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Sénégal-Lutte contre les changements climatiques : IFDD change de paradigme et lance son projet NEXUS

C’est une nouvelle approche dans la lutte contre les changements climatiques.L’Institut Francophonie pour le Développement Durable (IFDD), organe subsidiaire de l’organisation Internationale de la Francophonie (OIF), alancé le programme NEXUS pour impulser un changement de paradigmes dans la gestion des problématiques liées au changements climatiques.

L’objectif visé par l’IRD, dans le cadre de cette initiative, c’est de casser les silos et surtout de partager les bonnes pratiques pour une meilleure mise en œuvre des différentes thématiques dans la lutte contre les changements climatiques. « Aujourd’hui on constate que depuis maintenant plus 30 ans on fonctionne par thématique notamment l’eau, l’énergie, la biodiversité, la désertification et c’est très bien ; mais sur le terrain au niveau local, on s’aperçoit qu’on ne raisonne pas par silo mais plutôt de façon intégrée », a indiqué Cécile Martin-Phipps directrice de l’IFDD.

Dès lors, il apparait évident la nécessité de repenser tous ces programmes afin de créer cette synergie entre ces différentes thématiques et prendre en compte cette dimension d’interconnexion entre elles. Elle estime que quand on parle d’agriculture, on parle aussi d’énergie parce qu’il y’a un besoin d’alimentation en eau et en énergie pour la transformation de cette agriculture. « C’est aussi parler de commerce, d’emploi, de comment éviter la déforestation ou bien de l’appauvrissement des sols et de la biodiversité qui sont autant de problématiques qui interpellent les Etats ».

« Le changement de paradigmes à travers la formation, l’échange de bonnes pratiques, le renforcement de capacités et l’émergence de solutions innovantes qui ne sont pas forcément des transferts de hautes technologies mais plutôt des technologies de mains, des savoir-faire traditionnels, constitue un levier sur lequel tous les pays pourront compter pour l’atteinte du développement durable », a ajouté Cecile Martin-Philipps.

 C’est pourquoi, poursuit-elle, « L’objectif de ces assises, avant même qu’on ne lance nos programmes au sein de la francophonie, c’est d’abord d’écouter nos Etats parce que la francophonie c’est 88 Etats et gouvernements membres qui sont sur 5 continents et tous ont de bonnes pratiques à partager au niveau local, au niveau national, au niveau sous régional, pour bâtir quelque chose de durable dans nos pays » .

La 27ème conférence des parties (COP) organisée par l’ONU  au mois de novembre  à Charm el-Cheikh sur les changementsclimatiques,la COP sur la biodiversité à Montréal présentement  et tout dernièrement, en Afrique, la conférence des parties sur la désertification, autant  d’initiatives qui font que le momentchoisi pour tenir ces assises a été jugé idéal. C’est ce qu’a fait savoir M. Cheikh Fofana, Directeur Adjoint de l’environnement et des établissements classés au ministère de l’environnement du développement et de la transition écologique du Sénégal. « Ces assises viennent à points nommé et constituent le prolongement de toutes ces rencontres et particulièrement pour les pays francophones de pouvoir échanger et de partager leurs expériences sur ces questions extrêmement importantes, de survie pour trouver ensemble des solutions afin de promouvoir les actions de développement ».

Il reconnaît que les approches sectorielles ont montré leurs limites et le plus important c’est de travailler en synergie dans le cadre d’approches intégrées pour que les différents secteurs de développement qui doivent être mises en œuvre le fassent de façon intégrée.  « Pour faire de l’agriculture il faut des terres. Alors si aujourd’hui en parlant d’agriculture on ne prend pas en compte la dimension eau ni la dimension terre, qui aujourd’hui se dégrade mais également la dimension climat, le risque serait alors très grand de passer à côté des résultats attendus », a indiqué M. Cheikh Fofana.

Yanda Sow

Sénégal-Contenu local : Les fournisseurs locaux à la traine

Alors que les fournisseurs étrangers s’accaparent près de 1500 milliards FCFA de part de marchés dans les achats des industries extractives, les locaux ont dû se contenter, en 2021, d’un peu plus de 360 milliards FCFA de part de marchés.

Dans le secteur minier, le volume des transactions avec les fournisseurs locaux s’élève, au titre de l’année 2021, à presque 257 milliards de francs CFA soit environ 24% du volume des achats des entreprises sélectionnées dans le Rapport Itie 2021, contre plus de 810,5 milliards FCFA pour les fournisseurs étrangers. Dans le domaine des hydrocarbures, les locaux s’en tirent avec 113 538 333 310 FCFA, contre 675 290 172 034 FCFA pour les fournisseurs étrangers.

En ce qui concerne les hydrocarbures, c’est Woodside Energy Senegal qui est la plus grande contributrice au contenu local avec 109 537 196 853 FCFA. Elle est suivie de BP SENEGAL INVESTMENTS LIMITED avec 2 792 299 527 FCFA, de Petrosen avec 439 996 002 FCFA, de Kosmos Energy Senegal pour 315 485 540. Quant à TOTAL E&P Senegal, elle fait partie des dernières de la classe avec 236 097 012 FCFA, ne devançant que Fortesa International Senegal dont les transactions avec les fournisseurs locaux sont estimés à 217 258 376 FCFA.

