À Dakar, une table ronde initiée par Mercy Corps a réuni parlementaires, ministères, société civile et secteur privé autour d’un même objectif : promouvoir les usages productifs des énergies renouvelables et réfléchir aux réponses à apporter aux défis climatiques. L’accent a été mis sur la résilience des communautés, notamment des femmes et des jeunes, en première ligne face aux impacts
Prenant part à la rencontre, l’honorable Amy Ndiaye, présidente de la commission du développement durable et de la transition écologique à l’Assemblée nationale, a salué une initiative qu’elle juge très important.
« Les énergies renouvelables participent à réduire les effets des changements climatiques. Or, nous savons que les femmes sont les plus vulnérables face à ces effets. Cet atelier contribuera à renforcer leur résilience ainsi que celle des jeunes », a-t-elle déclaré.
Rappelant l’importance de l’axe 4 du Plan national de transformation dédié à l’aménagement durable, Mme Ndiaye a souligné que la souveraineté alimentaire du Sénégal ne saurait être atteinte sans une agriculture durable, reposant sur une maîtrise de l’énergie. Elle a insisté sur le rôle que doivent jouer les parlementaires en matière de plaidoyer et de sensibilisation afin de promouvoir les usages productifs des énergies propres.
La représentante du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mme Mbacké Sokhna Mbaye Diop, a rappelé l’ampleur des défis auxquels fait face le secteur agricole : sécheresses, inondations, maladies, pertes de récoltes. Autant d’impacts liés au changement climatique qui fragilisent les exploitations.
Selon elle, l’intégration des énergies renouvelables est devenue incontournable :
« Le Sénégal s’est engagé à porter la part des énergies renouvelables à 40 % du mix énergétique. Dans l’agriculture, l’énergie est essentielle, que ce soit pour les aménagements hydro-agricoles ou l’irrigation des exploitations horticoles. Mais l’accès reste encore limité, notamment pour les femmes », a-t-elle expliqué.
Mme Diop a rappelé qu’une étude a révélé les difficultés rencontrées par les productrices pour accéder aux équipements solaires, souvent coûteux dès la première année d’investissement. Pourtant, ces technologies améliorent considérablement la productivité et les revenus. Elle a annoncé que le ministère finalise actuellement un plan d’action genre et énergie dans l’agriculture et l’élevage, dont les recommandations de la table ronde viendront enrichir le contenu.
De son côté, Maïmouna Makaor Diouf, responsable communication et plaidoyer à Mercy Corps, a mis en avant la dimension sociale et inclusive de la transition énergétique. À travers le programme Énergia, l’ONG a mis en place une Task Force Genre et Énergie, regroupant société civile, secteur privé et ministères clés, afin de porter un plaidoyer coordonné auprès des décideurs.
« Nous voulons élargir ce partenariat aux institutions financières, aux fournisseurs d’équipements solaires et aux parlementaires. L’objectif est de mieux impliquer les femmes dans la transition énergétique et de renforcer leur rôle dans la résilience face au changement climatique », a-t-elle affirmé.
Mme Diouf a également insisté sur les barrières qui freinent encore l’autonomisation des femmes : normes socioculturelles, manque d’information, difficultés d’accès au financement et aux équipements. Mercy Corps plaide ainsi pour une meilleure sensibilisation des communautés et un accompagnement renforcé des femmes afin qu’elles deviennent actrices à part entière de la transition énergétique.
Les discussions ont montré la nécessité d’unir les forces ente l’État, les parlementaires ,la société civile, ainsi que le secteur privé et partenaires techniques pour lever les obstacles et promouvoir des usages productifs de l’énergie renouvelable, en particulier en milieu rural.
La table ronde a confirmé un constat partagé qui montre que sans une meilleure intégration du genre dans les politiques énergétiques et agricoles, la transition écologique restera incomplète.
Yanda Sow