samedi, mai 24, 2025
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Transition énergétique : CRADESC pose le débat l’inclusion à Saint-Louis

 Face aux bouleversements climatiques et à l’avènement de l’exploitation gazière, la région de Saint-Louis est devenue un territoire stratégique pour repenser les contours d’une transition énergétique juste et équitable. C’est dans ce cadre que le Centre de Recherche et d’Actions sur les Droits Économiques, Sociaux et Culturels (CRADESC) a organisé un forum communautaire, réunissant autorités locales, acteurs de la société civile et membres des communautés directement concernées par le Just Energy Transition Partnership (JETP).

« L’objectif aujourd’hui est de créer un espace de dialogue où les acteurs peuvent exprimer leurs avis et formuler des propositions pour l’élaboration d’une feuille de route inclusive », a déclaré Fatima Diallo, directrice du CRADESC. Selon elle, la ville de Saint-Louis n’a pas été choisie au hasard : elle symbolise à la fois les impacts visibles des changements climatiques, l’érosion côtière, avancée du désert, salinisation des terres et les promesses mais aussi les menaces liées à l’exploitation des ressources gazières.

L’enjeu est clair : faire en sorte que la transition énergétique ne se fasse pas au détriment des populations locales. « Saint-Louis est emblématique, car elle illustre parfaitement la nécessité d’une approche centrée sur la justice et l’équité », ajoute-t-elle.

Le JETP vise à intégrer 40 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique sénégalais d’ici 2030, dans une logique de développement sobre en carbone. Pour réussir ce pari, Fatima Diallo insiste sur l’importance de l’appropriation du projet par les populations. « Il faut communiquer, impliquer, écouter. C’est à ce prix que le JETP pourra devenir un catalyseur de transformation pour notre économie et pour le mieux-être des communautés. »

Khadim Niass, directeur régional de l’Environnement et des Établissements Classés de Saint-Louis, a rappelé la gravité des effets du changement climatique dans la région dont l’érosion, la salinisation, la montée des eaux,les  perturbations dans la pêche, sans oublier l’agriculture et le tourisme. Il souligne les initiatives engagées à l’échelle locale, telles que la réception de taxis fonctionnant au gaz, la centrale solaire de Bokhol, ou encore la création d’un comité régional sur les changements climatiques (COMRECC).

Il salue également la mise en place de comités de suivi locaux liés aux projets d’exploitation pétrolière et gazière, permettant une meilleure remontée des préoccupations communautaires vers les autorités étatiques.

La voix des communautés a été portée avec force par Fama Sarr, transformatrice de produits halieutiques et secrétaire adjointe du Comité Local de la Pêche Artisanale (CLPA). Elle salue l’initiative du CRADESC qui permet « de mieux comprendre les enjeux du JETP dans une région à la fois riche en ressources halieutiques et désormais impliquée dans l’exploitation gazière ».

Selon elle, cette cohabitation difficile entre pêche et industrie extractive impose une vigilance accrue. « Il est impératif d’impliquer les communautés à la base. Saint-Louis fait face à des problèmes d’accès à l’électricité dans plusieurs localités. Le JETP ne peut être une bonne nouvelle que si toutes nos préoccupations sont réellement prises en compte. »

Alors que le JETP représente un engagement de 2,5 milliards d’euros, l’enjeu dépasse la seule question énergétique. Il s’agit d’un choix de société, d’un modèle de développement où la justice sociale, l’équité territoriale et la participation citoyenne doivent primer.

Saint-Louis, en raison de sa position géographique, de ses vulnérabilités et de ses potentialités, apparaît ainsi comme un laboratoire à ciel ouvert de la transition énergétique au Sénégal. À condition que les voix des communautés locales soient non seulement entendues, mais intégrées au cœur du processus décisionnel.

Yanda SOW

Ressources extractives : PCQVP renforce l’implication des parlementaires dans la gouvernance du secteur

 L’Assemblée nationale du Sénégal a accueilli un atelier de présentation des résultats du Rapport ITIE 2023 et des données du premier semestre 2024. Organisée par la Coalition Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) en partenariat avec le Comité National ITIE (CN-ITIE) et le Programme d’Appui à la Société Civile (PASC), cette rencontre a réuni députés, acteurs de la société civile et experts du secteur extractif autour d’un objectif commun de faire de la transparence un levier effectif de justice sociale et de développement durable.