Pour ce qui est des Mines, la Société de Commercialisation du Ciment (SOCOCIM) arrive en tête des entreprises ayant le volume d’échanges le plus important avec les fournisseurs locaux pour un montant global de 63 307 774 557 CFA. Elle est suivie par Sabodala Gold Operations (SGO) avec 59 022 859 411 francs, les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) avec 45 611 044 260, les Ciments du Sahel (CDS) avec 38 083 887 993, la Société Minière de la Vallée du fleuve Sénégal (SOMIVA) pour 12 637 890 900. En sixième position, il y a GCO avec un volume d’échanges estimé à 9 735 573 252, Gécamines  9 588 396 556, Dangote Industries Sénégal SA 8 330 777 745.

Parmi les entreprises qui commercent le moins avec les fournisseurs locaux en termes de volumes financiers, il y a Iamgold BOTO   2 346 175 592, Sephos Senegal SA   1 504 213 327, Petowal Mining Company (PMC) SA   1 233 286 355 ;Baobab Mining and chemical Corp SA, Agem Senegal exploration Suarl, Talix Mines, Barrick Gold et Sabodala Mining Company pour moins d’un milliards FCFA. Quant à G-PHOS SA et Miferso, elles ferment la marche avec moins de 50 millions de francs CFA.

Mohamed Amar

SENEGAL-Hydrocarbures : Comment on aurait pu optimiser les financements de GTA et Sangomar

La question du financement des deux projets dans lesquels le Sénégal s’est engagé en Joint-venture à travers Petrosen (avec BP, pour le gaz de GTA et avec Woodside, pour le pétrole de Sangomar), a suscité beaucoup de débats. Le Sénégal va rembourser ses emprunts souverains auprès des deux multinationales, à 6,5%. Voici comment on aurait pu avoir mieux.

Des spécialistes ont douté et continuent encore de douter des capacités financières du pays et de sa société nationale du pétrole, à satisfaire les exigences de l’exploitation des hydrocarbures, notamment le financement de ses parts dans le développement de ces projets.

Les effets de la pandémie sur les économies et l’incertitude liée à la volatilité des prix du pétrole, augmentent leur scepticisme. Le Sénégal va continuer de payer pour un taux de 6,5%, la dette contractée auprès des multinationales BP et Woodside. La question est : n’y avait-il pas un moyen d’optimiser le financement de ces deux projets ? La réponse est à chercher dans les structures de financement garanti.

Structures de financement garanti

Ces financements, très spécifiques au secteur pétrolier, permettent d’optimiser le financement de nos deux grands projets énergétiques GTA et Sangomar, c’est l’avis de Mamadou Mbaye.

« L’État pourra créer deux sociétés contenant 100% des actifs de Petrosen sur chacun de ces projets. Ces sociétés vont fonctionner comme des véhicules d’investissement, pouvant opérer plusieurs types d’opérations financières comme l’emprunt et l’investissement dans des actifs stratégiques », a expliqué d’emblée, le spécialiste en financement des projets énergétiques.

Pour lui, ces deux sociétés pourraient alors contracter avec un garant possédant une notation AAA (la plus élevée) qui fournira sa garantie contre rémunération, cela étant rendu aisé par la qualité des actifs.

Mamadou Mbaye précise que « ces sociétés émettront des titres de dette qui seront acquis par les investisseurs institutionnels nationaux et étrangers, à des coûts très compétitifs ». Ainsi, ajoute le spécialiste en financement des projets énergétiques, « les détenteurs de titres fournissent un financement en achetant des titres, les fonds levés seront utilisés pour financer la quote-part du Sénégal dans les développements pétroliers et gaziers associés et investir en ligne avec la doctrine du Fonds générationnel dans des actifs de diversification stratégiques », a-t-il expliqué.

Voici le schéma de cette structuration : (je vais mettre le schéma au montage)

« Ce type de structure permet de lever des fonds à un coût maximum de 3% contre plus de 6,5% pour nos emprunts souverains et sans alourdir la dette nationale. Il est encore possible de restructurer cette dette, afin de réduire de façon significative sa charge et de reprendre le contrôle de ces projets », a conclue Mamadou Mbaye.

Abdou Diouf Junior

SENEGAL : Projet de code de l’environnement : Les limites de la réforme !

SENEGAL : Projet de code de l’environnement : Les limites de la réforme !

Le Sénégal connait une longue tradition formelle, institutionnelle et
jurisprudentielle en matière de protection de l’environnement, notamment
en tout ce qui concerne les installations classées. La première remarque sur le
projet de code, c’est que le législateur fait entrer toutes les autres
composantes du secteur extractif dans le régime général de droit commun de
la protection de l’environnement (Evaluation environnementale – Pollution –
Nuisance – Taxe – Sanctions). Voici mon avis sur la question.
(CONTRIBUTION)

Déjà en 1917, la loi française du 19 décembre encadrait les établissements
classés dangereux, insalubres ou incommodes. En 1964, avec la loi n° 64 – 46
relative au domaine national, le législateur sénégalais découpe le territoire
national en quatre (4) zones parmi lesquelles se trouvent les zones franches ou
zones industrielles, les zones classées pour la préservation des ressources
animales et végétales ainsi que leurs habitats naturels. Ensuite, en 1971 la loi n°
71 – 12 fixait le régime des monuments historiques et celui des fouilles et
découvertes.

