Le Sénégal- JETP :Entre ambition, vigilance et inclusion NRGI trace la voie

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 Le Sénégal s’engage dans une nouvelle ère énergétique. Le pays est devenu le quatrième au monde, après l’Afrique du Sud, l’Indonésie et le Vietnam, à signer le Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP). Ce cadre de coopération ambitieux vise à soutenir le Sénégal dans sa sortie progressive des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables, avec pour objectif un mix énergétique composé à 40 % d’énergies propres à l’horizon 2030.

Lors d’un atelier organisé à jeudi 19 Juin par le Natural Resource Governance Institute (NRGI) en partenariat avec la Plateforme des Acteurs de la Société Civile pour une Transition Énergétique Juste (PACTEJ), Mme Aïda Ndiaye Diop, directrice pays de NRGI, a rappelé l’enjeu mondial de ce virage énergétique. « Le montant global du financement de la transition est estimé à plus de 40 milliards d’euros dans le monde, dont 2,5 millions d’euros destinés au Sénégal sur une période de trois à cinq ans », a-t-elle déclaré, insistant sur l’importance de ce soutien pour relever les défis liés à l’accès à l’électricité, particulièrement en zone rurale.

Pour Mme Ndiaye Diop, le JETP est une opportunité stratégique, mais sa réussite repose sur des fondations solides. « Il faut une gouvernance robuste, un leadership de haut niveau et une coordination stratégique forte, comme c’est le cas en Afrique du Sud ou en Indonésie. » Elle a également souligné l’importance d’une mise en œuvre inclusive : « Toutes les parties prenantes doivent être impliquées : les communautés impactées, les collectivités territoriales, et un effort soutenu doit être fait pour garantir une communication transparente. »

Un plan d’investissement devrait permettre de concrétiser les engagements du JETP, en identifiant les projets à mettre en œuvre et les zones d’intervention. Toutefois, ce plan reste pour l’instant non accessible au public, d’où l’urgence de renforcer le dialogue avec les acteurs de la société civile.

Cette position est partagée par le député Diogomaye Diouf, vice-président de la commission énergie et ressources minérales à l’Assemblée nationale, qui a rappelé le rôle essentiel du Parlement : « Nous avons la responsabilité de veiller à ce que ce partenariat soit conduit dans l’intérêt des populations, avec un accès à l’électricité à un coût abordable. »

Lors de la table ronde, plusieurs acteurs de la société civile ont exprimé leurs inquiétudes. Ndeye Fatou Sy, de Lumière Synergie Développement, a pointé du doigt la situation des communautés du delta du Saloum, déjà affectées par les effets du changement climatique et désormais exposées aux impacts environnementaux de l’exploitation pétrolière de Sangomar. « Ces populations risquent de perdre leurs moyens de subsistance si elles ne sont pas intégrées dans la planification des projets de transition », a-t-elle averti.

Pour sa part, le chercheur Papa Fara Diallo a mis en garde contre le risque d’une nouvelle forme de dépendance technologique. « Il ne faudrait pas que la transition énergétique devienne une recolonisation verte. L’Afrique ne peut pas se contenter d’être un simple marché de consommation. Il est impératif de développer nos propres capacités technologiques. »

Entre ambitions environnementales, justice sociale et souveraineté technologique, le Sénégal marche sur une ligne de crête. La réussite de cette transition ne se mesurera pas uniquement en pourcentages d’énergies renouvelables, mais surtout à la capacité du pays à construire une gouvernance participative et équitable, capable d’éviter que les populations les plus vulnérables ne soient une fois de plus laissées pour compte.

Yanda Sow

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