Dans son intervention d’ouverture, M. Thialy Faye, président du Comité National ITIE, a exprimé une préoccupation majeure : malgré les obligations réglementaires, aucune entreprise n’a versé à ce jour les fonds prévus pour la réhabilitation des sites miniers après exploitation ni pour l’appui au développement local, censés être déposés à la Caisse des Dépôts et Consignations. Il a ainsi lancé un appel clair aux parlementaires pour qu’ils s’assurent du respect strict de ces dispositions.

« Ces fonds ne sont pas des options, mais des obligations légales et morales. Il est impératif de garantir leur effectivité si nous voulons que les communautés affectées par l’exploitation minière bénéficient réellement de ces ressources. »

L’honorable Babacar Ndiaye, président de la Commission Énergie et Ressources Minérales de l’Assemblée nationale, a souligné l’importance de doter les députés des outils nécessaires pour mieux répondre aux attentes des citoyens.

« En tant que parlementaires, nous sommes régulièrement interpellés sur des sujets liés au secteur extractif. Il ne suffit pas de répondre, encore faut-il pouvoir apporter les bonnes réponses. Et cela passe par des initiatives de renforcement de capacités comme celle que nous offre aujourd’hui la coalition Publiez Ce Que Vous Payez, à travers cet atelier de partage d’informations. »

Le président de la Commission Énergie et Ressources Minérales de l’Assemblée nationale, a pour sa part insisté sur la nécessité d’une plus grande vigilance parlementaire dans le suivi du secteur extractif. Il a plaidé pour une intégration systématique des données issues des rapports ITIE dans les travaux de contrôle budgétaire et les débats de politique publique.

De son côté, M. Papa Fara Diallo, président de la coalition PCQVP Sénégal, a rappelé que la publication des rapports ITIE ne saurait suffire si elle n’est pas accompagnée d’une appropriation réelle par les représentants du peuple. Pour lui, la transparence doit se traduire en décisions politiques concrètes.

« Nous devons passer de la déclaration à l’action. La transparence doit déboucher sur des politiques qui profitent directement aux citoyens, en particulier dans les zones d’exploitation. »

L’atelier a ainsi permis de dégager plusieurs recommandations phares. Il a été souligné l’urgence de renforcer le rôle de contrôle du Parlement sur l’utilisation des revenus extractifs, notamment en assurant un meilleur suivi de la mise en œuvre des recommandations ITIE. Une volonté affirmée d’intégrer plus systématiquement ces données dans les documents budgétaires a également émergé, tout comme la nécessité d’exiger des entreprises une transparence accrue, notamment en matière de lutte contre la corruption et de respect des engagements sociaux et environnementaux.

La consolidation du dialogue entre société civile, autorités publiques et secteur privé a enfin été identifiée comme une condition essentielle pour améliorer la gouvernance globale du secteur.

Rapport ITIE 1er-semestre-2024

Le rapport ITIE du premier semestre 2024, présenté à cette occasion, met en lumière la contribution économique majeure du secteur extractif au Sénégal. Au total, 236,59 milliards FCFA ont été générés au cours des six premiers mois de l’année, dont 225,49 milliards FCFA affectés directement au budget de l’État. Si l’on prend en compte l’ensemble des flux ,y compris les paiements sociaux, environnementaux et contributions spécifiques, la contribution globale du secteur dépasse les 336 milliards FCFA.

Le secteur minier reste prépondérant avec près de 80 % des revenus, tandis que les hydrocarbures représentent environ 19 %. En matière de production, l’or demeure le minerai le plus rentable, générant une valeur estimée de plus de 154 milliards FCFA, suivi par le ciment et l’acide phosphorique. À l’export, l’acide phosphorique (30 % des exportations extractives) et l’or (29 %) dominent également, illustrant l’importance stratégique de ces deux ressources.

Le rapport révèle aussi une hausse significative des recettes issues des hydrocarbures, notamment grâce aux paiements exceptionnels effectués par Woodside Energy, et un effort de contribution des grandes entreprises minières telles que SGO, GCO, PMC et ICS, aussi bien à travers les impôts sur les sociétés que par les dividendes reversés à l’État.