Il faudra ajouter la loi du 4 mars 1981 qui pose les principes de la gestion des
eaux. Cette loi avait une vocation typiquement hydrologique, les exigences
environnementales, les bonnes pratiques en matière d’exploitation des
ressources hydriques n’étaient pas de mise d’où la nécessité pour le législateur
actuel d’envisager impérativement sa réforme si on sait que l’eau constitue une
ressource extractive stratégique.

Une tradition de politique environnementale

Au final, il convient de dire qu’originellement, l’empreinte environnementale
de ces instruments juridiques ne souffre d’aucune ambigüité. Sur le plan

institutionnel, juste après les indépendances, l’Etat du Sénégal mettait en place
le Conseil National de l’Urbanisme et de l’Environnement, le Conseil Supérieur
de la Chasse et de la Protection de la Faune, le Conseil Supérieur des
Ressources Naturelles et de l’Environnement.

Ces cadres institutionnels avaient pour principal objectif d’élaborer et de
formuler les orientations en matière de politique de protection et de
préservation de l’environnement. Au plan jurisprudentiel, la Cour d’Appel de
Dakar en sa séance du 19 mars 1971 évoquait déjà la problématique des
installations classées dans l’affaire D Pizano contre M.B. Bachir]. Ce rappel
historique montre à suffisance l’importance que l’autorité étatique d’antan
accordait à la gestion des impacts négatifs des installations classées sur les
écosystèmes, les établissements humains, la santé humaine etc.

Cependant, il urge de préciser que la place des installations classées comme
partie intégrante du secteur extractif, demeurait toujours ineffective dans les
législations de 1983 et de 2001 portant code de l’environnement. Avec les
nouvelles découvertes (Pétrole – Gaz), l’adoption de nouveaux standards en
matière de sauvegarde environnementale, l’exigence des communautés en
matière de respect des droits humains, le plaidoyer de la société civile, le
législateur actuel se trouve dans l’obligation d’arrimer l’arsenal juridique en
vigueur aux nouvelles données environnementales.

Promouvoir une gouvernance environnementale équilibrée

Dès lors, autant le secteur extractif génère des revenus financiers importants
pour le trésor public, autant il génère une pollution exorbitante affectant
gravement les interactions écosystémiques. Donc, il est nécessaire de poser les
jalons d’une gouvernance environnementale équilibrée, durable à travers un
corpus juridique environnemental moderne. Ainsi, se pose la question de
l’effectivité de la place du secteur extractif dans le projet de code de
l’environnement.

Le secteur extractif est – il seulement la constellation des ressources classiques
(Pétrole – Or – Gaz – Phosphate – Fer etc.) ? Qu’en est-il des autres ressources
extractives (Sable – Eau – Sel – Poisson etc.). En tout cas, le débat est bien
entretenu au sein des experts de l’Action pour la Justice Environnementale
(AJE). Le projet de code de l’environnement a-t- il, suffisamment, pris en
compte les préoccupations des acteurs en matière de gestion des externalités
négatives du secteur extractif ? Qu’en est-il de la question des droits des
personnes affectées par les projets extractifs ? La réponse à ces questions
amène à constater dans le projet de code une prépondérance annoncée du
secteur des hydrocarbures (I) sur les autres secteurs extractifs et une
ambivalence dans l’encadrement des externalités négatives du secteur extractif
(II).
I) -Une prépondérance annoncée du secteur des hydrocarbures sur les autres
secteurs extractifs dans le projet de Code de l’Environnement. Cette
prépondérance se manifeste par la consécration explicite du secteur des
hydrocarbures (A) et la consécration implicite des autres secteurs extractifs (B).
A) -Une consécration explicite du secteur des hydrocarbures. En analysant
minutieusement l’article L132 du projet de code, il est aisé de constater
l’orientation du secteur des hydrocarbures vers une approche essentiellement
organique. C’est ainsi qu’il est prévu la création d’un Fonds spécial dénommé «
Fonds National de Prévention et de Protection de l’Environnement Marin et
côtier (FN-PEM) ».
Les modalités d’alimentation et de fonctionnement du fonds seront fixées par
décret. En ce sens, pour jouer son rôle de vigile, la société civile doit se
positionner et jouer un rôle d’influence dans l’élaboration de cet acte
réglementaire. L’article L133 du même projet prévoit la création, sous la tutelle
de la Présidence, d’un Comité national de Suivi de l’Environnement Marin, ci-
après désigné par le terme « CSEM ».
La composition, les missions et le fonctionnement du Comité est fixé par
décret. Dès lors, il est de droit de rappeler à la commission chargée de
réformer le code de l’environnement quelques aspects matériels qui méritent
une place fondamentale dans le futur de code de l’environnement du Sénégal.
Il en est ainsi :
⁃ de la réglementation des levées sismiques. Pour rappel, les levées sont un
éventail de 12 à 48 pistolets avec une vitesse minimum 5 nœuds, des tires

