Sénégal : Connaître le sous-sol pour mieux transformer ses ressources

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Intervenant lors de la table ronde organisée par l’ONG OSIDEA sur le thème « Passer de l’exploitation à la transformation des ressources naturelles pour faire du Sénégal un hub industriel africain », le Directeur général des mines, M. Gassama, a livré un diagnostic sans détour du secteur minier sénégalais et mis en lumière les conditions nécessaires à une véritable valorisation des ressources minérales du pays.

Pour lui, la connaissance géologique du sous-sol est le socle incontournable de toute politique minière efficace et souveraine. « On ne peut réellement valoriser durablement que ce que l’on connaît précisément », a-t-il martelé devant un parterre d’acteurs du secteur extractif, d’institutions publiques, de chercheurs et de membres de la société civile.

Selon M. Gassama, la cartographie minière n’est pas une formalité technique, mais un outil stratégique de gouvernance et de développement territorial. Elle permet non seulement d’identifier les ressources disponibles, mais aussi de planifier leur exploitation, d’éviter les chevauchements d’usage et de garantir la transparence dans l’attribution des permis.

« La première richesse d’un pays, ce ne sont pas ses réserves minières en elles-mêmes, mais sa capacité à les connaître, à les servir et à les orienter intelligemment », a-t-il souligné, insistant sur le fait que plusieurs pays africains ont échoué précisément faute de cette maîtrise en amont.

C’est dans cette logique que le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines a initié un audit physique et documentaire de l’ensemble du cadastre minier national, dont les premiers résultats sont alarmants. Sur 513 titres miniers recensés, 481 ne sont pas en conformité avec la législation, soit un taux d’irrégularité de 94 %. « Ce n’est pas tolérable. Nous avons trouvé des exploitations sans autorisation, des titres restés dormants pendant des années, des sites abandonnés sans réhabilitation, et même des périmètres exploités hors du cadre légal », a dénoncé le Directeur général.

Au-delà du contrôle et de la régulation, la grande ambition reste la transformation locale des ressources. Pour M. Gassama, il est impensable que le Sénégal continue à exporter ses matières premières à l’état brut sans chercher à capter la valeur ajoutée. « Il ne suffit pas d’extraire. Il faut transformer, industrialiser, créer des emplois et générer de la richesse pour les Sénégalais », a-t-il insisté.

Dans cet esprit, il appelle à structurer des chaînes de valeur autour des principales ressources minières du pays – or, zircon, phosphates, fer, uranium – en investissant dans des infrastructures industrielles, des plateformes logistiques et des corridors miniers. La transformation locale est, selon lui, « une exigence de souveraineté économique et une condition de compétitivité à long terme ».

Gassama a également plaidé pour une digitalisation complète du cadastre minier, en lien avec la dématérialisation des procédures d’attribution de titres. L’objectif : garantir la transparence, réduire la spéculation foncière et sécuriser les investissements. Il a salué le lancement d’un nouveau portail en ligne, en précisant que « la cartographie minière doit devenir participative, inclusive, et prendre en compte les préoccupations des communautés locales ».

Le Directeur général a conclu en appelant à « concilier l’aspiration au développement industriel et la maîtrise stratégique de nos ressources naturelles ». Pour lui, le secteur minier ne pourra jouer son rôle de moteur de développement que s’il est réorganisé sur des bases saines, transparentes, et tournées vers l’avenir.

Yanda Sow

 

 

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