Sénégal-débat sur l’utilisation du gaz : « la propreté d’une énergie est relative », Dr Ousmane Cissé

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Il est prévu, au Sénégal, la transformation du gaz en électricité. Le projet « Gas To Power », est l’un des espoirs du gouvernement de résorber le gap qui existe en termes d’accès à l’électricité. Mais si le pouvoir se targue de tenir un bon joker, doublement bénéfique, des experts relativisent quant à la « propreté » du gaz.

Il est vrai que, comparé aux pétroles, le gaz est moins polluant. C’est ce que le Dr Ousmane Cissé tente d’expliquer en ces termes : « le gaz est propre pour sa faible émission de gaz à effet de serre (CO2) et pour sa faible production de déchets ». Sauf que, selon l’Ingénieur Géologue, spécialiste en droit minier, il faut « relativiser la propreté du gaz ».

Il fonde son raisonnement sur la logique qui voudrait que le nucléaire soit plus propre en ce qu’il n’émet pas de gaz à effet de serre. Pour lui,  « pour ces mêmes critères, le nucléaire devient l’énergie la plus propre, car elle émet quasiment pas de gaz à effet de serre ou de polluants atmosphériques ». Cependant, pour l’expert, « il ne faut pas négliger la présence de déchets radioactifs et le risque d’accidents nucléaires ». 

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Le député, Mohamed Ayib Daffé pense que le concept « énergie propre » a plutôt une signification politique et communicationnelle.  « En effet, le gaz naturel est une énergie minière, extraite du sous sol, au même titre que le charbon minéral et le pétrole », a dit l’expert environnementaliste et Président de Commission des Délégations, à l’Assemblée Nationale du Sénégal. Il soutient que le gaz est considéré moins polluant, mais il ne s’agit pas d’une « énergie propre » comme veulent le faire croire certains.

Opinions sur l’usage des énergies fossiles

« Sur la base du principe des responsabilités communes mais différenciées, en matière de réchauffement climatique, l’Afrique subsaharienne, faible émettrice de gaz à effet de serre,  doit prôner une transition énergétique juste et pouvoir exploiter ses ressources fossiles et renouvelables, pour éradiquer la pauvreté énergétique et assurer son développement », a ajouté Mohamed Ayib Daffé.

Pourtant, le député, juriste environnementaliste, reconnaît que l’enjeu environnemental et social ne doit pas être négligé. Pour lui, le risque, c’est de vivre des  situations de désastre écologique et d’instabilité, comme ce qui se passe dans le delta du Niger.

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Le Dr Ousmane Cissé, Ingénieur géologue et Directeur Général de SOMISEN partage cet avis. Il fait remarquer qu’en 2020, près de la moitié des habitants du continent africain, soit 600 millions de personnes, n’avaient pas accès à l’électricité. Il est donc favorable à l’exploitation des ressources fossiles pour faciliter l’accès à l’énergie qui est un levier important pour le développement de nos pays.

Dr Cissé rappelle cette déclaration de Lassina Zerbo, ancien Premier ministre du Burkina Faso : « une politique africaine doit être élaborée afin d’assurer l’harmonisation de programmes nationaux permettant de déployer ces technologies et, en même temps, d’adopter  des mesures renforçant l’efficacité énergétique », avait dit le Président de la Commission de l’énergie atomique du Rwanda et du comité d’orientation du Réseau francophone international en conseil scientifique, à Jeune Afrique.

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La responsabilité des compagnies

La nécessité d’exploiter les énergies fossiles en Afrique, ne doit pas être une entrave à la dynamique de transition énergétique enclenchée au niveau mondial. Même si les acteurs sont favorables à l’usage de ces énergies pour rattraper le retard en termes d’accès à l’électricité, ils semblent intransigeants sur la question.

« L’Afrique ne doit pas négliger les  éventuelles menaces environnementales de l’exploitation des énergies fossiles. Il faut une politique environnementale rigoureuse parce que la plupart des compagnies qui exploitent ces ressources ne sont pas africaines et elles respectent ces mesures environnementales, à la lettre en Europe, aux USA et au Moyen Orient », a lancé Abdoulaye Baldé, titulaire d’un master en génie pétrolier.

Il pense que l’Afrique doit aller dans le sens de l’exploitation de ses importantes réserves de gaz naturel. Cela permettrait une production d’électricité à base d’un combustible moins polluant.

Toutefois, Fousseyni Traoré s’est posé une question qui interpelle. Le Consultant Sénior ESG se demande si, « avec le « retard énergétique » de l’Afrique, il est une priorité de se focaliser sur cette considération environnementale qui a tendance à « discréditer » les fossiles ».

Abdou Diouf Junior

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