En revanche, des lacunes persistent, notamment l’absence de versements au Fonds de Réhabilitation des Sites Miniers et au Fonds d’Appui au Développement Local, alors que ces dispositifs sont prévus par la réglementation pour garantir une compensation des impacts de l’exploitation.

Alors que le Sénégal s’apprête à passer sa troisième validation ITIE en juin 2025, cette rencontre aura permis de réaffirmer une volonté collective de faire de la gouvernance extractive un pilier de la transparence, de la justice économique et de la participation citoyenne.

Yanda Sow

 

Sénégal : La SOMISEN au cœur de la nouvelle stratégie minière

Le Directeur général de la Société des Mines du Sénégal (SOMISEN), Ngagne Demba Touré, affiche une ambition claire de sortir de l’ombre, c’est de rompre avec le rôle de simple gestionnaire des actifs de l’Etat et de positionner la SOMISEN en acteur central et conquérant du secteur minier sénégalais.

Créée pour valoriser les intérêts de l’État dans les sociétés minières, la SOMISEN s’est longtemps cantonnée à une mission d’accompagnement et de représentation, participant aux conseils d’administration et assemblées générales, assurant le suivi des participations de l’État et la récupération de la part de production publique (généralement 10 %). Mais selon son directeur général, cette époque est désormais révolue.

« Nous devons sortir du rôle d’observateur passif. SOMISEN doit aller à la conquête des mines et devenir un acteur opérationnel majeur dans l’exploration, l’exploitation, la transformation et la commercialisation des ressources minérales », affirme M. Touré avec détermination.

Pour concrétiser cette nouvelle orientation, la SOMISEN compte promouvoir le développement de la chaîne de valeur des substances minérales. Dans la droite ligne de la Lettre de politique sectorielle de développement (LPSD), il s’agit de bâtir un secteur minier inclusif, compétitif et durable, capable de contribuer significativement à la souveraineté économique et alimentaire du pays.

Parmi les projets phares, figure la mise en place d’un comptoir d’or et la création d’une raffinerie nationale, dans le but de mieux contrôler la production aurifère, d’alimenter le marché local, de constituer une réserve stratégique et d’assurer la traçabilité de l’or extrait. En parallèle, la valorisation des phosphates en engrais devrait contribuer à la souveraineté alimentaire du Sénégal, tout en générant de nouvelles recettes à travers la transformation locale.

Cette transformation structurelle bénéficie du soutien de la Direction générale des mines et de la géologie, dirigée par M. Ibrahima Gassama, qui annonce un encadrement renforcé du sous-secteur de l’orpaillage. Selon lui, des mesures concrètes seront prises pour récupérer les superficies minières non exploitées ou rendues, qui seront désormais mises à disposition de la SOMISEN et d’acteurs nationaux, dans une logique de valorisation rationnelle et équitable.

« Nous allons ouvrir des couloirs d’orpaillage, recenser les artisans miniers et créer des zones promotionnelles où la SOMISEN et le secteur privé national pourront s’implanter durablement. L’État veut des champions miniers, nous allons les faire émerger », assure M. Gassama.

Une régulation plus stricte de l’orpaillage est également prévue. Des décrets et arrêtés datant de 2016 seront appliqués pour encadrer un secteur qui, selon une étude suisse, aurait vu s’échapper entre 36 et 41 tonnes d’or entre 2013 et 2022, échappant au contrôle et aux recettes de l’État.

Dès septembre prochain, les autorités annoncent l’octroi de nouvelles autorisations aux opérateurs nationaux, appuyés par les bras techniques de l’État, la SOMISEN en tête, ainsi que les institutions financières locales.L’ Objectif  est de structurer, moderniser et dynamiser un secteur dont le potentiel reste encore largement sous-exploité.

La vision de Ngagne Demba Touré est limpide. Il est determiné à faire de la SOMISEN un pilier national du développement minier, un levier stratégique de transformation économique et un garant de la souveraineté sur les ressources naturelles du pays.

Yanda Sow

 

Sangomar :  Le Sénégal n’a gagné que 400 millions sur 1,8 milliard de dollars de ventes cumulées.

Malgré des ventes cumulées de 1,8 milliard de dollars issues du champ pétrolier de Sangomar, le Sénégal et sa société nationale Petrosen n’ont engrangé qu’un « maigre » 400 millions de dollars. C’est le constat posé par Alioune Guèye, Directeur général de Petrosen Holding, lors d’une récente prise de parole publique.

