La gestion des ressources naturelles représente un enjeu clé pour le développement économique et social du Sénégal, mais l’inclusion des jeunes et des femmes dans la gouvernance de ce secteur reste un défi majeur. C’est dans ce contexte que débute aujourd’hui un atelier organisé par la Coalition nationale « Publiez Ce Que Vous Payez » (PCQVP) dans le cadre du Programme d’Appui à la Société Civile (PASC) en collaboration avec le Conseil National de la Jeunesse du Sénégal (CNJS) et le Consortium Jeunesse.
L’organisation de cet évènement vise à renforcer l’engagement des jeunes et des femmes dans la gestion des ressources naturelles du pays, en mettant en lumière les défis auxquels ils sont confrontés et en identifiant des solutions adaptées à une participation plus effective et inclusive.
Le Sénégal est doté de ressources naturelles variées et abondantes, notamment l’or, le pétrole, le gaz et les ressources agricoles. Ces ressources constituent un levier essentiel pour la croissance économique du pays et peuvent contribuer de manière significative à l’amélioration des conditions de vie des populations. Cependant, leur exploitation et leur gestion demeurent marquées par des inégalités profondes en matière de participation, en particulier pour les jeunes et les femmes. Ces groupes, bien qu’acteurs incontournables du développement, sont souvent écartés des décisions stratégiques en raison d’obstacles structurels, de stéréotypes de genre et d’un accès limité à l’information, réduisant ainsi leur capacité à influencer la gouvernance du secteur extractif.
Lors de l’ouverture de l’atelier, Khadim Diop, président du CNJS, a souligné l’importance de l’implication des jeunes dans les instances de gouvernance. Il a rappelé que la jeunesse représente environ 75 % de la population sénégalaise et qu’il est impératif qu’elle soit mieux représentée dans les sphères décisionnelles. Toutefois, il a mis en exergue plusieurs contraintes majeures qui entravent leur participation active, notamment des barrières juridiques, sociales et culturelles. Il a plaidé pour l’adoption d’une loi réservant 30 % des sièges des assemblées électives aux jeunes afin de garantir une représentation significative et de permettre une implication plus efficace dans la gestion des ressources naturelles.
Il a également évoqué l’initiative de la diplomatie jeunesse, mise en place par le CNJS depuis 2018, qui vise à anticiper et prévenir les conflits entre les jeunes, les entreprises minières et les collectivités territoriales. Il a exhorté l’État à instaurer un cadre de dialogue permanent, non seulement au niveau des collectivités locales mais aussi au niveau central, afin de recueillir les préoccupations des jeunes et de les orienter vers des solutions concrètes et adaptées aux enjeux du secteur extractif.
L’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) a récemment introduit une révision de sa norme dans le but de favoriser une plus grande diversité au sein des groupes multipartites et d’encourager la divulgation de données sensibles au genre. Ces avancées constituent une étape importante vers une meilleure inclusion, mais elles nécessitent des actions concrètes et un accompagnement adapté pour être pleinement mises en œuvre.
Dans cette optique, la Coalition PCQVP adopte une approche stratégique en mettant l’accent sur plusieurs axes d’intervention. Parmi eux, la mobilisation de la société civile dans le processus ITIE, la redevabilité des acteurs impliqués au sein du Groupe Multi Partite (GMP), le partage d’informations issues du rapport ITIE 2023 avec les organisations de jeunes et de femmes et la discussion approfondie sur les points clés de la validation ITIE prévue pour 2025. Ces actions visent à favoriser un cadre de concertation dynamique et inclusif permettant aux jeunes et aux femmes d’accéder à une information de qualité et de mieux comprendre les enjeux de la gouvernance des ressources naturelles.
Cheikh Tidiane Cissé, vice-président de PCQVP, a également insisté sur la nécessité de mieux analyser le rôle et les défis des jeunes et des femmes dans la promotion de la transparence dans le secteur extractif. Il a rappelé que cette rencontre s’inscrit dans le cadre du PASC, où la Coalition PCQVP assure le volet de la gestion des ressources naturelles. Il a souligné que cet atelier constitue une plateforme d’échanges et de consultations, un espace où les jeunes peuvent exprimer leurs préoccupations, renforcer leur engagement et acquérir les outils nécessaires pour interagir avec les parties prenantes du secteur. Selon lui, une meilleure inclusion des jeunes dans la gouvernance extractive permettra non seulement de garantir une plus grande transparence mais aussi d’assurer une répartition plus équitable des bénéfices issus de l’exploitation des ressources naturelles.
L’atelier a pour ambition d’identifier et de lever les obstacles qui empêchent une participation significative des jeunes et des femmes dans la gouvernance des ressources naturelles. Il vise également à encourager le dialogue entre les différents acteurs, notamment les institutions publiques, les représentants de la société civile et les jeunes leaders, en vue d’élaborer des recommandations concrètes et adaptées à la réalité du terrain.
Toutefois, plusieurs défis majeurs persistent. La structuration des parties prenantes demeure une problématique essentielle, tout comme la préservation de l’environnement face aux impacts de l’exploitation des ressources naturelles. De plus, l’implication effective des jeunes nécessite un effort concerté de sensibilisation et de formation afin de leur permettre de mieux comprendre les mécanismes de gouvernance et de plaidoyer.
L’initiative de la Coalition PCQVP, en collaboration avec le CNJS et le Consortium Jeunesse, s’inscrit dans une démarche globale visant à promouvoir une gestion plus transparente, inclusive et équitable des ressources naturelles. En facilitant un dialogue ouvert et constructif entre les différents acteurs du secteur extractif, cet atelier pose les bases d’une gouvernance durable, essentielle pour l’avenir économique et social du Sénégal. L’engagement des jeunes et des femmes dans ce processus est un impératif pour garantir une exploitation des ressources naturelles qui bénéficie à l’ensemble de la population et assure un développement harmonieux et inclusif du pays.
Yanda Sow