Gadiaga : un trésor local trop souvent oublié dans le débat énergétique sénégalais

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lors que l’attention médiatique et politique est largement portée sur les grands projets offshore comme GTA (Grand Tortue Ahmeyim) et Yakaar-Teranga, il est important de rappeler que le Sénégal dispose déjà d’un gisement onshore en exploitation : le champ gazier de Gadiaga, situé dans la région de Thiès, près du village de Diender.

Ce champ, opéré par Fortesa International, est l’un des premiers projets de production gazière du pays, en activité depuis plus de vingt ans. Bien que plus modeste en taille, il offre des avantages stratégiques, économiques et techniques considérables, qui méritent aujourd’hui d’être pleinement reconnus et valorisés.

Des coûts d’exploitation maîtrisés

À la différence de l’offshore, l’exploitation onshore, comme celle de Gadiaga, ne nécessite pas de plateformes coûteuses ni de logistique maritime complexe. Les installations sont simples, les puits sont facilement accessibles par voie terrestre, ce qui permet une réduction significative des coûts d’exploration, de développement et de production.

Une main-d’œuvre presque entièrement sénégalaise

Fortesa est un exemple remarquable de contenu local réussi : plus de 95 % des effectifs sont sénégalais, allant des opérateurs de terrain aux ingénieurs de production. Cette sénégalisation du savoir-faire contribue à renforcer notre indépendance énergétique tout en créant des emplois durables et qualifiés.

Des infrastructures opérationnelles

Le champ de Gadiaga dispose déjà de pipelines qui relient le site de production à la centrale électrique de Cap des Biches, permettant un approvisionnement direct en gaz. Cette infrastructure, encore fonctionnelle, prouve que le pays est capable de produire, transporter et consommer son propre gaz sans dépendre d’infrastructures lourdes ou importées.

Un gaz naturel de grande qualité

Le gaz de Gadiaga est composé à environ 96 % de méthane, ce qui en fait une source d’énergie propre et efficace. Il contient aussi une faible teneur en CO₂ et surtout aucune trace significative de H₂S (sulfure d’hydrogène), un composant toxique souvent présent dans d’autres gisements. Cette composition chimique très favorable rend le gaz beaucoup plus facile à traiter, avec des installations simples et peu coûteuses.

Une solution transitoire stratégique en attendant le RGS

Le Réseau Gazier du Sénégal (RGS), actuellement en projet, vise à connecter les différentes sources de gaz du pays pour les acheminer vers les zones de consommation. En attendant sa mise en œuvre, le champ de Gadiaga peut jouer un rôle de relai stratégique pour alimenter rapidement certaines centrales électriques comme Cap des Biches, Tobène ou même d’éventuelles industries locales.

Un levier pour la transition énergétique et le développement local

Exploiter pleinement le potentiel de Gadiaga, c’est réduire nos importations de fuel lourd, renforcer notre mix énergétique, et créer de la valeur ajoutée locale. C’est aussi faire le choix de la proximité, de la réduction de l’empreinte carbone, et de la souveraineté énergétique.

Bien que le champ de Gadiaga soit plus petit comparé aux projets offshore comme GTA ou Yakaar-Teranga, il représente une opportunité immédiate, locale et maîtrisée. Son gaz est pur, facile à traiter, et l’expertise locale est déjà en place. Il incarne une alternative pragmatique et stratégique pour répondre aux besoins actuels du Sénégal, en attendant la montée en puissance des autres projets.

Misons sur ce que nous avons déjà, valorisons notre savoir-faire national et avançons vers une énergie sénégalaise, propre et souveraine. Gadiaga peut faire la différence, ici et maintenant.

Ousseynou Souare

Ingénieur Pétrolier | Ingénieur Production chez Fortesa International

Passionné par l’industrie Oil & Gas

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