« Les 28 cargaisons, soit environ 28 millions de barils, ont généré 1,8 milliard de dollars au 30 avril 2024. Mais l’État du Sénégal et Petrosen n’ont perçu qu’une part très faible de cette somme », a-t-il déclaré. Une rentabilité limitée qu’il explique par le fait que « la phase 1 du projet Sangomar n’est pas du tout rentable à ce stade ».

Pour autant, des perspectives encourageantes pointent à l’horizon. Le maintien du plateau de production à 100 000 barils par jour, initialement prévu pour 3 à 4 mois selon les prévisions, se poursuit depuis près d’un an. Les projections actualisées estiment que ce rythme pourrait se maintenir au moins jusqu’en juin 2025, voire jusqu’en 2026 dans le scénario optimiste.

« Nous, à Petrosen, pensons que le potentiel est encore plus grand. Il y a une très grande ressource au niveau de Sangomar », a soutenu Alioune Guèye. À l’appui de cette conviction, l’annonce de l’opérateur Woodside qui a revu à la hausse ses réserves de 16,5 millions de barils pour le premier trimestre de 2025.

Dans cette dynamique, Petrosen envisage déjà la phase 2 du projet. L’objectif est de maintenir durablement le pic de production actuel à 100 000 barils par jour.

Mais au-delà du pétrole, c’est le gaz naturel associé qui attire désormais l’attention. Actuellement, Sangomar produit entre 80 et 90 millions de standard cubic feet (MSG) de gaz par jour. Ce volume représente une ressource stratégique pour le Sénégal, notamment dans le contexte de la transition énergétique.

« Si on devait produire toute l’électricité de la Senelec en 2023 , soit 6654 GWh  avec du gaz, il faudrait entre 120 et 130 MSG par jour. Or, Sangomar en fournit déjà jusqu’à 90. Vous voyez ce que cela peut signifier pour notre avenir énergétique », a expliqué M. Guèye.

En conclusion, le Directeur général a réaffirmé l’ambition de Petrosen d’être bien plus qu’un partenaire minoritaire dans les projets pétroliers et gaziers. « Ce que l’on veut, c’est un Petrosen fort, un acteur principal dans l’exploitation des ressources pétrolières et gazières du Sénégal », a-t-il déclaré.

Un virage stratégique s’impose pour que les retombées économiques de cette manne énergétique profitent pleinement au pays. Petrosen veut incarner ce changement de paradigme.

Yanda Sow

 

 

 

Sénégal-Gaz : PETROSEN se positionne pour développer Yakaar-Teranga

PETROSEN, bras armé de l’État dans le secteur pétrolier et gazier, amorce un tournant historique. Son directeur général, Alioune Guèye, a affirmé avec force l’ambition du Sénégal de reprendre la main sur ses ressources naturelles. Et cette fois, la participation populaire est au cœur de la stratégie.

Le projet gazier Yakaar-Teranga, longtemps resté en attente de décision finale d’investissement (FID) avec le retrait de bp du projet, entre dans une nouvelle phase. Son coût est estimé à 2400 000 000 000 FCFA (2 400 milliards), soit environ 4 milliards de dollars. Mais pour Alioune Guèye, ce défi est à la hauteur de l’enjeu car “Yakaar-Teranga est notre avenir énergétique. Il représente l’opportunité de bâtir une souveraineté réelle, en maîtrisant toute la chaîne de valeur du gaz.”

Plutôt que de s’en remettre exclusivement aux partenaires internationaux, PETROSEN fait le pari de la mobilisation nationale. “Nous voulons que les Sénégalais participent directement au financement de ce projet. Qu’ils deviennent co-actionnaires de leur propre richesse. C’est ainsi que nous poserons les fondations d’un modèle de développement inclusif et souverain”, martèle le DG de PETROSEN.

Ce pari repose sur une dynamique déjà observée : le succès récent de l’opération du Trésor qui a levé 400 milliards de FCFA auprès des épargnants sénégalais montre l’appétit croissant des citoyens pour des investissements productifs et patriotiques. “Ce que l’État a réussi pour financer son budget, PETROSEN veut le réussir pour financer un projet stratégique. La richesse de notre sous-sol doit être transformée en richesse partagée”, insiste M. Guèye.

