stratégie de communication structurée

Pour réussir ce processus de renégociation, le Sénégal doit mettre en place une stratégie de communication fondée sur deux axes : l’information et la pédagogie. Selon Abdoulaye Ba, « il s’agit non seulement d’informer les citoyens et les investisseurs des objectifs et des modalités de la renégociation, mais aussi de montrer que le processus respecte les normes internationales et défend les intérêts du pays ».

Cette communication doit contribuer à instaurer un climat de confiance en garantissant que « les renégociations se déroulent dans un cadre légal, juste et équitable », permettant ainsi de rassurer toutes les parties prenantes que les décisions prises sont en faveur de l’intérêt général.

Vers un succès basé sur la transparence

En définitive, la réussite des renégociations de contrats au Sénégal dépendra largement de la capacité du gouvernement à assurer « une transparence totale tout au long du processus ». Cela inclut l’implication de toutes les parties prenantes, la gestion efficace des attentes, et la garantie que les avantages issus des renégociations contribueront au développement économique et social du pays.

« Une communication bien structurée et transparente sera un facteur déterminant pour éviter les malentendus », conclut Abdoulaye Ba, tout en insistant sur l’importance de renforcer la confiance des investisseurs et de démontrer aux citoyens que ces renégociations constituent un levier pour améliorer leur quotidien et bâtir un avenir plus prospère

Yanda Sow

Transition énergétique : NRGI Facilite le Partage d’Expériences entre Partenaires Internationaux et Société Civile »

Organisé par le Natural Resource Governance Institute (NRGI), un webinaire d’envergure s’est tenu récemment, réunissant des experts internationaux, des représentants de la société civile et des partenaires institutionnels pour aborder le Partenariat pour une Transition Énergétique Juste (JETP).

Ce rendez-vous visait à échanger des expériences, partager des leçons apprises et discuter de la manière dont la transparence, l’équité et l’implication de la société civile sont intégrées dans la conception et le financement du JETP dans différents pays, notamment en Afrique du Sud et au Sénégal.

Le JETP est une initiative phare visant à accélérer la transition énergétique dans les pays en développement, tout en s’assurant qu’elle soit équitable, inclusive et qu’elle tienne compte des réalités socio-économiques locales. Mme Birgit Strube, représentante du Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement, a souligné l’importance d’une approche partenariale dans la mise en œuvre du JETP. Pour elle, « la transparence et l’équité sont des éléments essentiels à intégrer dans le processus, mais il est tout aussi crucial d’impliquer activement la société civile et les communautés locales. »
En effet, l’Allemagne, en tant que partenaire financier du JETP, a insisté sur l’importance de créer des synergies entre les gouvernements, les populations, le secteur privé et les organisations de la société civile. Ce partenariat ne doit pas se limiter à des décisions unilatérales, mais plutôt inclure toutes les voix pour assurer que personne ne soit laissé pour compte dans cette transformation.

L’expérience de l’Afrique du Sud : un modèle de participation inclusive
M. Blessing Manale, membre de la Commission présidentielle sur le climat en Afrique du Sud, a partagé des insights sur l’implémentation du JETP dans son pays, l’un des premiers à signer ce partenariat en 2021. Il a décrit comment le gouvernement sud-africain a travaillé à intégrer les populations locales et la société civile dès les premières phases de mise en œuvre. « Dès le début, la société civile a été consultée pour développer un plan d’investissement socialement responsable, et nous avons veillé à ce que la transition énergétique ne se fasse pas au détriment des communautés locales », a-t-il expliqué.
L’Afrique du Sud a mis en place des mécanismes de dialogue avec les parties prenantes, notamment sur la question cruciale des emplois et des compétences nécessaires pour s’adapter aux nouvelles exigences de l’économie verte. Selon M. Manale, « il ne suffit pas de définir une transition énergétique, il faut aussi s’assurer que ceux qui en seront le plus impactés, notamment les travailleurs et les communautés locales, soient soutenus et accompagnés. »

Le Sénégal à la croisée des chemins : le rôle clé de la société civile
Au Sénégal, où le JETP est encore en phase de conception, la société civile joue un rôle de plus en plus crucial dans la définition des priorités et des critères d’une transition juste. Le Dr Fatima Diallo, coordonnatrice de la plateforme des Acteurs de la Société Civile pour une Transition Énergétique Juste (PACTEJ), a partagé ses préoccupations concernant l’implication tardive des organisations de la société civile dans le processus. Elle a cependant salué les efforts récents du gouvernement pour les inclure dans l’élaboration du plan d’investissement.

Pour Dr. Diallo, « il est impératif que la société civile ne soit pas seulement consultée de manière formelle, mais que ses préoccupations, notamment celles des couches les plus vulnérables de la population, soient véritablement prises en compte. » Elle a également souligné l’importance d’une meilleure communication autour du JETP afin que les populations sénégalaises puissent s’approprier cette initiative.
Le financement du JETP au Sénégal reste un enjeu crucial. Selon le Dr. Diallo, il est inconcevable que seulement 6 % des financements soient alloués sous forme de subventions, tandis que le reste repose sur des prêts qui risquent d’alourdir la dette publique. « Nous devons veiller à ce que ce modèle de financement soit révisé pour qu’il ne pénalise pas davantage nos finances publiques », a-t-elle averti.

Une transition énergétique juste pour tous
Le webinaire a permis de souligner l’importance d’une transition énergétique qui soit véritablement inclusive et participative. Les leçons tirées de l’Afrique du Sud et les défis du Sénégal montrent que, pour réussir, le JETP doit s’appuyer sur un dialogue constant entre les gouvernements, les partenaires financiers et les populations locales.
Comme l’a rappelé Mme Birgit Strube, « le succès du JETP dépendra de notre capacité à travailler ensemble, en respectant les spécificités de chaque pays, tout en assurant que la transition énergétique bénéficie à tous, sans exception. »
Le chemin vers une transition énergétique juste est encore long, mais des initiatives comme ce webinaire marquent des avancées importantes vers une mise en œuvre réussie et équitable du JETP dans les pays en développement.

Yanda Sow