chaque 10 à 12 secondes. Et sur une (distance surface) de 100 km2, on peut
enregistrer 5 à 8 millions de tirs. La conséquence directe de ces opérations c’est
l’échouage massif de certaines espèces halieutiques ;
⁃ des forages de puits, à noter que les quantités de déchets produits en
moyenne par une plateforme de production est de 60.000 m3 de fluides et de
15.000 m3 de déblais ;
⁃ de l’exigence d’un inventaire sous – marin avant toute activité de
développement des champs ;
⁃ des opérations de production et de transfert (Eaux de production – Gaz de
production – Gestion des eaux de ballast dans les FPSO – Gestion des déchets
des chambres de machines – Gestion des déchets domestiques issus des
activités connexes) ;
⁃ la réglementation des opérations de transport (Les risques de collision entre
engins – Pollution chronique due aux déchets des bateaux de transport des
produits) ;
⁃ du démantèlement après la production (La gestion des installations après
abandon). Malgré l’existence de nombreuses annexes tendant maladroitement
à encadrer ces problèmes, le législateur gagnerait à réglementer définitivement
et explicitement ces probabilités de risques et, adopter ainsi la même
démarche pour les autres secteurs. B) -Une consécration implicite des autres
secteurs (Or, Zircon, Phosphate etc.).

A lire le projet de code de l’environnement, la première remarque c’est que le
législateur fait entrer tous les autres composants du secteur extractif dans le
régime général de droit commun de la protection de l’environnement
(Evaluation environnementale – Pollution – Nuisance – Taxe – Sanctions). En
effet, à quel titre, le secteur des hydrocarbures mérite qu’on lui consacre des
chapitres et des articles spécifiques à côté d’autres secteurs pas moins
importants ? Qu’est ce qui justifie ce choix de la commission de réforme?

Pourtant, à regarder de plus près, des activités extractives comme l’orpaillage,
l’exploitation des carrières, du sel, de l’eau, du sable etc. altèrent
profondément les déterminants environnementaux et modifient

substantiellement les écosystèmes naturels. A ce titre, deux secteurs méritent
d’être indexés. Il s’agit d’abord du secteur de l’Orpaillage pour lequel il existe
une réglementation inappropriée à savoir les décrets de 2013 – 2014[3].

Avec le projet de code de l’environnement, le législateur doit légiférer, d'abord,
sur les mesures de protection de l’environnement dans les Diouras, ensuite,
dans le secteur des Carrières où le Modus operandi des exploitants suit un
processus dangereux pour l’environnement (Prospection – Défrichement –
Décapage – Forage avec des inclinaisons de 15 à 20m – Bourrage des trous avec
des explosifs – Usage de nitrate d’ammoniaque, encartouché et détonateur –
Tirs de mines et explosifs).

Quid du sel, du sable et de l’eau

Concernant le secteur de l’exploitation du sel, de l’eau et du sable un sérieux
débat mérite d’être posé, des études approfondies réalisées et un plaidoyer
fort formulé pour inviter l’autorité à prendre davantage en compte ces secteurs
dans la formulation des politiques publiques en matière de sauvegarde
environnementale. L’insuffisance de prise en charge des nuisances des secteurs
sus cités accentue l’ambivalence du législateur dans l’encadrement des
externalités négatives du secteur extractif.

Une ambivalence dans l’encadrement des externalités négatives du secteur
extractif
Cette ambivalence est due à un renvoi à outrance des mesures de sauvegarde
environnementale (A) à l’autorité réglementaire et une protection implicite des
droits des communautés autochtones (B).
Un renvoi à outrance de l’essentiel des mesures de sauvegarde à l’autorité
réglementaire L’option de la commission de réforme à renvoyer au pouvoir
réglementaire l’essentiel des instruments de régulation environnementale est –
elle efficace ? Au total, l’élaboration d’une quinzaine d’actes réglementaires est
prévue par la commission de réforme.

Certains se justifient en raison de la nature de l’objet visé tandis que d’autres
par contre, posent quelques difficultés, au moins à deux niveaux : d’abord, sur
la nature des actes administratifs en ce qui touche la computation des délais (2
mois francs) s’ils fonts griefs aux administrés qui tenteraient d’exercer un
Recours pour Excès de Pouvoir (REP); ensuite, il y a les problèmes relatifs aux
lenteurs administratives, à la méconnaissance des actes réglementaires par les
administrés, à l’insuffisance de sensibilisation des autorités administratives sur
les questions d’urgence environnementale.
A cela, s’ajoute l’influence des orientations politiques et des jeux d’intérêts
entre les lobbys du secteur extractif et les pouvoirs publics. Ainsi, en voici la
floraison d’actes réglementaires prévus par la commission de réforme du code
de l’environnement.
– Décret de création du comité national sur les changements climatiques
(COMNACC)
– Arrêté pour l’établissement périodique d’un « inventaire national de
GES)»
– Arrêté pour la liste des acteurs assujettis
– Décret portant création d’un fond national pour le climat
– Arrêté portant exonération pour les entreprises qui luttent contre la
pollution
– Arrêté portant liste du matériel et des produits anti – polluants
– Décret portant « Fonds spécial pour la protection de l’environnement »
– Arrêté portant création du « Comité national de validation des EE »
– Arrêté fixant les conditions d’octroi des agréments (Suppression de
l’unification de l’agrément ?)
– Arrêté fixant le contenu du document en cas de déplacement des
populations
– Décret fixant les conditions de rejet/ ou de retrait du certificat de
conformité environnementale
– Décret fixant les modalités d’application des frais liés à l’EE et au Suivi
des MSE
– Arrêté fixant les étapes de la procédure de l’EE (Formulaire pour avec de
projet)
– Décret portant création d’une commission nationale de gestion des
produits chimiques – Décret portant création de fond spécial dénommé «
Fonds National de prévention et de protection de l’environnement marin
et côtier (FN – PEM)

– Décret portant création d’un comité de suivi de l’environnement marin
et côtier.