Jusqu’ici, le Sénégal ne détenait que des participations minoritaires dans ses projets majeurs, souvent à hauteur de 10 %. Cela a eu pour conséquence une faible captation des revenus. “Un projet comme Sangomar a généré 1,8 milliard de dollars en un an. Le Sénégal n’en a perçu que 400 millions. Ce déséquilibre n’est plus acceptable”, déclare Alioune Guèye.

Avec Yakaar-Teranga, l’objectif est clair PETROSEN veut devenir opérateur à part entière, en s’appuyant sur l’expérience acquise dans les projets GTA et Sangomar, pour conduire elle-même ses projets et contrôler les bénéfices générés.

Au-delà de Yakaar-Teranga, PETROSEN déploie une stratégie complète. Une enveloppe de 8 milliards FCFA a été prévue pour relancer l’exploration onshore, à la recherche de nouveaux gisements. Dans le même temps, le Réseau Gazier du Sénégal (RGS) va structurer la distribution du gaz vers les centrales, tandis que PETROSEN TS assurera la commercialisation, et la SAR, le raffinage.

“Nous construisons une filière intégrée, 100 % sénégalaise, capable de transformer nos ressources sur place et de créer des milliers d’emplois”, affirme le DG.

Talla Guèye, Directeur général de PETROSEN Exploration & Production, affiche une ambition claire à savoir faire du Sénégal un acteur majeur dans l’exploration et la production d’hydrocarbures. Fort de son expérience internationale dans plusieurs bassins pétroliers du monde, il croit fermement que le projet Yakaar-Teranga représente la meilleure décision stratégique jamais prise par l’État du Sénégal dans ce secteur.

“Avec un investissement limité, nous avons déjà réalisé cinq découvertes de pétrole et cinq de gaz. Imaginez ce que nous pourrions accomplir avec des moyens accrus et une participation nationale forte.”

Selon lui, l’activité est divisée en trois phases : exploration, développement et production-commercialisation. Sur le volet exploration, le Sénégal a foré 200 puits depuis 1960 un chiffre encore modeste comparé à d’autres pays. Mais les résultats sont prometteurs : des découvertes majeures comme Sangomar, GTA et Yakaar-Teranga ont été faites entre 2014 et 2017, en plus de champs plus anciens comme Gadiaga ou ceux de Casamance.

“Le message que je veux faire passer est simple : avec peu, nous avons trouvé beaucoup. Imaginez avec davantage.”

Talla Guèye rappelle que les anciennes formules de contrats limitaient la participation sénégalaise à 10 ou 18 %, comme dans le cas de Sangomar. Une approche dépassée selon lui. “Il faut maintenant qu’on fasse notre propre exploration. Nous savons le faire. Et ce que nous ne savons pas, nous irons le chercher, partout où cela se trouve.”

Appel à l’épargne sénégalaise

Le DG estime que les champs comme Yakaar-Teranga ou SNE doivent rester la propriété du Sénégal. Contrairement aux mégaprojets contrôlés par des opérateurs étrangers, ces ressources peuvent être développées avec une pleine souveraineté. Et surtout, grâce à un financement innovant la participation directe des Sénégalais, pour couvrir un besoin de financement estimé à 2 400 milliards FCFA.

Yakaar-Teranga peut être le début d’une nouvelle ère. Un projet qui appartiendra au peuple sénégalais, financé par les Sénégalais, pour les Sénégalais.”

Contenu local et transfert de compétences : “notre vraie richesse”

Pour Talla Guèye, le contenu local est la clé du développement durable du secteur. Il rappelle que capter 10 % de contenu local sur un projet peut rapporter davantage à l’économie nationale que la seule part des revenus pétroliers. “Le vrai dividende, c’est l’emploi, la compétence, la sous-traitance locale.”

Expertise Locale confirmée

Il cite l’exemple du champ Gadiaga Sadiaratou, développé principalement par des Sénégalais : “Quand la volonté y est, nous savons faire. Le plus important, c’est de savoir ce que nous savons faire et ce que nous devons apprendre.”

