Transition énergétique : CRADESC pose le débat l’inclusion à Saint-Louis

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 Face aux bouleversements climatiques et à l’avènement de l’exploitation gazière, la région de Saint-Louis est devenue un territoire stratégique pour repenser les contours d’une transition énergétique juste et équitable. C’est dans ce cadre que le Centre de Recherche et d’Actions sur les Droits Économiques, Sociaux et Culturels (CRADESC) a organisé un forum communautaire, réunissant autorités locales, acteurs de la société civile et membres des communautés directement concernées par le Just Energy Transition Partnership (JETP).

« L’objectif aujourd’hui est de créer un espace de dialogue où les acteurs peuvent exprimer leurs avis et formuler des propositions pour l’élaboration d’une feuille de route inclusive », a déclaré Fatima Diallo, directrice du CRADESC. Selon elle, la ville de Saint-Louis n’a pas été choisie au hasard : elle symbolise à la fois les impacts visibles des changements climatiques, l’érosion côtière, avancée du désert, salinisation des terres et les promesses mais aussi les menaces liées à l’exploitation des ressources gazières.

L’enjeu est clair : faire en sorte que la transition énergétique ne se fasse pas au détriment des populations locales. « Saint-Louis est emblématique, car elle illustre parfaitement la nécessité d’une approche centrée sur la justice et l’équité », ajoute-t-elle.

Le JETP vise à intégrer 40 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique sénégalais d’ici 2030, dans une logique de développement sobre en carbone. Pour réussir ce pari, Fatima Diallo insiste sur l’importance de l’appropriation du projet par les populations. « Il faut communiquer, impliquer, écouter. C’est à ce prix que le JETP pourra devenir un catalyseur de transformation pour notre économie et pour le mieux-être des communautés. »

Khadim Niass, directeur régional de l’Environnement et des Établissements Classés de Saint-Louis, a rappelé la gravité des effets du changement climatique dans la région dont l’érosion, la salinisation, la montée des eaux,les  perturbations dans la pêche, sans oublier l’agriculture et le tourisme. Il souligne les initiatives engagées à l’échelle locale, telles que la réception de taxis fonctionnant au gaz, la centrale solaire de Bokhol, ou encore la création d’un comité régional sur les changements climatiques (COMRECC).

Il salue également la mise en place de comités de suivi locaux liés aux projets d’exploitation pétrolière et gazière, permettant une meilleure remontée des préoccupations communautaires vers les autorités étatiques.

La voix des communautés a été portée avec force par Fama Sarr, transformatrice de produits halieutiques et secrétaire adjointe du Comité Local de la Pêche Artisanale (CLPA). Elle salue l’initiative du CRADESC qui permet « de mieux comprendre les enjeux du JETP dans une région à la fois riche en ressources halieutiques et désormais impliquée dans l’exploitation gazière ».

Selon elle, cette cohabitation difficile entre pêche et industrie extractive impose une vigilance accrue. « Il est impératif d’impliquer les communautés à la base. Saint-Louis fait face à des problèmes d’accès à l’électricité dans plusieurs localités. Le JETP ne peut être une bonne nouvelle que si toutes nos préoccupations sont réellement prises en compte. »

Alors que le JETP représente un engagement de 2,5 milliards d’euros, l’enjeu dépasse la seule question énergétique. Il s’agit d’un choix de société, d’un modèle de développement où la justice sociale, l’équité territoriale et la participation citoyenne doivent primer.

Saint-Louis, en raison de sa position géographique, de ses vulnérabilités et de ses potentialités, apparaît ainsi comme un laboratoire à ciel ouvert de la transition énergétique au Sénégal. À condition que les voix des communautés locales soient non seulement entendues, mais intégrées au cœur du processus décisionnel.

Yanda SOW

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