Cette batterie réglementaire contribue-t-elle à asseoir de manière effective le
respect des droits des communautés qui abritent les industries extractives ?

Une protection implicite des droits environnementaux des communautés

Une des innovations majeures du projet de code de l’environnement est
l’aménagement des mécanismes permettant aux citoyens d’ester en justice en
cas de dommage environnemental. L’article 107 du code de l’environnement
actuellement en vigueur accorde ce privilège aux collectivités territoriales et
aux associations spécialisées dans la protection de la nature sous réserve de
l’obtention d’un agrément spécial délivré par le Ministre chargé de
l’environnement et du développement durable.

L’actuelle mouture du projet de code (version du 20 décembre 2019) fait fi de
cet obstacle lié à l’agrément mais il n’en demeure pas moins que la société
civile espère disposer de la dernière version du projet de code pour pouvoir
faire une religion sur cette « innovation de taille ». Dans un autre registre, le
projet de code consacre une nouveauté relative au Droit à l’information
environnementale. Cette consécration suit la logique de la nouvelle norme 2.5
de l’ITIE. Par ailleurs, la consécration du dommage environnemental est reprise
par le projet de code.

De la nécessité de prendre en compte certains points importants

Cependant, il reste pour la commission de réforme de préciser les contours
d’un tel dommage qui, tout de même, reste très complexe. Malgré ces
avancées notables, le projet de code n’associe nullement les communautés
dans le processus de suivi environnemental, étant étendu que la participation
aux audiences et aux enquêtes publiques draine des tares sociales voire

communautaires, subjectives et objectives. Le projet de code devrait aussi
intégrer une dimension écologique forte visant à exiger des entreprises
extractives la prise en compte du cadre de vie des communautés (Régénération
Naturelle Assistée RNA – Reboisement – Valorisation des déchets – Soutien aux
métiers verts).

Vue l’importance de la biodiversité, la protection, la préservation des espèces
et leurs habitats, ne serait-ce que pour la lutte contre les zoonoses, devrait être
une priorité pour la commission de réforme. Récemment des études ont
montré le lien qui existe entre le covid19 et la biodiversité. Selon les premières
analyses génétiques du SARS-CoV2, le virus issu d’une chauve-souris a
nécessité un hôte intermédiaire pour acquérir, par recombinaison et mutation,
la capacité d’infecter les humains. Parmi les pistes retenues dans la recherche
de l’hôte intermédiaire : le pangolin, une espèce en voie d’extinction, très
braconnée. In fine, il faut remarquer pour le regretter l’affirmation implicite de
la dimension « santé environnementale » des milieux fragiles dans le projet de
code mais aussi de l’absence d’une vision futuriste sur la transition écologique.

Recommandations

En conclusion, quelques recommandations s’imposent en vue d’améliorer le
projet de code de l’environnement.
▪ La mise en place d’un cadre juridique adéquat
▪ La transposition des nouveaux engagements internationaux conventions
internationales dans l’arsenal juridique national
▪ L’interdiction des activités pétrolières dans les zones sensibles (AMPs, zones
de frai, couloirs de migration…)
▪ Le renforcement des capacités nationales dans le domaine du suivi des
Industries Extractives
▪ La mise en place d’un système de suivi régulier de l’état de l’environnement
avec une implication effective des acteurs de la société civile et des
universitaires.

Mamadou Lamine Diagne Juriste environnementaliste
Directeur Exécutif Action pour la Justice Environnementale (AJE)

AFRIQUE-Accès à l’énergie : Le grand noir !

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Avec 1,2 milliard d’habitants, l’Afrique est aujourd’hui le deuxième continent le plus peuplé au monde derrière l’Asie qui abrite 4,4 milliards d’habitants. Paradoxalement, c’est également la région du monde où l’on consomme le moins d’énergie. En effet, malgré la demande locale croissante, la consommation annuelle moyenne par personne s’élève à 496 kWh en Afrique Subsaharienne, contre 6944 kWh en France et 12972 kWh aux Etats-Unis.

Le niveau de consommation est étroitement lié à la quantité d’énergie produite sur ce continent dont la puissance installée est de 160.000 MW, soit un niveau inférieur à celui de l’Allemagne. Une capacité de production majoritairement portée par les pays d’Afrique du Nord et par l’Afrique du Sud, tandis que la puissance installée de l’Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) s’élève à environ 53.000 MW.

Pourtant, un approvisionnement fiable, suffisant et stable en énergie constitue un prérequis important dans la lutte contre la pauvreté, la malnutrition, les changements climatiques, les difficultés d’accès à la santé et à l’éducation, et plusieurs autres maux auxquels sont confrontés (dans une certaine mesure et à des degrés variables) des populations africaines pour lesquelles l’accès à l’énergie est loin d’être un acquis. Aujourd’hui, seulement 44% des populations africaines ont accès à l’électricité.

