Dans le cadre de la mise en œuvre du Partenariat pour une Transition Énergétique Juste (JETP), le Centre de Recherche et d’Action sur les Droits Économiques, Sociaux et Culturels (CRADESC) a lancé un ambitieux projet de renforcement des capacités des acteurs non gouvernementaux. Ce programme, soutenu par un financement initial de 2,5 milliards de dollars mobilisé par la France, le Canada, l’Allemagne et le Royaume-Uni, marque une étape majeure dans l’engagement du Sénégal en faveur d’une transition énergétique inclusive et équitable.
Lors de la cérémonie d’ouverture, Dr. Fatima Diallo, directrice du CRADESC, a présenté les grandes lignes du projet. Elle a souligné que ce programme vise à garantir une véritable justice sociale dans la mise en œuvre du JETP au Sénégal, en s’appuyant sur une recherche approfondie des perceptions locales de ce qu’est une transition juste pour les Sénégalais. Outre l’analyse des risques potentiels du JETP, le projet mettra en place des stratégies d’inclusion citoyenne pour que les communautés locales, souvent marginalisées, soient pleinement impliquées.
« La transition énergétique ne peut être juste si elle exclut les voix des communautés locales, des ONG, des parlementaires et des journalistes. Ce projet permettra de mieux comprendre les enjeux, de prévenir les risques et de formuler des recommandations concrètes pour une mise en œuvre équitable du JETP », a déclaré Dr. Fatima Diallo.
Le CRADESC prévoit également des échanges internationaux avec des pays comme l’Afrique du Sud, l’Indonésie et le Vietnam, déjà engagés dans des projets similaires. Ces échanges permettront d’apprendre des expériences de ces nations, notamment en ce qui concerne l’implication des acteurs locaux et la gestion des impacts des projets.
La représentante du ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Yaye Catherine, a rappelé l’importance du JETP pour atteindre les objectifs d’électrification du Sénégal. « Ce projet vise à porter l’accès universel à l’énergie à 100 % d’ici 2029, conformément à l’agenda national Sénégal 2050 », a-t-elle affirmé. Elle a cependant souligné les défis importants à relever, notamment la réduction des inégalités entre les zones urbaines et rurales, où l’accès à l’électricité reste inégal (98 % contre 65 %).
En outre, elle a évoqué la nécessité de promouvoir des énergies renouvelables, de réduire l’utilisation du bois de chauffe, encore répandu dans certaines régions rurales, et d’assurer le transfert de compétences technologiques dans le domaine des énergies durables.
Lamine Cissé, représentant de l’African Climate Foundation (ACF), principal partenaire technique et financier du projet, a insisté sur l’importance d’une société civile bien formée et proactive dans la mise en œuvre du JETP. « La transition énergétique doit être juste, inclusive et équitable. Cela passe par une implication active des ONG, des journalistes et des communautés locales. Ce projet est une étape cruciale pour renforcer leurs capacités et assurer un suivi efficace des projets », a-t-il déclaré.
Le financement initial d’ACF, bien que significatif, sera complété par des ressources mobilisées auprès d’autres partenaires techniques et financiers. Selon Dr. Fatima Diallo, cette approche progressive garantit une continuité dans les activités du projet, dont la durée initiale est fixée à deux ans.
Le projet sera déployé à l’échelle nationale, avec un accent particulier sur les zones des Niayes, des îles du Saloum et de Kédougou. Ces régions, touchées par les activités extractives et les défis climatiques, bénéficieront d’activités de sensibilisation, de formation et de renforcement des capacités.
Un volet spécifique sera également consacré au suivi citoyen des projets phares du JETP. Cette démarche vise à inclure les populations locales dans les processus décisionnels, tout en formulant des recommandations pour garantir une transition énergétique réellement équitable et durable.
Le CRADESC, en collaboration avec ses partenaires, entend faire du JETP un modèle d’équité, en s’assurant que les bénéfices de la transition énergétique profitent à tous, et en renforçant la résilience des populations face aux défis climatiques et économiques. Ce projet, au croisement de la justice climatique et du développement durable, pourrait bien tracer la voie d’une transition réussie pour le Sénégal et inspirer d’autres pays en quête de solutions équitables.
Yanda Sow