Mauritanie-Rapport ITIE 2022 : Les indices d’un Etat rentier 

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Selon les chiffres du Rapport 2022 de Comité mauritanien de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (ITIE), le secteur extractif (mines et hydrocarbures) a représenté 23,85% du PIB, 76% des exportations et environ 30% des recettes budgétaires de la Mauritanie en 2022.

Si l’on se base sur la définition communément admise de la notion « État rentier » – un État qui tire une grande partie, voire la totalité, de son revenu national d’une rente provenant de ressources indigènes vendues à des clients externes –, on peut qualifier la Mauritanie d’Etat rentier. 

On pourrait même aisément qualifier le pays d’un Etat rentier en devenir et ce de manière pérenne. Puisque selon le rapport « Du sable au gaz, puis au vert ? Perspectives des secteurs du gaz et de l’hydrogène vert en Mauritanie », la Mauritanie pourrait enregistrer jusqu’à 1,135 milliard de dollars de revenus par an de l’exploitation du champ gazier GTA, selon un scénario prix ambitieux et lorsque toutes les phases de production seront actives. A titre de comparaison, les recettes budgétaires du pays se sont élevées à 1,587 milliards de dollars en 2022 (hors secteur extractif).

D’autres part, le pays a signé récemment plusieurs accords avec des géants du renouvelable pour développer des projets d’hydrogène vert d’une valeur de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Comme pour le secteur extractif, les revenus générés se présenteront sous forme de rente dont bénéficiera le pays. Cela aura tendance donc à fortifier le statut d’Etat rentier du pays.

Quel type d’Etat rentier sera la Mauritanie dans l’avenir ?

Dans « Richesses de la nature et pauvreté des nations. Essai sur la malédiction de la rente minière et pétrolière en Afrique », trois types d’Etat rentier sont identifiés : L’État rentier vertueux, L’État rentier stable et L’État rentier en décomposition. 

Le dernier type, symbolisé par la combinaison de plusieurs des symptômes élémentaires de la malédiction des rentes minières, est celui qui semble caractériser le plus le pays depuis le début de l’exploitation des ressources naturelles. 

Pour ce qui est de l’avenir, rien n’indique que les choses vont évoluer favorablement. Tout dépendra cependant, pour les mines, les hydrocarbures et le renouvelable, de la capacité de négociation, de la volonté et de la vision de ceux qui décident et dirigent.

Abdoulaye Diop (Mauritanie)

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