L’amphithéâtre CRAC de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis a vibré ce samedi 29 juin lors des demi-finales des Joutes Oratoires Débattons (JOD) du Club OHADA. Ces débats, marqués par une intensité remarquable et une réflexion profonde, se sont déroulés sur le thème de « l’accès aux données du secteur extractif ».
Cet événement a bénéficié du soutien du programme USAID TRACES, exécuté par le consortium NRGI, ONG 3D et le Forum Civil. Les deux demi-finales des joutes oratoires débattons ont mis aux prises des équipes d’étudiants talentueux et engagés. Ils se sont affrontés sur des questions cruciales liées à l’accès aux données du secteur extractif et à la gestion des ressources naturelles. Les débats ont été d’une grande qualité, avec des arguments bien construits et des réflexions approfondies de la part des participants. Au terme de 2 tours d’Horloge, les équipes SJP et LSH sont allées en finale.
La première manche a opposé l’équipe de l’UFR des Sciences Juridiques et Politiques (SJP) à celle de l’UFR des Sciences Agronomiques de l’Aquaculture et des Technologies Alimentaires (S2ATA). Le sujet débattu était la nécessité ou non de rendre plus stricte la législation et la réglementation dans le secteur extractif pour la préservation de l’environnement.
L’équipe SJP a défendu la stricte réglementation en soulignant les nombreux manquements et les accidents fréquents dans le secteur extractif, qui ont des répercussions graves sur l’environnement. Leur argumentation a mis en avant la nécessité de régulations sévères pour assurer la protection des écosystèmes et garantir une exploitation durable des ressources naturelles.
En contrepoint, l’équipe S2ATA a mis l’accent sur l’applicabilité des dispositions légales existantes, plutôt que sur l’ajout de nouvelles réglementations. Ils ont argumenté que la mise en œuvre efficace des lois actuelles peut suffire à protéger l’environnement si elles sont bien appliquées et contrôlées, insistant sur la praticabilité et l’exécution des règlements plutôt que leur multiplication.
La théorie payante des littéraires
La seconde demi-finale a mis face à face l’équipe de l’UFR des Sciences Économiques et de Gestion (SEG) et celle de l’UFR Lettres et Sciences Humaines (LSH). Le sujet débattu était de savoir si l’appartenance des ressources naturelles au peuple est une réalité ou simplement une déclaration sans fondement.
L’équipe SEG a affirmé que les ressources naturelles appartiennent effectivement au peuple, appuyant leur argumentation sur les textes législatifs et les principes de redistribution des revenus issus des ressources extractives aux populations. Ils ont souligné les efforts des gouvernements pour impliquer les citoyens dans les bénéfices des ressources naturelles.
À l’opposé, l’équipe LSH a argumenté que l’appartenance des ressources naturelles au peuple est davantage une déclaration théorique qu’une réalité. Ils ont mis en évidence l’exclusion des populations locales des processus de décision concernant l’octroi des licences et la gestion des recettes, plaidant pour une implication directe des communautés dans la gestion des ressources.
Réflexions des Membres du Jury
Monsieur Mouhamadou Ndiaye Sarr, président des Joutes Oratoires Débattons et président du jury, a salué la performance et l’engagement des équipes face à des questions techniquement complexes sur le secteur extractif. Il a souligné l’importance des travaux de recherche et de documentation réalisés par les étudiants, qualifiant ces débats de véritable défi relevé avec brio. Pour lui, les critères de victoire tels que la recherche approfondie, la scientificité, la cohérence du discours et la solidité de l’argumentation distinguent les équipes gagnantes.
M. Mouhamadou Ndiaye Sarr, a salué le courage et la persévérance des équipes face à des questions techniques et complexes. Il a souligné que « ces débats ont révélé des travaux de recherche approfondis et une excellente documentation de la part des étudiants.
Les critères de victoire se basent principalement sur la recherche, la scientificité, la cohérence du discours et la solidité de l’argumentation. » M. Sarr a également noté l’importance de sensibiliser la communauté intellectuelle sur les questions liées au secteur extractif, cruciales pour le développement économique du Sénégal et de l’Afrique.
M. Abdou Aziz Diop, membre du jury et représentant de la société civile, a souligné l’innovation des JOD par leur format et leurs thématiques, mettant en lumière des questions souvent négligées dans les débats traditionnels. Il a noté que cette année, le choix du secteur extractif a permis aux étudiants de progresser étape par étape grâce à une préparation intensive sur les données, notamment celles fournies par l’ITIE.
Pour lui, les questions liées aux ressources naturelles, avec leurs enjeux géopolitiques, stratégiques, sécuritaires, socio-économiques et environnementaux, sont cruciales pour la stabilité du pays. Il a appelé la classe politique à placer ces questions au cœur du débat public pour garantir que les ressources du Sénégal soient gérées dans l’intérêt national, assurant ainsi la stabilité et la paix.
M. Abdou Aziz Diop, a décrit les JOD comme une « activité innovante par son format, ses thématiques, et ses cibles ». Il a souligné que ces débats informés et multi-acteurs permettent un consensus national fort sur des questions stratégiques telles que les ressources naturelles. « C’est à travers ces initiatives que nous pouvons transformer les ressources naturelles en une bénédiction pour le Sénégal, en garantissant stabilité et paix, » a-t-il ajouté.
Un bon moyen de promotion de la bonne gouvernance
Le programme USAID TRACES, exécuté par NRGI, ONG 3D, et le Forum Civil, a été un partenaire clé, fournissant des ressources essentielles pour la préparation des équipes et l’organisation des débats. Le programme, en organisant ces débats a mis l’accent sur l’importance de la transparence dans le secteur extractif pour une gouvernance responsable, renforçant ces débats qui forment une nouvelle génération de leaders prêts à aborder ces enjeux complexes avec une connaissance approfondie.
L’équipe SJP et l’équipe LSH se sont qualifiées pour la finale, prévue ce mois ci. La confrontation promet d’être intense et enrichissante, mettant en avant les meilleurs talents en débat de l’Université Gaston Berger.
Ces demi-finales ont non seulement enrichi les connaissances des étudiants mais ont également sensibilisé la communauté universitaire aux enjeux critiques de la transparence et de la gestion des ressources naturelles, offrant une plateforme précieuse pour des discussions constructives sur le développement économique et la gouvernance.
Yanda Sow (envoyé spécial à Saint-Louis)