Table Ronde OSIDEA : Un appel pour la transformation du petrole et du gaz au Sénégal

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La cinquième édition de la Table Ronde sur la gouvernance des ressources extractives s’est tenue à Dakar, sous le thème : « Exploitation pétrolière, gazière et minière : passer de l’exploitation à la transformation des ressources naturelles pour faire du Sénégal un hub industriel africain ». Dans un contexte où le pays vient d’entrer dans l’ère de la production pétrolière et gazière, cette rencontre a rassemblé responsables publics, experts du secteur, universitaires, acteurs de la société civile et partenaires techniques pour réfléchir ensemble aux perspectives industrielles du Sénégal avec l’exploitation des ressources naturelles.

Cheikh Omar Sy, Président de l’OSIDEA, initiateur de ces rencontres depuis 2019, a ouvert les débats en insistant sur l’importance de la transformation des ressources naturelles. Selon lui, avec le démarrage de la production de pétrole à Sangomar et l’exploitation du gaz à GTA, le Sénégal se trouve à un tournant stratégique qui impose une vision claire. Il a plaidé pour une feuille de route partagée, articulée autour de la gouvernance, de la transparence, de l’équité sociale et de la collaboration entre chercheurs, techniciens et société civile. Il a salué l’implication de partenaires comme BP, Woodside et ONG 3D qui ont contribué à instaurer ce cadre d’échange multi-acteurs devenu annuel.

Cheikh Niane, secrétaire général du ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, a rappelé que le Sénégal vit un moment historique. La production effective de pétrole brut à Sangomar, avec une capacité cible de 100 000 barils par jour, et les premières exportations de gaz naturel liquéfié par le projet GTA estimées à 2,5 millions de tonnes par an positionnent désormais le pays comme un acteur crédible sur l’échiquier énergétique mondial. À ces ressources énergétiques s’ajoutent des potentialités minières majeures, avec une contribution de près de 5 % au PIB et plus de 25 % aux exportations, notamment grâce à l’or, aux phosphates, au zircon, au fer et aux terres rares.

Cependant, il a souligné que l’exploitation de ces ressources ne suffit plus. Le véritable défi est de créer de la valeur localement à travers leur transformation, dans l’objectif de générer des emplois, d’accroître les revenus nationaux, de renforcer la souveraineté économique et de garantir un développement plus inclusif. Cela implique de promouvoir un contenu local fort, permettant aux PME sénégalaises d’intégrer la chaîne de valeur, de respecter les normes environnementales les plus strictes, et de faire de la transparence un socle de la gouvernance extractive.

Cette ambition s’inscrit dans la Vision Sénégal 2050 qui oriente les politiques publiques vers une industrialisation souveraine. Le ministère prévoit des investissements stratégiques dans les raffineries, les plateformes logistiques, les corridors miniers et énergétiques, ainsi que dans des filières de transformation structurées autour des métaux et minéraux stratégiques. Il appelle à une meilleure implication des communautés locales dans les projets d’exploitation, à travers des partenariats justes et une gestion rigoureuse des impacts environnementaux et sociaux.


Cheikh Niane a également insisté sur l’importance d’une dimension sous-régionale dans cette dynamique de transformation. Il a évoqué la nécessité de mutualiser les infrastructures industrielles, de standardiser les règles fiscales et environnementales, et de construire un marché commun autour des ressources transformées pour faire émerger une économie ouest-africaine forte et résiliente.

La Table Ronde a été marquée par des panels riches et variés, portant notamment sur les grands projets pétroliers et gaziers du Sénégal, le financement des PME/PMI dans le secteur extractif, la fiscalité applicable, le transfert de technologie ou encore les impacts environnementaux sur les communautés riveraines. Ces échanges ont permis à de nombreuses parties prenantes, y compris les représentants des zones d’exploitation, de faire entendre leurs voix, de partager leurs préoccupations et d’émettre des recommandations concrètes.

Le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines a promis d’intégrer les conclusions issues des débats dans l’élaboration des politiques publiques, en vue d’un développement industriel fondé sur une meilleure valorisation des ressources nationales.
Cette cinquième édition confirme l’importance d’un dialogue structuré, participatif et prospectif pour faire du secteur extractif un véritable moteur de transformation économique au service des populations sénégalaises.

Yanda Sow

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