La Centrale à charbon de Sendou victime de la médisance des communautés  impactées? (Par Abdou Sané environnementaliste)

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Le projet Sendou d’une capacité de 125 mégawatts, soit l’équivalent d’un quart de l’électricité (en 2009) a vu le jour en 2009 avant d’être repris dans le Plan Sénégal Emergent de Macky Sall en vue d’ assurer les besoins en énergie des 14 millions de Sénégalais, très mal desservis et à des tarifs parmi les plus élevés d’Afrique de l’Ouest.

Une deuxième usine à charbon, deux fois plus puissante, et confiée au Coréen Kepco est programmée à Bargny. Au nord de Dakar, à Kayar, l’indien Jindal Stell a été retenu pour livrer une unité de 350 mégawatts et le canadien Africa Energy a signé pour 250 mégawatts à Mboro. Le charbon sera importé d’Afrique du Sud.

Si tous ces projets voyaient le jour, les capacités de production du Sénégal seraient multipliées par deux. L’accès à l’énergie est une des promesses de campagne du chef de l’Etat. Jusqu’à présent la situation s’est très peu améliorée et les coupures de courant récurrentes attisent la grogne sociale.

La Banque africaine de développement (BAD), qui est un des principaux bailleurs de Sendou, soutient ce choix.  Le charbon est deux fois moins cher que le fioul qui fournit 90 % de l’électricité du pays. Le Sénégal n’a pas le choix. La demande d’électricité augmente au rythme de 8 % l’an. Le secteur industriel est sous-équipé et les artisans restent des journées sans travail faute d’électricité. Le niveau des subventions était jugé insoutenable pour le budget de l’Etat.

Les raisons qui justifient l’hostilité des populations à l’égard de la centrale à charbon

Cinq pompes vont aspirer 15 000 mètres cubes d’eau de mer par heure et rejeter une eau dont la température aura été réchauffée de plus de 10 °C. Rien n’a été prévu pour stocker les résidus des 400 000 tonnes de charbon qui seront brûlées chaque année. Qui peut prétendre que la préparation des poissons pratiquée à l’air libre sera encore possible à proximité d’une centrale dont les fumées seront chargées de particules polluantes de plomb, de sélénium, d’arsenic… ?

Situation actuelle de la centrale

Les différentes plaintes judiciaires formulées par les populations directement impactées, la bataille d’opinion (largement soutenue par des ONG ainsi que des  leaders d’opinion) ont eu le mérite de montrer le niveau de conscience des populations face aux enjeux du changement climatique.

Toutefois l’arrêt de la centrale se justifie par un conflit : pour SENELEC, les partenaires leur ont fourni une centrale dont la production n’est pas conforme aux termes du contrat d’un point de vue quantitatif. Par conséquent, après la période d’essai la SENELEC a donc trouvé ne pas devoir s’acquitter financièrement vis-à-vis de son partenaire. Il reviendra probablement à la justice de trancher ce conflit.

En attendant, SENELEC s’est tournée vers le bateau turc Karepowership dont l’offre est de meilleure qualité avec un tarif plus attractif.

Abdou Sané, Géographe environnementaliste

Président de l’association Africaine pour la promotion de la réduction des risques de catastrophes.

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