Pris comme tel, ce taux peut se révéler trompeur car en réalité, certaines régions comme l’Afrique du Nord enregistrent un taux d’électrification quasiment égal à 100%, tandis que seulement 38,3% des populations subsahariennes ont accès à l’électricité, dont 85% de taux d’électrification pour l’Afrique du Sud. Cette répartition inégale de l’accès à l’énergie laisse ainsi plus de 600 millions d’Africains dans le noir, dont la grande majorité fait partie des 63% de la population continentale vivant en zones rurales, dont à peine 10% sont couvertes par les réseaux nationaux de distribution d’électricité.

Un avenir pas prometteur

Pourtant, même pour les personnes qui habitent les zones desservies par ce réseau, les prix prohibitifs et le manque de fiabilité de ce dernier, entravent considérablement la fourniture d’électricité. L’on comprend dès lors pourquoi cette problématique de l’accès à l’énergie, de par sa criticité pour le développement économique et le nombre de personnes concernées, a été incluse dans le périmètre de l’Objectif 7 de Développement Durable des Nations Unis, ayant notamment pour but de garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, le tout à un coût abordable.

Au vu du fort taux de croissance d’une population qui devrait atteindre près d’1,5 milliard d’âmes à l’horizon 2030, l’Agence Internationale de l’Énergie Renouvelable (IRENA) estime que la demande nette en électricité de l’Afrique devrait passer de 1800 à 2200 TWh, soit une hausse de 22%. En outre, ce manque croissant nécessiterait une augmentation proportionnelle de la puissance installée de 160 à 250, voire 480 GW. À en croire les prédictions estimant à 4,2 milliards la population africaine en 2100, la pénurie d’énergie sur le continent devrait continuer d’évoluer à la hausse dans les années à venir.

Si l’accès à l’électricité conditionne fortement la disponibilité de services essentiels tels que les soins de santé, l’approvisionnement en eau potable, ou encore la sécurité des populations, il est également indispensable pour le développement de plusieurs secteurs d’activités. En effet, bénéficier d’une source d’énergie stable et suffisante permet entre autres d’améliorer significativement la productivité du secteur agricole (faisant fonctionner des systèmes de pompage d’eau pour l’irrigation), ou encore augmente les performances commerciales des États (grâce à l’installation d’usines de transformations de matières premières).

L’obligation de recourir à des comportements dangereux

 

Cette dépendance des économies vis-à-vis de l’accès à l’électricité est clairement illustrée par le manque à gagner occasionné par le déficit en énergie du continent africain, qui selon la Banque Africaine de Développement équivaudrait à 2% de son PIB.

Aujourd’hui encore, les populations africaines lésées par le réseau électrique ont très souvent recours aux sources d’énergie fossiles (charbons, pétrole, etc.), ou aux batteries jetables comme source d’éclairage. Ces alternatives, très polluantes pour la plupart, sont non seulement à l’origine de problèmes de santé relativement graves (ex : troubles respiratoires), mais s’avèrent également préjudiciables pour la sécurité des utilisateurs, notamment à cause du risque d’incendie encouru lors de leur utilisation.

Un vrai frein à la croissance économique

D’après la Banque mondiale, près de 600.000 personnes seraient ainsi décédées à cause de la pollution de l’air intérieur en Afrique durant l’année 2012, un nombre de victimes supérieur à celui enregistré pour la tuberculose, le VIH et le paludisme chaque année. Bien que néfastes, ces sources d’énergie occupent, du fait de leur nécessité, une part  non négligeable dans le budget des ménages africains.

En effet, outre les 17 milliards de dollars environ alloués chaque année par ces derniers à l’achat de kérosène, presque 15 milliards de dollars sont également dépensés annuellement pour l’achat de batteries destinées à recharger les téléphones mobiles. Au total, ce sont plus de 32 milliards qui sont ainsi consacrés à l’approvisionnement en kérosène, bougies ou autres batteries, soit environ 30% des revenus net de ces foyers.

L’accès à l’électricité en Afrique est un enjeu déterminant pour le continent.

La consommation d’électricité par habitant de l’Afrique est seulement à 17,4 % de la moyenne mondiale.

La production d’électricité en Afrique repose surtout sur les combustibles fossiles : 39,8 % de l’électricité est issue du gaz, 31 % du charbon, 7,9 % du pétrole, 1,4 % du nucléaire, 16,2 % de l’hydraulique et 3,4 % des autres énergies renouvelables.

Projets et programmes ; entre échecs et espoirs 

Les ressources sont considérables, mais encore peu exploitées, du fait de la difficulté à réunir les financements nécessaires. La production de 2019, estimée par BP à 870,1 TWh, est en grande partie localisée en Afrique du Sud (252,6 TWh, soit 29 %) et en Afrique du Nord (200,6 TWh en Égypte, soit 23 %, 81,3 TWh en Algérie, 40,1 TWh au Maroc).

Afin d’apporter une réponse pertinente à ce problème d’envergure, plusieurs projets d’électrification ont vu le jour en Afrique. Parmi ces derniers, Power Africa, une initiative américaine lancée en juillet 2013 par le Président de l’époque, Barack Obama, avec pour ambition de stimuler la croissance et le développement économique de l’Afrique, en favorisant un meilleur accès à l’énergie.