L’objectif de PETROSEN est clair. C’est se positionner désormais sur les projets pétroliers du Sénégal non pas en tant que simple gestionnaire du portefeuille de l’Etat et de ses participations dans les différents projets, mais de jouer pleinement sa mission d’entreprise pétrolière chargée de trouver et de développer des projets pétroliers et gaziers au Sénégal. Pour réussir cette mission qui demande des moyens colossaux, Petrosen compte sur la mobilisation financière domestique. Ce qui ouvre des perspectives importantes pour les investisseurs sénégalais.

Yanda Sow

 

 Sénégal-Audit : Plus de 60 ans d’opacités   dans l’octroi des titres miniers

Révélés lors d’un atelier à Somone par le Mininistre de l’Energie, du Petrole et des Mines(MEPM) M Birame Souleye Diop, les résultats d’un audit couvrant plus de soixante ans mettent en lumière les dérives profondes dans la gestion des permis miniers. Le gouvernement promet une réforme radicale du secteur.

Le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, a levé le voile sur une situation alarmante dans le secteur minier sénégalais. Devant les journalistes l’AJTREPE, il a présenté les premiers résultats d’un vaste audit sur la délivrance des titres miniers de 1959 à nos jours, expose les premiers résultats d’un audit inédit portant sur la délivrance des titres miniers au Sénégal, de 1959 à nos jours.

Le constat est sans détour, le secteur est gangrené par des pratiques clientélistes, des irrégularités administratives et un système de contrôle quasi inexistant. « Nous avons trouvé une situation marquée par l’anarchie », déclare Birame Diop. « Comment comprendre qu’une même personne puisse détenir plus de dix permis, ou qu’un titre soit délivré le jour même de la demande ? »

Depuis sa prise de fonction, le ministre dit avoir refusé de délivrer de nouveaux titres. Il a préféré attendre les conclusions de l’audit pour établir un état des lieux précis. L’examen a mis au jour de nombreux cas de doublons, de non-respect des procédures légales et de délivrances de permis sur des périmètres déjà attribués.

Un secteur sous pression

Selon le ministre, ces dysfonctionnements ont été favorisés par une administration perméable aux influences extérieures et peu soucieuse des règles en vigueur. Jusqu’à récemment, un seul agent pouvait instruire un dossier. Désormais, ils sont vingt-deux à le faire, de manière collégiale. « Je n’interviendrai plus jamais dans une instruction de dossier », insiste-t-il.

Dans un contexte où le secteur minier est vu comme un levier potentiel de croissance pour le Sénégal, le gouvernement entend remettre de l’ordre. Une période de régularisation de trois mois a été ouverte. Durant cette phase, les activités minières ne seront pas suspendues, mais les dossiers non conformes seront définitivement rejetés. Des journées portes ouvertes sont également prévues pour expliquer au public les règles encadrant le secteur.

Un audit accablant

Le directeur général des Mines et de la Géologie, Ibrahima Gassama, a complété les propos du ministre. Sur les 513 titres examinés, près de 94 % (481) seraient irréguliers s’ils étaient évalués à l’aune des trois codes miniers successifs notamment ceux de 1988, 2003 et 2016. Certains titres, plus étonnamment encore, ne figurent dans aucun registre officiel.

Un audit physique du terrain est désormais en cours. Il doit permettre de confronter les données administratives à la réalité. Pour cela, une équipe composée de géologues, d’environnementalistes, de topographes et de juristes sillonne les régions concernées, notamment Thiès, Kédougou, Tambacounda, la Casamance, et bientôt le nord du pays.

Les premiers constats sont édifiants : exploitation illégale, non-respect des périmètres autorisés, sous-déclarations douanières, spéculation sur les titres. À Thiès, certaines entreprises disposant d’un seul permis exploitent jusqu’à six sites, sans les déclarer, puis revendent les matériaux à l’État pour des projets publics. Une fraude à grande échelle, qui échappe depuis longtemps au contrôle de l’administration.

Un tournant pour la gouvernance minière

Autre fait troublant : plusieurs autorisations de petites mines ont été délivrées quelques jours seulement après l’élection présidentielle de 2024. Or, selon la loi, une mine non opérationnelle six mois après l’attribution du titre perd automatiquement son autorisation. Beaucoup de ces projets sont restés lettre morte, révélant des stratégies purement spéculatives, parfois destinées à lever des fonds sur la base de titres sans activité réelle.

Le gouvernement entend désormais s’appuyer sur une base de données actualisée des titres miniers, associée à une cartographie précise des sites d’exploitation. Cette refonte vise à garantir une meilleure maîtrise du secteur et à optimiser les recettes issues des ressources naturelles. « Si ce secteur est bien encadré, il peut générer des revenus considérables pour l’État », affirme le ministre.

Ce tournant dans la gouvernance minière sénégalaise intervient alors que les pressions se multiplient, tant de la part des communautés affectées par les activités extractives que des organisations internationales de transparence.

Yanda Sow

Ressources Extractives : La Transparence au cœur des débats avec les journalistes de l’AJTREPE

L’atelier organisé par le Ministère de l’Energie du Petrole et des Mines et l’Association des Journalistes pour la Transparence dans les Ressources Extractives et la Préservation de l’Environnement (AJTREPE), tenu à Somone, a réuni journalistes, autorités et acteurs du secteur extractif autour d’un objectif commun : renforcer la transparence et l’accès à l’information dans l’exploitation des ressources naturelles du Sénégal.

Le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, présent à l’ouverture des travaux, a salué l’initiative et réaffirmé l’engagement de l’État. « L’exploitation des ressources naturelles doit se faire dans la transparence, dans l’intérêt exclusif du peuple sénégalais », a-t-il déclaré. Il a également souligné l’importance d’un partenariat actif avec les médias, estimant que « l’information sur les projets pétroliers, gaziers et miniers doit être accessible, pédagogique et fiable pour éviter les malentendus et les suspicions. »

Le président de l’AJTREPE a, pour sa part, rappelé le rôle central que joue la presse dans la gouvernance des ressources extractives. « Les journalistes doivent être des relais crédibles entre les citoyens, les décideurs publics et les industriels », a-t-il affirmé. Il a également plaidé pour un accès élargi à l’information et une plus grande ouverture des structures étatiques et des entreprises du secteur. « Nous devons pouvoir disposer des documents comme les contrats, les rapports environnementaux et les données de production. »

Parmi les recommandations formulées par l’AJTREPE figurent la désignation de points focaux presse dans les agences techniques, une meilleure ouverture des entreprises extractives aux médias, et le renforcement des capacités des journalistes, notamment ceux exerçant dans les régions.

Le ministre a salué ces propositions, indiquant que « des efforts ont déjà été entrepris, notamment avec la publication régulière des rapports de production du champ de Sangomar et l’exportation récente de la première cargaison de gaz naturel liquéfié dans le cadre du projet GTA. »

Le président de l’AJTREPE a également suggéré la création d’un prix d’excellence journalistique dans le domaine des ressources extractives, pour encourager une couverture professionnelle, rigoureuse et engagée.

Cette rencontre a été saluée par les participants comme un moment fort de dialogue entre les médias et les institutions publiques. Elle marque une nouvelle étape dans la consolidation d’une gouvernance inclusive, responsable et transparente du secteur extractif sénégalais.

Yanda Sow

 

 

Sangomar : 3,8 millions de barils commercialisés

Le rapport de production du champ pétrolier de Sangomar fait état de bonnes performances au cours des dernières semaines, avec l’enlèvement et la commercialisation de quatre cargaisons de pétrole brut, a appris l’APS de source officielle.

Les cargaisons concernées (SAN027, SAN028, SAN029 et SAN030) représentent un volume total de 3,8 millions de barils exportés sur le marché international. Les prévisions de production pour l’année 2025 restent maintenues à environ 30,53 millions de barils, selon le document consulté par l’APS.

Concernant le projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA), la première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL), identifiée sous le code GTA_2025_001, a été entièrement chargée le 15 avril dernier. Elle représente un volume total de 163 259 mètres cubes, soit l’équivalent de 3,71 millions de MMBtu. Cette opération marque une étape importante dans le développement du projet GTA et positionne le Sénégal et la Mauritanie comme nouveaux pays exportateurs de GNL, souligne le rapport.

Les opérations de mise en service des installations se poursuivent, en vue d’une montée en puissance progressive de la production.

Pour ce qui est du champ gazier de Gadiaga, situé dans la région de Thiès, un volume total de 548 078 normaux mètres cubes (Nm³) de gaz naturel a été commercialisé au premier trimestre 2025. La production pour le mois d’avril est estimée à 219 809 Nm³, selon les chiffres communiqués.