Déployé sur une période de cinq ans, le programme réunit outre le Gouvernement américain, plusieurs pays africains, ainsi que des institutions de premier rang, à l’instar de la Banque Africaine de Développement. D’après l’agence de développement américaine, l’initiative aurait déjà permis d’augmenter de 27 GW la puissance installée sur le continent, et devrait à terme permettre de fournir 30 GW à quelques 60 millions d’Africains.

Également déployé en vue de promouvoir l’électrification de ces populations, Lighting Africa est un projet mené par la Banque mondiale en partenariat avec quelques pays de l’OCDE, avec pour ambition de mettre l’électricité à la portée de 250 millions de personnes d’ici 2030, en leur fournissant des kits solaires. Depuis le lancement du projet pilote en 2009 au Ghana jusqu’à ce jour, Lighting Africa a déjà permis à 15,8 millions de personnes de sortir de l’obscurité au travers de la vente de près de 12 millions d’appareils solaires.

Enfin, avec sa fondation Energies pour l’Afrique, l’ancien ministre français de l’écologie, Jean-Louis Borloo, entendait amorcer une dynamique pour la création d’un fonds de soutien à l’électrification de l’Afrique, et ainsi créer un véhicule unique pour toutes les initiatives en faveur de l’électrification sur le continent.

Ayant pour objectif d’électrifier toute l’Afrique en une décennie via un plan de financement de 4 à 5 milliards de dollars par an, la fondation a reçu le soutien de 41 chefs d’Etats africains. Après deux années passées à parcourir le continent, et malgré l’annonce du soutien du prince saoudien Al-Walid Ben Talal à son fonds, Monsieur Borloo annonçait le 15 février 2017 qu’il souhaitait désormais se mettre au service d’une nouvelle cause collective, mettant ainsi fin à son aventure africaine.

Résumé

L’Afrique du Nord bénéficie de taux d’électrification meilleurs que le reste du continent. Le Nigeria est le pays avec le plus grand nombre de personnes sans accès à l’électricité.

Maurice a un taux d’électrification de 100%.

Le tableau comparatif de la couverture électrique des pays africains montre des chiffres disparates.

Si l’Afrique du Nord affiche un taux d’électrification de l’ordre de 99%, l’Afrique sub-saharienne est à la traîne, avec un chiffre de 43%.

Le Nigeria, première puissance économique du continent, détient, si l’on ose dire, la lanterne rouge du nombre de personnes sans accès à l’électricité, avec 93 millions, tandis que Maurice bénéficie du plus fort taux d’électrification (100%).

Le Cap-Vert, Maurice et l’Ile de la Réunion ont par ailleurs les taux d’électrification urbaine les plus élevés, sans doute en raison de la forte densité de la population dans ces pays insulaires, mais également de la petite taille de leurs territoires.

Mamadou Diagne

SENEGAL – Solaire : mise en service deux centrales de 35 et 25MW

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Au total, 60 MW s’ajoutent à la production d’électricité du pays. Ces centrales photovoltaïques de Kahone (35MW) et de Kaél (25MW), vont permettre à 240 mille personnes d’avoir accès à l’électricité, pour 25 francs CFA. Les personnes impactées par ces infrastructures vont bénéficier d’une coopérative de crédit ainsi que d’une ferme pour les activités d’élevage et d’agriculture.

Les centrales solaires de Kaél et Kahone viennent renforcer celles de Senergy et Ten Merina, permettant, en 5 ans, à FONSIS, Meridiam et Engie de détenir et de gérer désormais au Sénégal une capacité nominale de production totale de 120 MW, et représentant plus de 50% de la capacité solaire du pays.

Le FONSIS (Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques du Sénégal), Meridiam et ENGIE annoncent la mise en service de ces (02) centrales photovoltaïques au Sénégal d’une capacité totale de production de 60 MW – Kahone Solaire SA (35MW) et Kaél Solaire SA (25MW) – situées respectivement dans les régions de Kaolack et de Diourbel, au centre du pays.

Ces centrales font partie du programme Scaling Solar au Sénégal mené conjointement par les autorités sénégalaises et la Société Financière Internationale (SFI), et dont l’objectif est de promouvoir les investissements dans les énergies solaires. Il s’agit des premiers projets de production d’électricité par des opérateurs privés ayant fait l’objet d’un appel d’offres au Sénégal. Elles contribueront directement à l’objectif ambitieux du pays de porter à 30% la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique.

La société de projet qui exploitera les concessions de Kaél et de Kahone sur une période de 25 ans est détenue à 40% par Meridiam,  40% par ENGIE et 20% par FONSIS, le fonds souverain sénégalais.

Un impact réel sur les communautés

Les deux centrales fourniront à 540 000 personnes une électricité renouvelable et bon marché, créant plus de 400 emplois locaux directs et indirects. Elles permettront d’éviter l’émission de 89 000 tonnes de CO2 (gaz carbonique) chaque année. Le tarif proposé sera l’un des plus bas en Afrique subsaharienne ; il est inférieur à 4 centimes d’euro/kWh (25 FCFA).

Dans le cadre du renforcement de l’autonomisation économique des communautés locales, des projets socio-économiques sont en cours de mise en œuvre, notamment la mise en place d’une coopérative de crédit en faveur des personnes impactées par l’installation des centrales, ainsi qu’une ferme pour les activités d’élevage et d’agriculture.