Yanda Sow

Sénégal : Tension dans la distribution de l’essence pirogue : le Ministère agit et précise

Ces derniers temps, il a été fait état d’une indisponibilité de l’essence pirogue dans certains quais de pêche du pays. Selon le Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, la situation de tension résulte d’un cumul de facteurs, dont les activités de maintenance.

La Cellule de Communication et des Relations publiques, dans un communiqué ajoute que la forte hausse de la demande durant la période de campagne des pécheurs a également mis à rude épreuve la chaîne logistique de distribution.

Le document précise que « le produit est disponible au niveau du dépôt principal de Senstock en quantité suffisante ». Toutefois des mesures sont prises pour pallier ces tensions. Il s’agit de « la été mise en place d’un dispositif de suivi renforcé entre le Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines, la SAR, PETROSEN, Senstock et les différents distributeurs pour le ravitaillement en l’essence pirogue de toutes les zones de pêche ».

Des moyens logistiques additionnelles (augmentation du taux de rotation des camions, extension des horaires de chargement des camions aux dépôts, mobilisation d’autres bras de chargement, communications dynamiques avec tous les acteurs, etc…), ont été mis à contribution « pour adresser les besoins urgents. Toutes les prévisions de chargement de camions citernes d’hydrocarbures sont honorées pour ravitailler les différentes zones où des tensions de stocks sont notées », ajoute le service communication.

Le Ministère rassure : « les équipes techniques restent pleinement mobilisées pour un retour rapide à la normale dans les heures à venir sur toute la chaine logistique de distribution ».

Le Département en charge de l’Energie, du Pétrole et des Mines dit travailler avec les parties prenantes aux fins d’un approvisionnement correct du pays en essence pirogue.

Yanda Sow

Pacte Social- CSTS: Les acquis sociaux des travailleurs de la SENELEC sont non négociables

Le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, a tenu à rassurer les travailleurs sur la préservation de leurs acquis sociaux, ce mercredi à Dakar, à l’occasion de la célébration de la fête du travail organisée avec les agents de son département ministériel. Il a réaffirmé la volonté du gouvernement de maintenir un dialogue social ouvert, tout en réitérant l’engagement de l’État à défendre la souveraineté économique du pays.

Cette déclaration fait suite à l’intervention du Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (CSTS), Habib Haïdara, qui a exprimé les préoccupations des travailleurs face aux réformes institutionnelles en cours. « La CSTS réaffirme sa volonté de participer aux réflexions de manière constructive, mais elle rappelle que la préservation des intérêts sociaux des travailleurs ne saurait être négociable », a déclaré M. Haïdara.

Revenant sur la situation à la SENELEC, le syndicaliste a salué les performances de l’entreprise, tout en exigeant le paiement de l’Indicateur Global Annuel (IGA) au titre de l’année 2023. Il a aussi mis en garde contre les risques de dérives si les partenaires sociaux ne sont pas impliqués dans la conduite des réformes. « Toute tentative de remise en cause des acquis mettrait en péril le climat social responsable que nous avons toujours su entretenir », a-t-il averti.

En réponse, le ministre Birame Souleye Diop a affirmé que « ce n’est pas sous ce gouvernement que les acquis sociaux seront remis en cause ». Il a souligné l’importance du dialogue et de la concertation avec les partenaires sociaux. « S’il y a aujourd’hui des acquis sociaux qui ont été remis en cause, il faut me le dire. Nous allons immédiatement nous asseoir autour de la table pour discuter et trouver une solution. »

Le ministre a par ailleurs salué les efforts de performance réalisés par la SENELEC et réitéré la volonté du gouvernement de renforcer la société nationale. « Ce n’est pas sous le règne du président Bassirou Diomaye Faye que la SENELEC sera affaiblie. Nous voulons une SENELEC forte, avec un patrimoine solide et une capacité de production accrue », a-t-il martelé, rappelant le refus de l’État d’adopter le seuil d’éligibilité de 75 millions de dollars proposé dans le cadre des discussions avec certains partenaires étrangers, afin de ne pas fragiliser la société nationale.

Il a enfin souligné que la stabilité sociale constitue un levier essentiel pour la performance et l’efficience de l’action publique, et appelé à une synergie entre administration, syndicats et partenaires pour relever les défis économiques du Sénégal dans un esprit de souveraineté.

Yanda Sow