Les centrales solaires de Kahone et Kaél contribueront donc directement aux Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, et plus particulièrement :

  • ODD #7 : fournir une énergie propre et abordable,
  • ODD #8 : promouvoir une croissance économique soutenue, inclusive et durable,
  • ODD #9 : construire des infrastructures résilientes, promouvoir une industrialisation inclusive et durable,
  • et l’ODD #13 : agir pour le climat.

Satisfaction des partenaires

Le Directeur Général du FONSIS, Papa Demba Diallo considère Scaling Solar comme la concrétisation de la coopération entre le FONSIS et plusieurs acteurs du secteur privé incluant ENGIE, Meridiam, la Société Financière Internationale (SFI), Proparco et la Banque Européenne d’Investissement (BEI). Il dit se réjouir de cette collaboration, « qui permet à notre pays d’atteindre plusieurs objectifs du «Volet Energie» du PSE ; notamment la diversification du mix énergétique, le développement d’une énergie propre permettant une réduction de la pollution, en ligne avec les conclusions de la COP21, mais aussi le renforcement de l’accès universel à une énergie durable et abordable».

Après les centrales solaires Senergy et Ten Merina, ces projets sont les troisième et quatrième développés par Meridiam au Sénégal, selon Mathieu PELLER, patron de Meridiam Africa. « Elles illustrent à quel point nous sommes déterminés à soutenir la transition du Sénégal vers une énergie plus propre et moins chère tout en créant des opportunités économiques pour les communautés locales», a-t-il ajouté.

 

«Le gouvernement sénégalais s’est fixé un objectif de 30% d’énergies renouvelables dans le mix électrique d’ici 2025 », rappelle Philippe Miquel, Directeur Afrique du Nord chez ENGIE. Pour lui, c’est un plaisir de pouvoir contribuer, avec les centrales photovoltaïques de Kahone et Kaél, à la fourniture d’une énergie propre et durable à la population. « Nous saluons également l’excellente collaboration entre les différentes parties concernées », a-t-il conclue.

Abdou Diouf Junior

La Centrale à charbon de Sendou victime de la médisance des communautés  impactées? (Par Abdou Sané environnementaliste)

Le projet Sendou d’une capacité de 125 mégawatts, soit l’équivalent d’un quart de l’électricité (en 2009) a vu le jour en 2009 avant d’être repris dans le Plan Sénégal Emergent de Macky Sall en vue d’ assurer les besoins en énergie des 14 millions de Sénégalais, très mal desservis et à des tarifs parmi les plus élevés d’Afrique de l’Ouest.

Une deuxième usine à charbon, deux fois plus puissante, et confiée au Coréen Kepco est programmée à Bargny. Au nord de Dakar, à Kayar, l’indien Jindal Stell a été retenu pour livrer une unité de 350 mégawatts et le canadien Africa Energy a signé pour 250 mégawatts à Mboro. Le charbon sera importé d’Afrique du Sud.

Si tous ces projets voyaient le jour, les capacités de production du Sénégal seraient multipliées par deux. L’accès à l’énergie est une des promesses de campagne du chef de l’Etat. Jusqu’à présent la situation s’est très peu améliorée et les coupures de courant récurrentes attisent la grogne sociale.

La Banque africaine de développement (BAD), qui est un des principaux bailleurs de Sendou, soutient ce choix.  Le charbon est deux fois moins cher que le fioul qui fournit 90 % de l’électricité du pays. Le Sénégal n’a pas le choix. La demande d’électricité augmente au rythme de 8 % l’an. Le secteur industriel est sous-équipé et les artisans restent des journées sans travail faute d’électricité. Le niveau des subventions était jugé insoutenable pour le budget de l’Etat.

Les raisons qui justifient l’hostilité des populations à l’égard de la centrale à charbon

Cinq pompes vont aspirer 15 000 mètres cubes d’eau de mer par heure et rejeter une eau dont la température aura été réchauffée de plus de 10 °C. Rien n’a été prévu pour stocker les résidus des 400 000 tonnes de charbon qui seront brûlées chaque année. Qui peut prétendre que la préparation des poissons pratiquée à l’air libre sera encore possible à proximité d’une centrale dont les fumées seront chargées de particules polluantes de plomb, de sélénium, d’arsenic… ?

Situation actuelle de la centrale

Les différentes plaintes judiciaires formulées par les populations directement impactées, la bataille d’opinion (largement soutenue par des ONG ainsi que des  leaders d’opinion) ont eu le mérite de montrer le niveau de conscience des populations face aux enjeux du changement climatique.

Toutefois l’arrêt de la centrale se justifie par un conflit : pour SENELEC, les partenaires leur ont fourni une centrale dont la production n’est pas conforme aux termes du contrat d’un point de vue quantitatif. Par conséquent, après la période d’essai la SENELEC a donc trouvé ne pas devoir s’acquitter financièrement vis-à-vis de son partenaire. Il reviendra probablement à la justice de trancher ce conflit.

En attendant, SENELEC s’est tournée vers le bateau turc Karepowership dont l’offre est de meilleure qualité avec un tarif plus attractif.

Abdou Sané, Géographe environnementaliste

Président de l’association Africaine pour la promotion de la réduction des risques de catastrophes.